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La fin justifie t-elle les moyens dans le sport ?

Publié le 25/03/2004

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Est-ce ainsi parce qu'on juge que le fait de gagner à tout prix est illégitime que le dopage le devient par la même occasion ? Jusqu'à présent, nous faisons par ailleurs l'erreur de réduire la « fin » du sport à la victoire. Mais est-ce en effet cela ? La fin du sport n'est-elle pas plutôt une forme d'épanouissement personnel ? De plus, on n'est pas obligé de réduire le sport à la pratique. A l'heure où les clubs de football demandent à être côtés en bourse, la fin du sport est-elle une opération financière ? La fin du sport n'est-elle pas aussi dans le plaisir du spectateur ? On stigmatise ainsi, parfois, les exigences du spectateur, la volonté médiatique de voir des records battus, etc. On fait même parfois de cette fin un des motifs encourageant le dopage... On retombe ainsi sur la question des moyens : toutes ces fins, parce qu'elle sont différentes, mettent en oeuvre des moyens différents.

« KIERKEGAARD, Traité du désespoir , Livre I, chap.

III. « L'homme qui désespère a un sujet de désespoir, c'est ce qu'on croit un moment, pas plus ; car déjà surgit le vrai désespoir, la vraie figure dudésespoir.

En désespérant d'une chose, au fond l'on désespérait de soi et,maintenant, l'on veut se défaire de son moi.

Ainsi, quand l'ambitieux qui dit «Être César ou rien" n'arrive pas à être César, il en désespère.

Mais cela a unautre sens, c'est de n'être point devenu César, qu'il ne supporte plus d'êtrelui-même.

Ce n'est donc pas de n'être point devenu César qu'au fond ildésespère, mais de ce moi qui ne l'est point devenu.

Ce même moi autrementqui eût fait toute sa joie, joie d'ailleurs non moins désespérée, le lui voilàmaintenant plus insupportable que tout.

À y regarder de plus près,l'insupportable, pour lui, n'est pas de n'être point devenu César, mais c'est cemoi qui ne l'est pas devenu; ou plutôt ce qu'il ne supporte point, c'est de nepouvoir pas se défaire de son moi.

Il l'eût pu, s'il était devenu César; mais ilne l'est devenu et notre désespéré n'en peut plus être quitte.

Dans sonessence, son désespoir ne varie pas, car il ne possède pas son moi, il n'estpas lui-même.

Il ne le serait pas devenu, il est vrai, en devenant César, maisil se fût défait de son moi; en ne devenant pas César, il désespère de nepouvoir en être quitte.

C'est donc une vue superficielle de dire d'un désespéré(faute sans doute d'en avoir jamais vu, ni même de s'être vu), comme sic'était son châtiment, qu'il détruit son moi.

Car c'est justement ce dont, à son désespoir, à son supplice, il est incapable, puisque le désespoir à mis le feu à quelque chose de réfractaire,d'indestructible en lui, au moins.

» En poursuivant l'analogie, ce que le sportif ne supporte pas, ce n'est pas simplement le fait de ne pas êtrechampion, mais plus précisément d'être celui qui n'est pas champion.

C'est son « moi » que le sportif ne supportepas, le moi qui n'est pas champion.

Il ne désespère pas d'être champion, mais il désespère d'être lui-même. Le diagnostic de Kierkegaard est terrible.

Mais en même temps, un sportif qui se dope sait qu'il prend des risquespour sa santé, et ne s'empêche pas de le faire pour autant. c) quelle justification pour le dopage ? Ainsi, comment se justifie le dopage ? S'il accroît certes les performances, il ne se justifie certainement pas en revanche par l'amélioration de la santé dusportif, puisqu'il dégrade cette dernière.

Il ne se justifie sans doute que par le fait qu'effectivement, le fait de sedoper est un moyen efficace pour gagner. En soi, le dopage ne se justifie absolument pas, de même que toute tricherie. S'il ne se justifie pas en soi, c'est qu'il se justifie en autre chose, puisqu'il se produit effectivement. Il se justifie donc par la fin à laquelle il mène. Si on estime que la fin justifie les moyens au sens où elle les légitime, cela veut dire que n'importe quel moyen estvalable, du moment qu'il permet de parvenir à la fin. C'est en effet le sens de l'expression : si la fin justifie les moyens, les moyens ne se justifient pas en eux-mêmes.Quelle sont les conséquences de cela ? La valeur d'un moyen n'est pas évaluée en regard du moyen lui-même, maisen fonction de la fin. Or, nous avons convenu que la victoire est une fin légitime.

Par ailleurs, nous avons vu que le dopage se justifiaituniquement par la fin, mais certainement pas en soi (du fait principalement qu'il met en péril la santé des sportifs). Si dans le sport la fin justifie les moyens, il semble alors que le dopage est justifié. TRANSITION : Il semble alors qu'on ne puisse pas dire que dans le sport, la fin justifie les moyens, puisque cela conduirait à justifier le dopage.

Certains moyens apparaissent injustifiables en eux-même, et la fin à laquelle ilconduisent ne doit pas permettre de les légitimer. Mais en même temps, comment la pratique sportive elle-même se justifie-t-elle ? N'est-elle pas une pratique qui sejustifie par la fin à laquelle elle aboutit, qu'il s'agisse par exemple du plaisir que le sport procure, ou dudéveloppement personnel qu'il permet, ou encore de la confiance en soi qu'il développe ? N'est-ce pas la finalité dusport qui justifie le sport ? DEUXIEME PARTIE : Le devoir de faire du sport a) les fins du sport. »

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