Devoir de Philosophie

Freud et la religion

Publié le 11/01/2004

Extrait du document

freud
Ainsi je suis en contradiction avec vous lorsque, poursuivant vos déductions, vous dites que l'homme ne saurait absolument pas se passer de la consolation que lui apporte l'illusion religieuse, que, sans elle, il ne supporterait pas le poids de la vie, la réalité cruelle. Oui, cela est vrai de l'homme à qui vous avez instillé dès l'enfance le doux - ou doux et amer - poison. Mais de l'autre, qui a été élevé dans la sobriété ? Peut-être celui qui ne souffre d'aucune névrose n'a-t-il pas besoin d'ivresse pour étourdir celle-ci. Sans aucun doute l'homme alors se trouvera dans une situation difficile ; il sera contraint de s'avouer toute sa détresse, sa petitesse dans l'ensemble de l'univers. Il ne sera plus le centre de la création, l'objet des tendres soins d'une providence bénévole. Il se trouvera dans la même situation qu'un enfant qui a quitté la maison paternelle, où il se sentait si bien et où il avait chaud. Mais le stade de l'infantilisme n'est-il pas destiné à être dépassé ? L'homme ne peut pas éternellement demeurer un enfant, il lui faut enfin s'aventurer dans l'univers hostile. On peut appeler cela "l'éducation en vue de la réalité " ; ai-je besoin de vous dire que mon unique dessein, en écrivant cette étude, est d'attirer l'attention sur la nécessité qui s'impose de réaliser ce progrès ?
• La critique de la religion par Marx, bien qu'elle se situe sur un autre plan, n'est pas sans analogie avec l'analyse psychologique conduite par Freud. Selon Marx en effet : - La religion est «bonheur illusoire du peuple«. Elle le console de sa misère sociale par l'espérance d'un au-delà heureux. Elle est donc « l'opium du peuple« qui rend supportable le malheur des hommes dans des sociétés injustes. - Mais l'opium ne guérit pas, il calme et endort les souffrances. C'est pourquoi il faudrait détruire moins la religion que ce qui la rend inévitable : des conditions sociales qui expliquent son importance. «Exiger que le peuple renonce à ses illusions sur sa condition, c'est exiger qu'il abandonne une condition qui a besoin d'illusions «. - Autrement dit, Marx critique la religion qui abuse l'homme, « non pas pour que l'homme porte ses chaînes prosaïques et désolantes, mais pour qu'il secoue ses chaînes et cueille la fleur vivante«, qu'il transforme la réalité sociale où il ne survit que grâce à des illusions pour construire un monde où serait possible un bonheur réel.
 

freud

« • Texte tiré de l'Avenir d'une illusion, 1927, tr.

fr.

1971, p.

69-70. REMARQUES COMPLÉMENTAIRES • La critique de la religion par Marx, bien qu'elle se situe sur un autre plan, n'est pas sans analogie avec l'analysepsychologique conduite par Freud.

Selon Marx en effet :- La religion est «bonheur illusoire du peuple».

Elle le console de sa misère sociale par l'espérance d'un au-delàheureux.

Elle-^st donc « l'opium du peuple» qui rend supportable le malheur des hommes dans des sociétés injustes.- Mais l'opium ne guérit pas, il calme et endort les souffrances.

C'est pourquoi il faudrait détruire moins la religionque ce qui la rend inévitable : des conditions sociales qui expliquent son importance.

«Exiger que le peuple renonceà ses illusions sur sa condition, c'est exiger qu'il abandonne une condition qui a besoin d'illusions ».- Autrement dit, Marx critique la religion qui abuse l'homme, « non pas pour que l'homme porte ses chaînesprosaïques et désolantes, mais pour qu'il secoue ses chaînes et cueille la fleur vivante», qu'il transforme la réalitésociale où il ne survit que grâce à des illusions pour construire un monde où serait possible un bonheur réel. I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ? Dans ce texte Freud oppose la religion qu'il qualifie d'infantile et de névrotique à l'idéal qu'il espère pour l'humanité :celui, en l'occurrence, de donner naissance à un être capable, par son progrès, de dépasser l'infantilisme du besoinreligieux. La problématique qui sous-tend ce texte est donc celle de savoir si oui ou non la religion est de l'ordre de l'enfance. II - UNE DÉMARCHE POSSIBLE. A - LA POSITION DU PROBLÈME : 1ERE PHRASE. Freud visiblement répond à un interlocuteur qui pense que la religion est incontournable, car, dit-il, l'homme a besoinde consolation. Cette thèse est une thèse classique.

Elle repose sur l'idée que la religion est un besoin psychologique de l'homme. Celui-ci, étant faible et souffrant, a besoin de consolation.

Et rien ne peut mieux le consoler que la perspectivereligieuse d'une vie éternelle. Aussi aura-t-il toujours besoin de la religion et celle-ci existera-t-elle toujours, rien ne pouvant mieux jouer ce rôlequ'elle. Cette thèse n'est pas sans force, car elle fonctionne de façon circulaire.

L'éternité de la religion extérieure àl'homme est justifiée par l'éternité du besoin religieux en l'homme. Si bien que les deux se correspondant, la boucle est bouclée. B - LA CRITIQUE DE FREUD (jusqu'à "chaud"). Pourtant, Freud ne se laisse pas duper par l'argument.

Si le raisonnement se tient, son présupposé est faux.

Aussi,est-ce celui-ci qu'il attaque. La religion n'est une réponse à la question que l'homme se pose que quand on considère l'homme en l'infantilisant. Elle ne se maintient par ailleurs, comme réponse pertinente, que quand on habitue l'homme à se comporter commeun enfant. Ici, Freud développe une nouvelle théorie : celle de la névrose, qu'il rapproche de la notion d'ivresse. Quand l'homme a été habitué à vivre de façon ivre, il est normal qu'il ait besoin d'ivresse, de façon quasi-obsessionnelle. C'est la raison pour laquelle la religion donne l'illusion d'être naturelle. Rompre avec cette habitude n'est pas simple constate-t-il.

Car l'ivresse est grisante.

Elle est narcissiquementréconfortante.

Savoir qu'une providence s'occupe de nous est rassurant. Renoncer à cette sécurité provoque une blessure.

Elle amène la souffrance de la solitude. C - LA RÉSOLUTION DU PROBLÈME (jusqu'à la fin).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles