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Y a-t-il une force des idées ?

Publié le 09/01/2006

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En ce sens d'abord que l'adaptation du principe au monde, de la conscience de la liberté à la réalité concrète, qui est par essence la tâche historique « exige un long & pénible effort d'éducation ». « L'histoire universelle n'est pas le lieu de la félicité. Les périodes de bonheur y sont des pages blanches : car ce sont des périodes de concorde auxquelles font défaut l'opposition. » Si Kant, en effet, accordait une certaine positivité au conflit social, comme moteur de l'évolution, Hegel va plus loin, en légitimant en quelque sorte la violence révolutionnaire. C'est en effet par la violence que l'on passe d'un stade déterminé de la conscience de la liberté et de la forme d'État qui lui correspond à un stade plus développé. Or chaque peuple incarne un moment de ce processus : « L'esprit d'un peuple est un esprit déterminé [...] selon le degré historique de son développement. » La violence peut prendre la forme d'une guerre pour l'hégémonie : « L'idée générale, la catégorie qui se présente d'abord dans ce changement sans trêve des individus et des peuples qui existent un temps puis disparaissent, c'est en général la transformation. La vue des ruines d'une magnificence antérieure, nous conduit à saisir cette transformation par son côté négatif. [.
HTML clipboard Analyse du sujet.  • Par force, on entend en général une puissance d'action : puissance physique en tant qu'elle est capable de produire un effet matériel ; puissance morale en tant qu'elle est capable de contraindre.  • La notion d'idée se comprend au sens large comme représentation mentale. Au sens strict, l'idée est la production de l'esprit résultant de l'action de concevoir.  Identification de la problématique.  S'il existe une « force des idées «, c'est sur un plan moral et par analogie avec la puissance physique qu'il faut comprendre celle-ci. Il convient alors de s'interroger sur la nature des effets que peut produire une idée. De quoi les idées sont-elles capables ? D'un côté, on ne change pas le monde avec de simples idées. Mais il faut reconnaître aussi que certaines idées (le message chrétien, les idéaux révolutionnaires) ont fini par prendre corps et par transformer les conditions d'existence des hommes. Jusqu'à quel point les idées peuvent-elles modifier durablement le réel ?


« Descartes fait un récit des études qu'il a suivies dans l'éminent collège de la Flèche (aujourd'hui le Prytanée La formule exacte qui figure dans les «Leçons sur la philosophie de l'histoire »(1837) est : « L'histoire universelleprésente le développement de laconscience qu'a l'esprit de la liberté, et de la réalisation produite par une telleconscience.

»Dans ce texte formé de notes de cours, Hegel signe la première grandephilosophie de l'histoire, en prétendant montrer que l'ensemble du passéhumain n'est pas livré au hasard, mais présente une rationalité et unenécessité que l'on peut ressaisir.Progressant dans la voie ouverte par Kant, Hegel propose une sorte derévolution en faisant de l'histoire un des objets centraux de la philosophie.Aristote affirmait dans la « Poétique » : « La poésie est plus philosophique etplus noble que la chronique.

» En effet, selon lui, alors que l'auteurdramatique construit une intrigue cohérente et logique, l'historien décrit cequi se passe effectivement, et qui semble livré à la contingence.

Contre cettevision traditionnelle, Hegel, plus encore que Kant, tente de saisir l'histoirecomme digne de l'étude philosophique, c'est-à-dire comme rationnelle.Hegel affirme d'entrée de jeu : « La seule idée qu'apporte la philosophie estcette simple idée que la raison gouverne le monde, et que par suite l'histoireuniverselle est rationnelle.

» La scène du monde ne présente pas un chaosd'événements livrés au hasard et au caprice ; elle est rationnelle, ce qui signifie aussi que les événements, les guerres, etc.

sont gouvernés par la nécessité.

« De l'étude de l'histoireuniverselle même doit résulter que tout s'y est passé rationnellement, qu'elle a été la marche rationnelle, nécessairede l'esprit universel.

»Cette nécessité est pour Hegel le développement de la conscience de la liberté et sa réalisation au sein de l'Etat.

