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Les fonctions de la raison théorique et le contenu de la « Critique de la raison pure ».

Publié le 21/03/2011

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— Une telle enquête suppose nécessairement une première idée des divers facteurs de la connaissance et de ses degrés. Si la Critique n'est pas une psychologie, elle suppose une psychologie. Peut-être même bien des obscurités ou des erreurs de la Critique viennent-elles de l'insuffisance ou du caractère hâtif de cette psychologie sous-jacente. a) Les facteurs de la connaissance. — Quoi qu'il en soit, l'idée directrice qui fournit son plan à la Critique est cette affirmation que la connaissance résulte de trois facteurs et comporte donc trois degrés. Aux sens nous devons la perception des objets ; à l'entendement nous en devons la définition qui les rend intelligibles ; à la raison enfin nous devons la conception de réalités absolues dont la connaissance permettrait l'explication complète et satisfaisante de toute chose. Mais ce n'est encore là qu'une première idée vague qu'il importe de préciser. 1° Les sens et l'entendement. — Rationalistes et empiristes s'accordaient à identifier, de façons d'ailleurs opposées, les sens et l'entendement. Kant au contraire s'applique à les distinguer radicalement comme fonctions de la pensée et à les unir étroitement dans l'œuvre de la connaissance. Toute connaissance commence nécessairement par une intuition. Il faut que quelque objet nous soit donné ; mais pour cela il faut qu'il nous affecte de quelque façon. Or c'est un fait que nous ne pouvons être modifiés, affectés par les choses« qu'autant que nous avons des sens. Toutes nos intuitions ont pour fondement les impressions de la sensibilité ; la pure intelligence n'est touchée de rien, ne perçoit rien. Kant, dès le début de la Critique, tient ainsi pour pleinement évident que toute connaissance commence par des impressions sensibles, que ces impressions sont toutes passives, qu'elles participent plus de notre nature que de la nature des choses, et qu'ainsi elles ne constituent pas par elles-mêmes une véritable connaissance, encore qu'elles soient les conditions de toute connaissance du réel.

« superpose aux données de l'expérience. 1° Les formes « a priori » de la sensibilité.

— Déjà la sensibilité, bien qu'elle soit réceptivité pure, introduit quelquechose d'elle-même dans les représentations qu'elle nous donne des objets.

Cette donnée a priori participenaturellement de la fonction de la sensibilité. La sensibilité est une faculté d'intuition.

Si donc elle introduit dans la représentation des objets quelque chose quine vienne pas du dehors, ce doit être un mode d'intuition, quelque chose qui soit à certains égards objet dereprésentation.

Mais, d'un autre côté, cette donnée pure ne peut pas être une sensation, car la sensation c'estl'affection éprouvée au contact d'un objet et elle vient donc nécessairement du dehors.

Ce qui serait a priori dans lareprésentation, ce ne pourrait donc être que les formes selon lesquelles ces sensations sont ordonnées, ce qui lesramène en quelque façon à l'unité en leur permettant de se rattacher les unes aux autres, le lieu, en un mot, ou lecadre dans lequel elles sont présentées et qui, par suite, est lui-même objet de représentation sans être pourtantobjet de sensation. Or, il n'est pas douteux que toutes nos sensations soient ainsi conditionnées par des intuitions a priori.

D'abordl'existence en est nécessaire à la constitution des perceptions dont les éléments ne peuvent être rassemblés etdevenir ainsi objet de connaissance que dans l'unité d'un certain lieu.

Et en fait l'analyse delà représentation révèlela présence en nous de telles formes pures d'intuition qui sont l'espace et le temps.

On peut démontrer en effet quel'espace et le temps sont des objets d'intuition et non des concepts; et aussi qu'ils sont des intuitions a priori, nefût-ce que par l'impossibilité de les écarter de notre esprit, même en l'absence de toute représentation d'un objetparticulier.

(R.

P., I, 74-79.) 2° Les catégories de l'entendement.

— La fonction de l'entendement est de concevoir, soit qu'il ramène à l'unitéspécifique d'un concept une multiplicité d'intuitions semblables, soit qu'il détermine la nature d'une intuition en luiappliquant pour la définir un concept déjà élaboré.

De toutes façons, l'élaboration et l'application des concepts estla fonction de l'entendement, dont l'acte principal ou unique est le jugement.

