François MAURIAC : Le Sagouin

« Un sagouin est un petit singe d'Améri­ que du Sud.

Le terme est également em­ ployé pour désigner un homme sale et ré­ pugnant et c'est évi­ demment dans cette deuxième acception qu 'il est utilisé par Mauriac pour quali­ fier son jeune héros.

Le livre Un enfant mal aimé G uillaume de Cernès , dit« Guillou »,est un enfant attardé.

Physiquement , il ressemble à son père , le baron Galéas de Cernès , un faible auquel incombe la tâche ingrate d'entretenir le cimetière , ce qu' il fait avec zèle.

Paule a épousé le baron pour son titre et maintenant les hait avec force tous les deux.

Sa belle­ mère a des relations très affectueuses avec eux, de même que Fraülein, la gouvernante.

Pour braver sa famille, Paule fait une requête auprès de Robert Bordas, l'instituteur communiste : elle lui demande de prendre en charge la scolarité de Guillou.

Il accepte.

Guillou découvre alors un univers d'amour et de savoir et s'identifie à Jean-Pierre, fils de l'instituteur.

Hélas, ce lui- ci se rétracte à cause de ses idées politiques et aussi pour échapper aux rumeurs.

En effet , Paule a entretenu des rapports jugés plus qu 'amicaux avec un prêtre.

Guillou, désespéré, sait qu'il a perdu la seule chance de sa vie.

Son père l'emmène alors dans les bois .

Guillou se jette à l'eau et son père le suit.

On les retrouvera noyés .

Paule mourra d'une< < tumeur de mauvaise nature>> dans de grandes souffrances.

Avec la mort de Guillou et de Galéas disparaît le nom qu'elle avait tant convoité.

Un naturalisme au service de l'enfance M auriac aborde à nouveau le thème de 1 'enfance et de la mère en 1951 avec ce court roman qui connut immédia­ tement un grand succès.

Il y met en scène une femme meurtrie par la vie et aigrie , une marâtre qui refuse toute démonstration de tendresse et un petit garçon très sensible mais à la limite de l'anormalité.

Comme beaucoup de héros mauriaciens, Guillaume et son père sont des êtres mal aimés.

En marge d'une société cruelle, face à une aristocratie décadente, ils subissent avec résignation leur non-accès à l'humanité.

C'est le poids de la société qui accentue leur sentiment de solitude et d'incom­ préhension collective.

Elle conduit au désespoir, et le suicide leur apparaît alors comme la seule issue possible .

Le génie littéraire de Mauriac , une fois de plus, réside en une extrême concision , une grande maîtrise dans la narration des passions qui l'empêche de tomber dans le pur naturalisme .. »