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François-René de CHATEAUBRIAND et Louis-Ferdinand CÉLINE

Publié le 22/03/2011

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chateaubriand

Céline ressent l'ignominie du monde avec un dégoût viscéral ; cet enfer humain lui donne la nausée, et il le « crache « dans son œuvre à coups d'injures, de termes argotiques parfois relevés de traits humoristiques. La vie de l'homme dans, cet univers est absurde, douloureuse, peuplée de rêves souvent atroces. Les romans de Céline sont une vision et un cri de désespoir ; son écriture provocatrice n'est pas une solution facile; son esthétique particulière marque la littérature de notre époque. Parmi ses œuvres : Voyage au bout de la nuit, Mort à crédit Voici deux textes qui évoquent un coucher de soleil. Chateaubriand, dans le premier, décrit un crépuscule en Floride ; Louis-Ferdinand Céline, dans le second, décrit la tombée de la nuit en Afrique. Mémoires d'Outre-Tombe (extrait, 1848). Le soleil tomba : un rayon glissant à travers le dôme d'une futaie, scintillait comme une escarboucle1 enchâssée dans le feuillage sombre ; la lumière divergeant entre les troncs et les branches, projetait sur les branches, projetait sur les gazons des colonnes croissantes et des arabesques mobiles. En bas, c'étaient des lilas, des azaléas, des lianes annelées, aux gerbes

gigantesques ; en haut, des nuages, les uns fixes, promontoires ou vieilles tours, les autres flottants, fumées de rose ou cardées1 de soie. Par des transformations successives, on voyait dans ces nues s'ouvrir des gueules de four, s'amonceler des tas de braise, couler des rivières de lave : tout était éclatant, radieux, doré, opulent, saturé de lumière. Voyage au bout de la nuit (extrait, 1932). Les crépuscules dans cet enfer africain se révélaient fameux. On n'y coupait pas. Tragique chaque fois comme d'énormes assassinats du soleil. Un immense chiqué. Seulement c'était beaucoup d'admiration pour un seul homme. Le ciel pendant une heure paradait tout giclé d'un bout à l'autre d'écarlate en délire, et puis le vert éclatait au milieu des arbres et montait du sol en traînées tremblantes jusqu'aux premières étoiles. Après ça le gris reprenait tout l'horizon et puis le rouge encore, mais alors fatigué le rouge et pas pour longtemps. Toutes les couleurs retombaient en lambeaux, avachies sur la forêt comme des oripeaux2 après la centième3. Chaque jour sur les six heures exactement que ça se passait. Vous comparerez ces deux textes sous forme d'un commentaire composé. Vous prendrez soin que cette confrontation ne prenne pas l'allure de deux études successives et juxtaposées, mais constitue un devoir unique qui examine simultanément les deux extraits. Vous pourrez étudier, par exemple, quels éléments du paysage retiennent l'attention des deux écrivains, comment ils les évoquent, quels sentiments et états d'âme ils suggèrent. 1. Cardé : amas de fibres ou de fils non démêlés. 2. Oripeaux : ici : costumes de théâtre dont un reste de clinquant fait ressortir l'usure. 3. La centième : c'est-à-dire la centième représentation. 1. Escarboucle : pierre précieuse d'un rouge grenat qui brille d'un vif éclat.   

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