Devoir de Philosophie

La fin de l'Histoire ?

Publié le 13/02/2004

Extrait du document

histoire

Là commence donc la « fin de l'Histoire «, de cette histoire qui est le fondement et le matériau du système. Fin de l'Histoire? À son propos, signalons deux contresens qu'il importe d'éviter si l'on veut entendre correctement l'hégélianisme. Le premier concerne le jugement politique de Hegel : la « réussite « de l'Allemagne comme moment de pacification administrant les acquisitions de la Réforme, de 1'Aufklarung, de la Révolution française et de l'Empire napoléonien, signifierait que l'Allemagne de l'époque incarne pleinement l'État rationnel ou qu'elle a pour mission, à l'exclusion de toute autre nation, de le réaliser dans un proche avenir.

histoire

« Là commence donc la « fin de l'Histoire », de cette histoire qui est le fondement et le matériau du système.

Finde l'Histoire? À son propos, signalons deux contresens qu'il importe d'éviter si l'on veut entendre correctementl'hégélianisme.

Le premier concerne le jugement politique de Hegel : la « réussite » de l'Allemagne commemoment de pacification administrant les acquisitions de la Réforme, de 1'Aufklarung, de la Révolution françaiseet de l'Empire napoléonien, signifierait que l'Allemagne de l'époque incarne pleinement l'État rationnel ou qu'ellea pour mission, à l'exclusion de toute autre nation, de le réaliser dans un proche avenir.

Il n'en est rien : lanation allemande accomplit – à son tour – sa mission: elle devra bientôt céder la place à quelque autre, si l'onen croit cette règle de la philosophie hégélienne de l'Histoire qui assigne à chaque nation de jouer un rôle et unseul dans le devenir des hommes.

Comme l'Empire napoléonien, la Prusse sera remplacée par quelque nationplus dynamique, jusqu'à ce que, dans le désordre des guerres, s'instaure l'État universel, c'est-à-dire mondial.Celui-ci, toutefois, ne sera pas fondamentalement différent, dans son principe, dans son mode d'organisation,dans son projet de ce que recèle confusément l'État prussien : il y aura un monarque, doué du pouvoir dedécision, un corps de fonctionnaires chargé de déterminer l'intérêt général et des « états » représentant lesintérêts particuliers.

À quelle autre nation Hegel pensait-il pour incarner les «progrès» à venir? Aucuneconjecture, à cet égard, ne paraît sérieuse. Le second contresens porte sur la signification « ontologique » de la formule : fin de l'Histoire.

On peut, eneffet, interpréter celle-ci comme abolition du temps.

L'eschatologie chrétienne admet, certes, que le temps,qui est une créature, a un commencement et une fin et qu'au moment venu, il n'y aura plus de temps.

Unesemblable ontologie n'a aucun sens dans la conception hégélienne.

L'Etre (= l'Esprit), qui est devenir, nesaurait être supprimé.

L'humanité continuera de devenir; mais, au sein de l'État mondial, elle n'« évoluera »plus, en ce sens qu'elle ne créera plus rien de nouveau, qu'elle sera dans la pleine positivité et qu'elle vivradans une société intégralement transparente.

Ce que sera une telle existence, il est également impossible del'imaginer.

A.

Kojéve développe, à ce propos, une séduisante fiction fondée sur l'interprétation du « snobisme »japonais.Quoi qu'il en soit, l'État moderne achève l'Histoire, de même que la Science conclut la Pensée.

L'homme sait,désormais, tout ce qu'il y a à savoir et, par conséquent, très exactement, ce qu'il a à vouloir.

Dans les Leçonssur la Philosophie de l'Histoire, Hegel précise :« Nous n'avons fait que considérer ce développement du concept, ayant dû renoncer à l'agrément de décrirede plus près le bonheur, les périodes de floraison des peuples, la beauté et la grandeur des individus, l'intérêtde leur destinée dans la douleur et la joie.

La Philosophie n'a affaire qu'à l'éclat de l'Idée qui se reflète dansl'Histoire universelle.

Lassée des agitations suscitées par les passions immédiates dans la réalité, la Philosophies'en dégage pour se livrer à la contemplation; son intérêt consiste à reconnaître le cours du développement del'Idée qui se réalise et certes de l'Idée de liberté qui n'est qu'en tant que conscience de la Liberté.« Que l'Histoire universelle est le cours de ce développement et le devenir réel de l'Esprit sous le spectaclechangeant de ses histoires — c'est là la véritable Théodicée, la justification de Dieu dans l'Histoire.

C'est cettelumière seulement qui peut réconcilier l'Esprit avec l'Histoire universelle et la réalité à savoir que ce qui estarrivé et quotidiennement arrive non seulement n'est pas en dehors de Dieu mais encore essentiellement sonoeuvre propre.

». »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles