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FORMATION DES MONDES ET EN PARTICULIER DU MONDE TERRESTRE. — THEORIE DES METEORES - Lettre à Pythoclès (EPICURE)

Publié le 19/03/2011

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theorie

Formation des mondes. — Les hommes s'étonnent que le monde existe ; ils sont impuissants à trouver de ce fait aucune explication naturelle ; aussi en cherchent-ils la cause dans l'action d'êtres mystérieux et merveilleux, les dieux. La vraie manière d'anéantir la crainte des dieux est de fournir à l'esprit des hommes une explication naturelle de l'existence du monde.    Qu'il existe des choses, des corps, une matière, rien n'est plus aisé à comprendre; il n'est point nécessaire de faire appel à une prétendue création ; il suffit de se rappeler que la matière est permanente, éternelle.    Est-ce donc le mouvement de la matière, qui nous tiendra en suspens et nous fera soupçonner quelque mystère inquiétant? Mais le mouvement n'a rien qui doive nous étonner, puisqu'il s'explique bien simplement par deux causes dont nous avons l'expérience à chaque instant du jour : d'une part, la pesanteur, que nous sommes habitués à retrouver agissante sur tous les corps que nous manions, sur les membres mêmes de notre propre corps ; d'autre part, la déclinaison, avec laquelle notre conscience intime nous familiarise à chacun de nos mouvements, à chacune de nos pensées.   

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« d'atomes ronds, qui glissent facilement les uns sur les autres ; elle s'est rassemblée dans les creux de la terre ;enfin l'air, formé d'atomes qui se choquent sans cesse et se renvoient dans toutes les directions, a occupé l'espaceintermédiaire entre le ciel et la terre.

Ainsi s'explique naturellement la succession de l'ordre au désordre, par unesérie de chocs, se poursuivant au hasard dans tous les les sens. C'est donc mécaniquement, et sans autre direction que celle de la Fortune aveugle, que se sont formés, que seforment encore aujourd'hui pt ne cesseront pas de se former les mondes innombrables dans l'univers infini.

Si deshommes crédules s'obstinent à s'émerveiller de la beauté singulière du monde terrestre où nous vivons, qu'ilsn'oublient pas que parmi les combinaisons infinies qui se produisent dans le temps et dans l'espace, il n'est pasétonnant qu'il s'en trouve quelques-unes qui soient assez heureuses.

Le hasard dispose d'un nombre infini d'atomes,d'un temps infini, d'un espace infini : comment ne réussirait-il pas par ses seules forces à donner naissance à unmonde où la vie et la pensée soient possibles ? Peut-être y a-t-il des mondes encore mieux ordonnés que le nôtre.

Ilest même probable qu'il y en a, quelque part dans l'univers infini, quelques-uns où précisément s'est retrouvée lacombinaison d'atomes qui est la nôtre, et où des êtres identiques à nous-mêmes en ce moment font les mêmesgestes et conçoivent les mêmes pensées que nous. Toutes les variétés imaginables doivent se trouver dans les mondes ; les uns doivent être sphériques, d'autrescubiques, d'autres en forme d'ellipses, etc... Au reste, bien que ce monde ne soit pas un chaos, il est visible que les choses n'y sont pas ordonnées pour le plusgrand bien de l'espèce humaine.

Le globe terrestre est peu habitable : les glaces couvrent les pôles ; une chaleurtorride des sèche la zone équatoriale; les zones tempérées sont presque entièrement envahies par les mers.

Presquetout ce qui émerge de terre est marécage, désert, rocher aride ou montagne.

Sur les terrains, où il peut séjourner,l'homme est contraint, pour se procurer les aliments nécessaires, de peiner sur le dur hoyau.

Et quand, à force detravail, il est parvenu à faire pousser quelques plantes utiles, la grêle, l'ouragan ou la sécheresse viennent détruiresa moisson.

Des bêtes dangereuses le guettent de toutes parts; des germes de maladies flottent dans les airs, dansles eaux.

Il est bien expressif, en vérité, le premier cri, le vagissement douloureux, que pousse à sa naissancel'enfant des hommes, pauvre petit, jeté nu, sans défense, au milieu d'une nature indifférente quand elle n'est pashostile ! Théorie des météores.