«L'histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté, progrès dont nous avons à reconnaître lanécessité.

»Qu'est-ce à dire ? Ce qui caractérise l'homme, l'esprit, est la liberté.

L'histoire est le temps nécessaire pour que,d'une part l'homme prenne conscience de cette liberté, pour que l'esprit parvienne à la connaissance que : «L'homme en tant qu'homme est libre », et que, d'autre part, cette connaissance se concrétise dans le monde, sedonne la forme politique qui lui correspond.

Ainsi Hegel propose-t-il une périodisation de l'histoire humaine, où l'Idéede liberté, présente dès le départ, se déploie, s'éprouve et se réalise.« Les Orientaux ne savent pas encore que l'esprit ou l'homme en tant que tel est en soi libre ; parce qu'ils ne lesavent pas, ils ne le sont pas ; ils savent uniquement qu'un seul est libre [...] Cet unique n'est donc qu'un despoteet non un homme libre.

»Cela signifie d'une part que l'Idée de liberté, même sous forme unilatérale et frustre (un seul est libre), est présentedès le départ, mais, de plus, que la conscience détermine l'être : ne pas se savoir libre, c'est ne pas pouvoir l'être,et qu'enfin à toute conscience de la liberté correspond une forme politique adéquate, ici le despotisme.Selon le déploiement de la conscience de la liberté, chez un autre peuple se manifestera une phase plus haut, plusdéveloppée de l'Idée de liberté.« Chez les Grecs s'est d'abord levée la conscience de la liberté, c'est pourquoi ils furent libres, mais eux, aussi bienque les Romains, savaient seulement que quelques-uns sont libres, non l'homme en tant que tel.

Cela même Platon &Aristote ne le savaient pas ; c'est pourquoi [...] les Grecs ont eu des esclaves desquels dépendaient leur vie maisleur belle liberté.

»Cette phrase implique d'autres conséquences, aussi essentielles.

La philosophie est fille de son temps.

Ainsi mêmedes philosophes aussi prestigieux que Platon et Aristote ne pouvaient « sauter par-dessus leur temps » etcomprendre que l'homme en tant qu'homme est libre.La philosophie ne fait que tirer au clair, rationaliser, comprendre la nécessité et les failles de ce qui est.

On nesaurait condamner plus fermement le mépris du présent et les créations d'Utopie.

mais on commence aussi àcomprendre ce qui fait passer d'une phrase à une autre de l'histoire : c'est la contradiction qui se manifeste dans laconscience que les hommes ont de la liberté, et par suite, dans la forme étatique qui en résulte.

Ainsi la belle libertégrecque, cette forme unique qu'est la « polis » se voit dépendante des esclaves, c'est-à-dire de son contraire : laservilité.En fin c'est dans le christianisme qu'émerge la conscience que « l'homme en tant qu'homme est libre, que la libertéuniverselle constitue sa nature propre ».

Cependant cette connaissance reste d'abord confinée dans la sphèreintime de la religion (par exemple l'esclavage ne disparaît pas).

La tâche politique moderne est de transformer cetteconscience en réalité, c'est-à-dire de la prendre pour fondement de l'ordre juridique et étatique (comme laRévolution française a tenté de le faire, en ^laçant la liberté et l'égalité pour fondements de son régime).

Ainsi, «Cette application du principe aux affaires du monde, la transformation et la pénétration par lui de la condition dumonde, voilà le long processus qui constitue l'histoire elle-même.

» On comprend dès lors, en partie, pourquoi « L'histoire présente le développement de la conscience qu'a l'esprit, etde la réalisation produite par une telle conscience.

»On peut déduire de tout cela deux points centraux.• D'abord, la philosophie de Hegel est idéaliste.

Non pas au sens trivial (selon lequel serait idéaliste celui qui auraitdes idéaux) ; bien au contraire, cet idéalisme est méprisé et dénigré par Hegel.

Mais au sens vrai : c'est laconscience qui est première et qui détermine l'être.

L'idée de liberté est première et la tâche historique est d'abordle déploiement de sa forme initiale et unilatérale jusqu'à sa vérité, ensuite sa réalisation concrète dans le monde.. »

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