Devoir de Philosophie

La Fontaine écrit :"Une Morale Nue Apporte De L'ennui / le conte Fait Passer Le Précepte Avec Lui". Partagez-vous La Thèse Du Fabuliste Sur L'efficacité Des Apologues Pour Enseigner Des Leçons.

Publié le 17/01/2011

Extrait du document

fontaine

Dans notre enfance nous avons tous lu les fables de La Fontaine ou les contes de Saint Exupéry. Mais toutes ces œuvres chargées d’émotion, ont-elles traversées les siècles parce qu’elles enseignaient une morale ou parce que leurs personnages et leurs aventures étaient attractives ? Les apologues sont-ils un meilleur moyen d’enseigner que les essais, véritables puits de connaissances écrits sans aucune figure de style? La Fontaine écrit : « une morale nue apporte de l’ennuie/Le conte fait passer le précepte avec lui «. Selon lui l’enseignement doit se faire de manière subtile et imagée. Nous allons donc voir dans un premier temps, l’argumentaire qui s’oppose à cette thèse. Puis celui en faveur de La Fontaine.

Dans son livre « Emile « Jean-Jacques Rousseau s’est beaucoup intéressé à l’éducation des enfants. Il précise les préceptes qui protégeraient le plus longtemps possible l’enfant.  Dans le livre IV, il explique que les fables de La Fontaine ne peuvent être enseignées à l’enfant avant qu’il ne soit en capacité de les comprendre. Il ne s’agit pas d’une condamnation sans appel des fables, mais pour Rousseau, il y a un danger à faire apprendre les fables à des enfants qui sont dans l’incapacité d’en comprendre la morale. Cette analyse est tout à fait justifiée car par exemple dans « le Corbeau et le Renard « de La Fontaine, un enfant s’identifiera plus facilement au renard qui arrive à ses fins pourtant avec des méthodes peu scrupuleuses. Dès lors les fables donnent une image de la société plutôt négative et comme le dit  Rousseau : « Le plus odieux de tous les monstres serait un enfant avare et dur, qui saurait ce qu’on lui demande et ce qu’il refuse. Et il y a fort à penser que dans ce cas l’enfant adhère à la loi du plus fort sans plus porter d’intérêt aux plus faibles.

Un autre argument vient critiquer les apologues : Peut-on traiter de sujets sérieux sur un ton désinvolte et enfantin comme dans la fable ? Il est vrai que lorsqu’on lit un conte philosophique notre attention est accaparée par les aventures des personnages. Le danger n’est pas de s’en tirer aux sujets (personnages animaux) et d’en oublier le précepte que l’auteur veut faire passer. Exemple le « Petit Prince ou Le vieil homme et la mer « de Ernest Hemingway. En effet dans le « Pouvoir des Fables « La Fontaine nous dépeint l’esprit humain comme un esprit léger et enfantin.

Enfin, certains pensent qu’à cause de l’évolution de la société les apologues ont été relégués à un pur enseignement scolaire. Pourtant à l’origine les apologues avaient un rôle de contre-pouvoir, où les écrivains utilisaient des personnifications d’animaux pour échapper à la censure. Par exemple la fable « La Génisse, La Chèvre et la Brebis en société avec le Lion « critique le pouvoir politique qui avec les taxes et les impôts s’accaparaient toutes les richesses des plus pauvres.

Le premier argument qui défend les apologues est qu’ils contournent la difficulté de la philosophie, discipline réservée à des initiés en l’adaptant à un plus large public. Ainsi on sait que La Fontaine écrivit ses fables pour former l’esprit du Dauphin aux choses de la vie et à avoir une première idée de l’art d’écrire. Sans doute, l’intelligence des fables lui ont appris bien plus. Car la fable possède l’avantage d’avoir la plupart du temps une morale clairement définie. Dans le conte philosophique même si la thèse de l’auteur reste obscure, en raison du récit qui accapare l’attention du lecteur, on peut la découvrir dans la préface ou dans l’épilogue.

Nous avons pu voir que l’épilogue s’adapte à la compréhension du lecteur. Mais ce qui joue aussi sur leur popularité, c’est leur incroyable modernité. Trois siècles après leur publication les fables de La Fontaine sont encore au goût du jour. Ils restent gravés dans la mémoire de chacun comme patrimoine culturel. Les fables de La Fontaine sont apprises par tous dès le plus jeune age parfois même interprétées au théâtre où tout le monde s’identifie aux protagonistes. Mais une fois déchiffrées par adultes les fables deviennent de puissants moyens d’argumentation.

 Enfin, découvrons quelle est l’attirance qu’exercent les apologues. En effet ils présentent un atout de taille : ils plaisent Le lecteur peut être séduit par le récit et sera donc plus receptif au message que l’auteur cherche à lui transmettre. Le lieu de l’action permet de rendre le récit attrayant. Ainsi Voltaire dans « Candide « varie les lieux et au fil des pages le lecteur a l’impression de voyager

Aussi l’apologue séduit le lecteur en créant et en faisant évoluer des personnages attachants qui nous séduisent. C’est le cas  des animaux des fables de La Fontaine ou de l’enfant dans le « Petit Prince «. De plus la fiction peut également plaire par la diversité des registres qu’elle propose comme le rire  par exemple Candide utilise l’humour et la dérision quand Candide se fait fesser

On peut donc dire que l’apologue constitue un bon moyen d’argumentation mais n’est nécessairement pas le meilleur. En effet l’apologue présente l’avantage de séduire le lecteur, il est moderne et facile à comprendre. Cependant, il y a des risques de mauvaises interprétations, à  vouloir insuffler trop de légèreté l’apologue manque sa cible. Aussi suivant le public visé l’auteur choisira plutôt le conte la fable ou l’essai pour faire passer ses préceptes.

Liens utiles