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Les fonctions de l'art

Publié le 27/02/2004

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Freud n'a guère précisé le domaine de la sublimation en dehors des activités scientifiques ou artistiques. Dans le Malaise dans la civilisation il semble lui rattacher les activités professionnelles quand elles sont librement choisies. D'autre part, il considère comme une forme de sublimation les formations réactionnelles c'est-à-dire ces barrières élevées contre les pulsions, consolidées pendant la période de latence par l'éducation, mais qui tirent leurs forces de la libido elle-même. Ainsi se forment les traits de caractère : « Ainsi l'entêtement, l'économie, le goût de l'ordre découlent-ils de l'utilisation de l'érotisme anal. L'orgueil est déterminé par une forte disposition à l'érotisme urinaire « (Trois essais, p. 190). Le processus de la sublimation ne nous propose pas seulement une esquisse de caractérologie, mais plus généralement encore de la vie éthique : « C'est ainsi que la prédisposition perverse générale d e l'enfance peut être considérée comme la source d'un certain 'nombre de nos vertus dans la mesure où, par formation réactionnelle, elle donne le branle à leur élaboration «(ibid., p. 190). Cependant le texte principal sur la sublimation reste Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci (1910).

L'art semble dénué de finalités pratiques. Les objets d'art peuvent posséder une fonction précise, mais ce n'est pas elle qui détermine leur caractère esthétique. Doit-on considérer alors que le but de l'art est seulement de plaire, ou au contraire, ne se justifie-t-il que par son utilisation au service d'objectifs définis ?

  • L'ART POUR L'ART

  • ART ET ENGAGEMENT

  • LE BESOIN D'ART

 

« n'est restée que platonique.

Freud cite alors le fameux sourire énigmatique des figures féminines ou masculinesdans les tableaux de Léonard, et même il reprend à son compte la « découverte » de son disciple O.

Pfister quivoyait le contour d'un vautour, symbole de la maternité, dans l'enroulement compliqué du manteau de Mariepenchée sur l'enfant Jésus, telle qu'elle est représentée dans l'admirable sainte Anne du Louvre.Toute cette partie de l'interprétation freudienne a été vivement contestée : la documentation historique estincomplète et surtout l'oiseau du souvenir n'est pas un vautour (Freud a été trompé par la traduction) mais unmilan ; dès lors le rapprochement avec le symbolisme égyptien du vautour n'est plus tenable et il ne peut plusêtre question d'en retrouver l'image dans la sainte Anne du Louvre.

Plutôt que de s'attarder sur la discussiond'un cas individuel, dans des conditions telles que l'interprétation ne peut qu'être hautement hypothétique, ilest plus important de suivre le processus de la sublimation, quelle que soit la valeur historique de l'exemple.

Ceque Freud cherche à expliquer par l'analyse du fantasme d'enfance de l'oiseau (milan ou vautour) est laconjonction exceptionnelle chez Léonard du refoulement et des inhibitions sexuelles d'une part et d'autre partd'une extraordinaire capacité de sublimation.

Dès la première enfance, les pulsions de voir, de savoir semanifestent avec force dans l'investigation sexuelle.

Une autre personne que Léonard n'aurait sans doute pasréussi à soustraire la plus grande partie de ses pulsions sexuelles au refoulement par la sublimation en soif desavoir.

Il aurait pu en résulter soit un dépérissement du travail intellectuel soit une névrose de typeobsessionnel dont quelques traits se retrouvent d'ailleurs dans la biographie de Léonard.

Il semble que, dansson cas, la curiosité sexuelle infantile prédominante se sublima en productions scientifiques et artistiques,cependant qu'une faible part de la libido reste orientée vers un but sexuel, et encore, par suite de la fixation àla mère, sous une forme homosexuelle.Freud reconnaît les limites d'une telle biographie psychanalytique.

Il se défend de vouloir expliquer le génie parla psychopathologie.

Au XIXe siècle une certaine exaltation romantique conduisit à expliquer la supériorité dugrand homme par le trouble mental et des psychiatres en ont fait la théorie.

Mais penser que tous les géniessont fous n'est pas même rassurant pour la médiocrité de l'homme ordinaire, car la réciproque n'est sûrementpas vraie ! Récemment encore des tonnes de papier ont été consacrées aux aspects les plus pathétiques de lavie de Vincent Van Gogh, sans rien nous apprendre sur son art.

Selon une formule rapide mais juste, Van Goghn'a pas peint des chefs d'oeuvre parce qu'il était fou mais contre sa folie.

Depuis Freud, de nombreusesbiographies d'écrivains, d'artistes, de penseurs utilisent plus ou moins bien la psychanalyse et souvent sansrigueur.

Aucun n'a fait avancer en quoi que ce soit, la question débattue depuis Sainte Beuve des rapports dela vie et de l'oeuvre d'un créateur.Il n'y a pas de grand homme pour son valet de chambre, disait Goethe.

Il n'y en a sans doute pas davantagepour son psychanalyste.

Freud est même prêt à reconnaître qu'il a peut-être écrit sur Léonard un « romanpsychanalytique ».

Mais ajoute-t-il : « Après tant d'autres, j'ai succombé au charme émanant du grand eténigmatique Léonard ».

Ce dont la psychanalyse pourrait rendre compte est moins de l'artiste et de son histoireindividuelle, que de l'attrait qu'exerce son oeuvre, attrait plus ou moins étendu, plus ou moins constant, maissur lequel s'appuient nos jugements esthétiques.

Le chef d'oeuvre que l'on dit universel, n'est-il pas celui qui,par les voies les plus simples, est capable d'atteindre les fantasmes les plus profonds de l'humanité ? Lapsychanalyse ne peut sans doute pas se substituer à la critique littéraire ni résoudre l'énigme de la créationartistique ; du moins l'oeuvre d'art, quand elle est mise en rapport avec l'inconscient retrouve-t-elle unesignification proprement humaine, une valeur esthétique permanente, trop souvent oubliées dans la critique descirconstances particulières, historiques et sociales de sa création.

1- "Rien n'améliore autant le caractère que l'étude des beautés, qu'il s'agisse de la poésie, de l'éloquence, de la musique ou de lapeinture." Hume, Les essais esthétiques II. 2- "L'art et ses oeuvres, dans la mesure où elles sont jaillies de l'esprit et produites par lui, sont eux-mêmes de nature spirituelles."Hegel Esthétique. 3- "L'existence est une douleur constante, tantôt lamentable et tantôt terrible; ...

Tout cela, envisagé dans la représentation pure oudans les oeuvres d'art est affranchi de toute douleur et présente un imposant spectacle." Schopenhauer, Le Monde comme volonté etcomme représentation.

(Comprendre que la douleur représentée n'est plus une souffrance). 4- "L'art doit avant tout embellir la vie , donc nous rendre nous mêmes tolérables aux autres...

de plus, l'art doit dissimuler ou réinterpréter tout ce qui est laid, ces choses pénibles, épouvantables et dégoûtantes..." Nietzsche, Humain, trop humain. 5- "C'est à cette mort de l'art que tend chaque oeuvre en visant à tuer toutes les autres." Adorno, Minima moralia. »

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