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Les Frères Karamazov

Publié le 30/03/2013

Extrait du document

Pour la trame de son roman, Dostoïevski se sert d'un drame vécu par un "criminel" qu'il a personnellement connu: Ilintski, noble officier endetté et menant une vie dissolue, fut condamné pour parricide ; il fut réhabilité après que le véritable assassin (son frère) se fut livré à la justice.

« Dans le jard in L'écrivain avait initialement prévu de faire une chronique de la famille Karamazov en plusieurs volumes ; cette chronique est restée incomplète puisque Dostoïevski meurt en 1881.

Le développement ultérieur des Frères Karamazov, qui auraient dû comporter le récit de la vie d 'Aliocha retiré dans un monastère, avait pour but de prouver le triomphe de l'état mystique, marqué du signe de la fraternité, sur la logique inhumaine d'lvan.

~--- ---- EXTRAITS Aliocha fait preuve d'un caractère bien différent de celui de ses frères A mon avis, cet adolescent n'était nulle­ ment un fanatique, ni même un mystique.

Je dirai tout de suite le fond de ma pensée : c'était simplement un précoce ami des hommes, et s'il s'éprit de la voie monas­ tique, c'est parce qu'elle seule, à ce moment-là, l'impressionna profondément et représenta, pour son âme qui aspirait à s'arracher aux ténèbres de la haine qui règne dans le siècle, l'issue idéale vers la lumière del' amour.( ...

) Dès son enfance, Smerdiako v se montre cruel en v ers les animaux et les hommes Enfant, il aimait pendre les chats et les enterrer ensuite en grande pompe.

Pour cela, il s'affublait d'un drap en guise de chasuble, entonnait un chant et, armé d'un objet quelconque.faisait mine d'en­ censer le cadavre.

Tout cela en cachette et dans le plus grand mystère.

Grigori le surprit un jour dans cet exercice et lui administra une volée de bois vert.

L'autre se blottit dans un coin et de là, une semaine durant, il lança des regards torves.

«Il ne nous aime pas, le monstre, disait Grigori à sa femme; d'ailleurs, il n'aime personne .

( ..

.) » L'idée du meurtre commence à germer dan s l'esprit d'lvan Il lui était souvent arrivé de connaître l'angoisse et il n'y aurait rien eu d'étrange à ce qu'elle l'envahît à un moment où, après avoir rompu avec tout ce qui l'avait attiré ici, il s'apprêtait à prendre un tour­ nant abrupt dès le lendemain, à s' enga­ ger dans une voie nouvelle et inconnue, toujours aussi solitaire, plein d'espoirs vagues, attendant trop, beaucoup trop de la vie, mais ne sa­ chant préciser ni ces espoirs, ni ces désirs.

Mais, en cet instant, bien qu'il ressentît en effet quelque an­ goisse devant /'in­ connu, la cause de son tourment était ailleurs.

« N'est-elle pas dans mon dégoflt pour la maison de mon père ? pensa­ t-il.

Oui, c'est sans doute cela, tant elle me répugne ; bien que je franchisse aujourd'hui pour la dernière fois ce seuil infâme, le dégoflt n'en demeure pas moins ...

» Mitia , accusé du meurtre de son père, essaie de se défendre « ( ..

.)Messieurs, vous m'avez souillé l'âme ! Croyez-vous sincèrement que si j'avais tué mon père, j'aurais été vous le cacher, que j'aurais été lou­ voyer, mentir, me dissimuler ? Non, Dmitri Karamazov n'est· pas ainsi : il ne l'aurait pas supporté! Si j'étais coupable, je n'aurais pas attendu, je vous le jure, votre arrivée ici, ni le lever du soleil, comme j'en avais l'intention : je me serais tué avant, sans attendre le point du jour ! Je le sens bien maintenant au fond de moi-même ...

Vrai, en vingt ans de ma vie, j'ai moins appris que durant cette seule nuit de malheur!( ...

) » Traduit du russe par Kyra Sanine.

Éditions Garnier Frères Ivan Karamazov Dimitri Karamazov NOTES DE L'ÉDITEUR « Tous ses romans -ses tragédies -représen­ tent l'expérience de la liberté humaine.

, L'homme commence à se révolter au nom de cette liberté, prêt à toutes les souffrances, prêt à toutes les folies, à condition de se sentir libre.

Et il recherche en même temps la liberté extrême, finale ...

» -Nicolas Berdiaeff, L' Esprit de Dostoïevski, éditions Saint-Michel, 1929 « Tout ce qui est mort et négation dans les philosophies, Dostoïevski l'a surpassé; mais telle est sa grandeur, qu'il monte d'un degré encore.

Il porte à la rédemption l'accable­ ment de nos fatalités ...

Dostoïevski, si je ne me trompe, et moi-même, nous sommes l'an­ tidote de la tyrannie rationnelle, des philoso­ phes, et de tout poison inhumain: Dostoïev­ ski, le cœur le plus profond, la plus grande conscience du monde moderne.

» -André Suarès, Cahiers de la Quinzaine, 1912 «Dans Les Frères Karamazov , il (Gide) voyait débattre des problèmes métaphy­ siques, religieux et moraux( ...

) et il assistait à l'exploration d'abîmes psychologiques où lui-même s'était enfoncé avec plus de pru­ dence .

Les conceptions romanesques de Dostoïevski l "'autorisaient" à briser le cadre étroit du récit( ...

) pour tenter d'"élargir le champ visuel et présenter non plus un, mais plusieurs foyers".

»Introduction aux œuvres d'André Gide, Gallimard, 1980.

Photo (a) VIP / Sipa Jcono; (b.

c.

d, e, f, g) illustrations de V.

Minaev © MCMXCI, ProLitteris, Zurich DOSTOÏEVSKI 02. »

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