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La fin de l'éthique est-elle le bonheur terrestre ?

Publié le 03/03/2004

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 » (1141a20). De par son aspect humain trop humain, la prudence ne saurait rivaliser avec la sagesse. Elle serait toutefois la vertu par excellence de l'homme à défaut d'être l'excellence dans la vertu. L'homme se trouve ainsi pris dans le feu croisé d'une pluralité d'objets. Que faut-il viser, la sagesse ou la « phronésis » ? Cruel dilemme, car désirer la sagesse, n'est-ce pas en définitive se condamner au désespoir ? Il n'est pas permis à tous d'être un Anaxagore ou un Thalès et d'acquérir un savoir divin, mais inutile à l'homme. Désira-t-on alors la prudence ? Elle est ce qu'il y a de mieux, à défaut du bien absolu. Elle apparaît néanmoins comme la solution de rechange, le médiocre compromis qui, à un être moyen propose un objectif moyen.

« Le Bonheur est le bien absolu"Tous les hommes recherchent d'être heureux, c'est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu'à ceux qui vont se pendre " affirme Pascal dans ses " Pensées ".

En effet, tout homme cherche le bonheur.

Il est ce que chacun désire suprêmement.

Et pour reprendre l'analyse aristotélicienne dans l' " Éthique à Nicomaque ", le bonheur n'est désiré que pour lui-même.

Et à la question "pourquoi être heureux ? ", il n'est pas de réponse sinon une réponse aussi absurde que la question elle-même: " pour être heureux ".

Le bonheur est le souverain bien, le désirable absolu: tout être tend vers son bien; le bonheur étant le bien ultime de l'homme; il est donc la fin de toutes nos actions, de tous nos choix singuliers.

Ainsi, tous les désirs particuliers qui agitent notre existence ne sontque dans l'espoir de l'obtention du bonheur: " Tout ce que nous choisissons est choisi en vue d'une autre chose, à l'exception du bonheur qui est fin en soi. " (idem). La tâche de l'éthique est de rechercher le bien en soi, celui qui est désiré en soi et pour soi.

Or, de tous les biens que je puisse désirer, un seul a une perfection absolue et peut être désirésans devoir être jamais subordonné à un autre bien: c'est le bonheur.

En effet, tous les autres biens, je ne peux les désirer qu'en vue du bonheur.Le bonheur est un droit pour l'homme vertueuxAristote reconnaît expressément au premier livre de l'Éthique à Eudème que la nature même du bonheur exige qu'il soit un bien accessible à tous et n'y met qu'une seule réserve:accessible, certes, le bonheur doit l'être à tous les hommes, à condition qu'ils soient parvenus à la vertu.

[L'unique problème de l'éthique est de savoir comment faire pour mener une vie conforme à la raison, une vie qui permette d'accéder au Souverain Bien.

Seule la vie contemplative du sage y parvient.]Le bonheur terrestre n'est pas une fin en soiL'essence même du Souverain Bien réside dans une activité de la plus parfaite de nos fonctions, donc dans une activité de la pensée.

Ce n'est qu'à titre d'instruments que sont désirables les biens qui procurent le bonheur terrestre.Le Souverain Bien est une activité de l'âme.

De ces instruments de bonheur que sont les biens du corps et les biens extérieurs, le philosophe n'a besoin que par-dessus le marché, simplement dans la mesure où en être privé est,pour l'activité de l'âme, une gêne. Kant: La morale ne promet pas le bonheurDans la Critique de la raison pratique, Kant montre que le bonheur individuel, recherché par tout un chacun suivant ses propres penchants, ne peut être une finalité morale.

La recherche du bonheurpeut fournir des maximes personnelles d'action, mais non des lois à la volonté, même si l'on prend pour finalité le bonheur de tous.

La définition générale du bonheur est subjective, donc variable etchangeante.

On pourrait au mieux en tirer des règles générales, mais jamais des règles universelles (valables toujours et nécessairement), car la base en est l'expérience et ce que l'on en ressent.

Larecherche du bonheur ne peut donc aboutir à une éthique comportant des règles pratiques communes à tout être raisonnable.A la différence de ces éthiques eudémonistes (eudaimonia : bonheur) qui s'en remettent à la subjectivité de chacun pour apprécier le bonheur, la loi morale doit être valable pour toute volontéraisonnable.

La morale repose sur des lois universelles et nécessaires (valables pour tous et que l'on ale devoir de respecter).

A la question que dois-je faire ?, la morale répond : le devoir, etuniquement le devoir.

Le souverain bien n'est pas le bonheur, mais la bonne volonté, c'est-à-dire la bonne intention, désintéressée, l'intention de faire le bien pour le bien, ou encore de faire le bien pardevoir.

Elle repose sur un impératif catégorique ("tu dois parce que tu dois") et non hypothétique ("si tu veux obtenir tel résultat, fais ainsi").

Sans condition, il ne repose sur rien de sensible.

L'actionn'est pas bonne suivant ses résultats, mais bonne en soi quand elle est faite par devoir.

"Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loiuniverselle." Par ailleurs, le devoir commande le respect de la personne, de l'être raisonnable en tant que valeur absolue : l'humanité, que ce soit la sienne ou celle d'autrui, doit toujours êtrerespectée comme une fin absolue, et jamais traitée simplement comme moyen.

Seule cette volonté morale est autonome dans le sens où elle répond à la loi de raison qu'elle trouve en elle (et quiexige de nous plier à l'universalité), et non à des exigences sensibles, naturelles et empiriques, qui nous rendent dépendants, hétéronomes : en ce cas, c'est l'expérience qui commande et non lavolonté rationnelle. Le but ultime, c'est la béatitude de la contemplationLa sagesse pratique commande d'être heureux; mais si elle commande à toute la vie, «comme l'intendante aux esclaves», elle ne lui commande que pour la soumettre à la philosophie: elle règle les détails de l'action quotidiennepour que la philosophie ait le loisir de s'adonner à la contemplation.L'éthique est un chemin vers DieuLe but de la morale, «c'est d'accéder à la forme parfaite de la vie rationnelle.

Cette forme parfaite, c'est la vie contemplative, celle du sage, tout entier consacré à la méditation.

Ici, l'intellect atteint à la pure jouissance de lui-même, ce qui est la perfection de la vie morale.

Le sage qui pense est aussi près de Dieu qu'il est possible, ce qui est le but de l'éthique.. »

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