— Par météores, Épicure entend les phénomènes réguliers ou irréguliers qui s'accomplissentau-dessus de nos têtes, dans les espaces éloignés du ciel.

Il comprenait sous ce nom le lever et le coucher du soleilet des autres astres, les mouvements des planètes, la chute des étoiles filantes et des aérolithes, l'apparition descomètes ; puis les phénomènes que nous appelons proprement météorologiques, les vents, les orages avec la pluie,la neige, la grêle, la foudre et le tonnerre, l'arc-en-ciel, la rosée et même les tremblements de terre.

Nouspossédons sur les météores une longue lettre d'Épicure à son disciple Pythoclès; nous n'insisterons pas longuementsur les explications qu'il donne de ces phénomènes, parce qu'elles ont perdu beaucoup de leur intérêt pour lesmodernes depuis les progrès accomplis par la physique, l'astronomie et la géologie. Si Épicure prend soin de traiter ces questions, ce n'est ni par zèle scientifique, ni en vue des applications pratiquesde la science : c'est parce que ces phénomènes ont de tout temps frappé les hommes de stupeur, et qu'ils se sonttoujours obstinés à y voir des signes de la colère ou de la faveur divine.

Partout sont adorées les pierres tombéesdu ciel; les éclipses de la lune et surtout du soleil sont regardées comme l'annonce d'événements terribles ; augrondement de l'orage, l'homme ne se contente pas, comme l'animal, de frémir dans son corps, il fait un retour surlui-même et demande pardon de ses fautes à Dieu, dont il s'imagine entendre la voix courroucée.

Ce sont toutes cessuperstitions qui contraignent Épicure à se faire astronome et physicien ; le seul moyen de les détruire lui sembleêtre de substituer aux explications théologiques des explications positives. Les phénomènes météorologiques nous étonnent soit parce qu'ils sont lointains et que nous en distinguons mal lesdétails, soit parce qu'ils nous paraissent extraordinaires.

Cet étonnement cessera si nous prenons soin de nousconformer à la vraie méthode : pour expliquer raisonnablement un météore, il faut chercher parmi les phénomènesles plus voisins de nous, et qui nous sont par suite les plus familiers, ceux qui peuvent avoir quelque analogie avecles événements lointains dont nous sommes témoins.

Le phénomène qui nous est le plus familier, celui qui nousétonne le moins, parce qu'il se répète sous nos yeux presque à chacun de nos mouvements, c'est l'ébranlement d'uncorps par suite de l'impulsion d'un autre corps ; c'est la transmission mécanique du mouvement.

Les seuleshypothèses par suite dont nous devions nous servir pour l'explication des météores doivent être des hypothèsesmécanistes : elles seules auront la vertu de rétablir la paix dans notre esprit.

Nous voyons, par exemple, les astresse mouvoir de l'orient à l'occident ; n'allons pas nous imaginer qu'ils choisissent eux-mêmes leur route et qu'ils semeuvent spontanément : supposons, au contraire, qu'ils sont poussés par la contrainte extérieure de tourbillons d'airou de feu invisibles.

Il arrive parfois à la lune pendant quelques heures d'être rongée en totalité ou en partie parl'ombre ; il arrive de même au soleil de se voiler en plein jour; pensons à une expérience familière, à ce qui se produitlorsque entre un feu et nous s'interpose un écran ; supposons que les éclipses de soleil sont dues à l'interposition ducorps opaque de la lune entre cet astre et nous, et que les éclipses de lune s'expliquent par l'ombre que la terreprojette sur elle. Quand il s'agissait des principes de la nature, Épicure était dogmatique, et bien que ces principes, placés hors de laportée des sens, ne pussent être atteints que par des inductions, les hypothèses formulées par le philosopheétaient données par lui comme les seules qui fussent acceptables.

Maintenant qu'il est question de phénomènesparticuliers, Épicure n'est plus aussi affirmatif; pour chaque problème, il propose deux ou plusieurs solutions.

S'agit-. »

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