Si donc l'action de l'entendementimplique quelque donnée a priori, ce ne peut être qu'un concept ou un système de concepts, c'est-à-dire unensemble de qualifications déterminant la forme de tout objet en général.

Mais ceci demande explication. La plupart de nos concepts, qui sont des prédicats pour des jugements possibles, nous viennent de l'expérience.L'imagination rapproche et rassemble les données éparses de l'intuition sensible : c'est une première synthèse, fautede laquelle rien ne serait connu.

L'entendement définit ensuite en concepts les liaisons ainsi établies par l'imaginationsous l'influence du dehors.

C'est ainsi que nous apprenons que les corps sont pesants ou qu'ils sont colorés.

Maisavant cette synthèse empirique qui prépare et suscite les concepts, il est une synthèse pure ou a priori qui estsuscitée elle-même par des concepts d'origine interne.

Avant d'organiser définitivement et avec précision lesdonnées de l'expérience selon leurs exigences propres, l'imagination les rassemble selon des modes d'unificationvenus de l'entendement.

Les concepts régulateurs des synthèses a priori, encore qu'ils ne puissent pas être pensésdans leur pureté, préexistent aux synthèses qu'ils provoquent et où ils se réalisent et se figurent.

De sorte que toutobjet, de cela seul qu'il est conçu, est d'abord construit et défini à l'aide de certains attributs, toujours les mêmes,d'ailleurs purement formels, auxquels l'expérience seule donnera un contenu déterminé.

Ces concepts purs, ou cesmodes a priori de définition du sensible, Kant les nomme, d'après Aristote, les catégories, c'est-à-dire les modesuniversels et nécessaires d'affirmation ou de prédication. Il a paru à Kant que les lois a priori de l'entendement devaient se faire jour en toutes ses démarches.

Si donc l'onconsidère l'acte essentiel de l'entendement, à savoir le jugement, et si l'on peut montrer que le jugement, quel qu'ensoit l'objet, envisagé dans sa pure forme, révèle et applique toujours certains procédés immuables d'unification oude synthèse, on pourra tenir ces procédés pour constitutifs de l'entendement et y voir les lois selon lesquelles ilorganise les intuitions en concepts En d'autres termes, Kant postule ici deux choses : 1° que les modes constantset nécessaires de la liaison du sujet et.

de l'attribut dans le jugement sont, en raison précisément de leur constanceet de leur nécessité, des modes a priori de synthèse intellectuelle ; 2° que ces modes selon lesquels sontnécessairement liés dans le jugement des concepts préalablement formés sont aussi les modes selon lesquelsl'entendement lie nécessairement les intuitions pour constituer le concept d'un objet. Partant de ces principes et se fondant sur la classification classique des jugements — qu'il rectifie d'ailleurs plus oumoins arbitrairement pour les besoins de sa cause, — Kant arrive à cette conclusion que l'entendement envisagenécessairement toutes choses à quatre points de vue et, à chacun de ces points de vue, les qualifie ou les définitde trois façons différentes.

On peut donc dire à volonté qu'il y a quatre catégories, si l'on réserve ce nom aux pointsde vue généraux d'où l'esprit envisage les choses pour les définir, ou qu'il y en a douze, si l'on étend ce terme auxattributs qui peuvent résulter a priori de l'application de la catégorie générale à tel cas particulier.

Les quatrecatégories générales sont : la quantité, la qualité, la relation, la modalité.

Les concepts dérivés sont : pour laquantité, l'unité, la pluralité, la totalité ; pour la qualité, la réalité, la négation, la limitation ; pour la relation, lasubstance et l'accident, la cause et l'effet, la communauté ou réciprocité d'action ; enfin pour la modalité, lapossibilité, l'existence ou la non-existence, la nécessité ou la contingence.

Affirmer la nécessité des catégories,c'est dire par exemple que toute chose, qu'elle qu'elle soit, doit être conçue comme une, ou comme multiple, oucomme l'unité d'une multiplicité ; donc de toutes façons elle est conçue comme quantité.

De même toute chose estnécessairement conçue comme cause ou comme effet, et, à ce titre, elle est nécessairement conçue comme étanten relation avec d'autres, etc....

Ces prédicats a priori déterminent donc bien, comme nous le disions d'abord, laforme de tout objet possible.

Gomme l'application en est nécessaire, on peut ériger en loi cette nécessité ; et cette. »

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