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FONTENELLE: La « Pluralité des mondes » et les « Eloges »

Publié le 26/05/2011

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C'est Cydias qui a écrit les Dialogues des morts. C'est lui encore qui va écrire les Entretiens sur la pluralité des inondes ; mais, cette fois. en appliquant à l'exposé des idées scientifiques le style précieux et le langage des salons, il compose une oeuvre originale et qui fait date. L'auteur suppose des entretiens avec une dame de qualité : J'ai mis dans ces entretiens une femme que l'on instruit, et qui n'a jamais ouï parler de ces choses-là. J'ai cru que cette fiction me servirait à rendre l'ouvrage plus susceptible d'agrément, et à encourager les dames, par l'exemple d'une femme qui, ne sortant jamais des bornes d'une personne qui n'a nulle teinture de science, ne laisse pas d'entendre ce qu'on lui dit, et de ranger dans sa tête, sans confusion, les tourbillons et les mondes. Sous cette forme facile et agréable, Fontenelle ne présente rien de moins que le système tout entier du monde tel qu'on le concevait en son temps. La science, qui jusque-là était le monopole des savants, devient ainsi accessible à tous. La Pluralité est le premier ouvrage de vulgarisation scientifique.

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« Partisan du progrès, Fontenelle sait qu'il est essentiel qu'il soit partagé par le plus grand nombre.

C'est dans cetteperspective qu'il souhaite faire partager au public cultivé mais non spécialiste les acquis scientifiques, en particulierdans le domaine de l'astronomie.

C'est le propos de ses Entretiens sur la pluralité des mondes, dans lesquels il entreprend de décrire le système solaire et d'expliquer les théories de Copernic en les vulgarisant. Il s'y met lui-même en scène, en compagnie d'une charmante personne, la marquise de G.

Au cours de six bellessoirées d'automne, il se promène avec elle dans le parc de sa propriété, sous le ciel étoilé, et lui enseigne le secretdes étoiles. Il lui faut avant tout, comme le réclame la marquise, donner de l'attrait à son sujet: «Selon moi, il n'y a pasjusqu'aux vérités à qui l'agrément ne soit nécessaire, — Hé bien, reprit-elle, puisque votre folie est si agréabledonnez-la-moi ; je croirai sur les étoiles tout ce que vous voudrez pourvu que j'y trouve du plaisir.» (Premier soir) C'est ainsi que Fontenelle, pour plaire à la marquise et au lecteur qu'elle incarne, va émailler ses leçons de proposgalants et badins.

Il s'efforce enfin d'user d'images familières à son élève : «[...] je me figure toujours que la nature est un grand spectacle qui ressemble à celui de l'Opéra.

Du lieu oùvous êtes à l'Opéra, vous ne voyez pas le théâtre tout à fait comme il est ; on a disposé les décorations et lesmachines pour faire de loin un effet agréable, et on cache à votre vue ces roues et ces contrepoids qui fonttous les mouvements.» (Premier soir) En ayant recours à la métaphore de l'opéra, Fontenelle poursuit au moins deux objectifs : le premier est de fairecomprendre à la Marquise que nous voyons le monde autrement qu'il n'est ; ce qui apparaît au spectateur d'unepièce n'est qu'une représentation qui masque la réalité des coulisses : «[...] qui verrait la nature telle qu'elle est, ne verrait que le derrière du théâtre de P Opéra.» (Premier soir) À partir de là, Fontenelle expose le second point de sa démonstration : ce que nous voyons du ciel, eirlparticulier les visions merveilleuses que nous avons des astres, ne doit pas nous masquer le fonctionnementscientifique et mécanique de l' univers : «On veut que l'univers ne soit en grand que ce qu'une montre est en petit, et que tout s'y conduise par desmouvements réglés qui dépendent de l'arrangement des parties.

Avouez la vérité.

N'avez-vous pas euquelquefois une idée plus sublime de l'univers et ne lui avez-vous point fait plus d'honneur qu'il ne méritait ?» (Premier soir) 2.

UN PLAIDOYER POUR LE PROGRÈS Les Entretiens sur la pluralité des mondes ne sont pas uniquement un brillant traité de vulgarisation.

Fontenelle y expose aussi, dans les leçons qu'il donne sur l'univers, ses idées sur la connaissance, la science et le progrès. Le premier de ses soucis, celui que l'on retrouve dans l'Origine des fables ou l'Histoire des oracles, est de combattre l'obscurantisme en dénonçant l'irrationnel.

Expliquer le fonctionnement scientifique de l'univers participe de ce projetet c'est à dessein qu'il emploie, dès le premier soir de ses Entretiens, la métaphore de l'Opéra : il lui faut convaincre la marquise que les phénomènes célestes n'ont rien de merveilleux mais qu'ils obéissent au contraire à des loisscientifiques : «Assez de gens ont toujours dans la tête un faux merveilleux enveloppé d'une obscurité qu'ils respectent.

Ils n'admirent la nature que parce qu'ils la croient une espèce de magie où l'on entend rien ; et il est sûr qu'une chose est déshonorée auprès d'eux dès qu'elle peut être conçue.» Fontenelle, dans la lignée de Descartes et en vrai précurseur de la philosophie des Lumières, souhaite uneconnaissance et une morale fondées sur la raison et sur des faits réels et avérés.

Il se montre ainsi méfiant à l'égardde certaines spéculations métaphysiques. La vraie science au contraire est susceptible d'ouvrir infiniment l'avenir de l'homme.

Le second soir des Entretiens est une véritable profession de foi dans le progrès : emporté par l'enthousiasme, Fontenelle va jusqu'à imaginer queles hommes pourront un jour aller sur la lune : «L'art de voler ne fait encore que naître ; il se perfectionnera, et quelque jour on ira sur la lune.

Prétendons-nousavoir découvert toutes choses, ou les avoir mises au point qu'on n'y puisse rien ajouter ? Eh ! de grâce, consentons. »

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