Devoir de Philosophie

Que gagne l'homme en travaillant ?

Publié le 27/02/2005

Extrait du document

Pour Hannah Arendt, il serait l'activité humaine la plus proche de l'animalité, de la nécessité biologique, en vertu de sa finalité qui est de satisfaire nos besoins. Dans la société moderne, le travail est nécessaire pour la rémunération. Nous ne pouvons pas en effet vivre sans argent, et travailler est la principale activité qui nous assure un revenu."Dans les pays de la civilisation, presque tous les hommes se ressemblent maintenant en ceci qu'ils cherchent du travail à cause du salaire."(Nietzsche, Le gai savoir)Marx voit aussi dans le travail l'assurance de la survie des hommes, des ouvriers qui désirent subsister. 2. Le travail est pénible et peut nous faire perdre nos forces et notre humanité- Nous travaillons parce que nous y sommes obligés. Mais nous ne gagnons rien pour nous, nous ne nous épanouissons pas dans le travail.Rousseau voit dans l'absence de travail l'état premier de l'homme et que "l'homme est naturellement paresseux". Il ne travaille que pour pouvoir survivre mais si ses conditions de survie sont assurées, il pourrait passer sa vie "à dormir, végéter et rester immobile.

« Pour Nietzsche, le travail "consume une extraordinaire quantité de forcenerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, auxsoucis, à l'amour." (Aurore, 1880) Le travail empêche l'homme de se consacrerà des activités qui lui seraient bénéfiques et nécessaires à sondéveloppement. Nietzsche Chercher un travail pour le gain, c'est maintenant un souci commun à presquetous les habitants des pays de civilisation; le travail leur est un moyen, il acessé d'être un but en lui-même : aussi sont-ils peu difficiles dans leur choixpourvu qu'ils aient gros bénéfice.

Mais il est des natures plus rares qui aimentmieux périr que travailler sans joie ; des difficiles, des gens qui ne secontentent pas de peu et qu'un gain abondant ne satisfera pas s'ils ne voientpas le gain des gains dans le travail même.

Les artistes et les contemplatifsde toute espèce font partie de cette rare catégorie humaine, mais aussi cesoisifs qui passent leur existence à chasser ou à voyager, à s'occuper degalants commerces ou à courir les aventures.

Ils cherchent tous le travail etla peine dans la mesure où travail et peine peuvent être liés au plaisir, et, s'ille faut, le plus dur travail, la pire peine.

Mais sortis de là, ils sont d'uneparesse décidée, même si cette paresse doit entraîner la ruine, ledéshonneur, les dangers de mort ou de maladie.

Ils craignent moins l'ennui qu'un travail sans plaisir : il faut même qu'ils s'ennuient beaucoup pour que leur travail réussisse. Ce texte de Nietzsche constitue un exemple intéressant d'anthropologie philosophique.

Nietzsche y traite en effetdu rôle du travail dans nos sociétés « de civilisation », pour dévier sur le portrait d'un certain type d'homme, de« natures rares qui aiment mieux périr que travailler sans joie », et ce portrait est l'occasion d'une réflexion sur letravail lui-même, mais aussi sur l'ennui et son étrange rapport au travail.

L'intérêt du texte est donc double : ilréside à la fois dans la singularité du mode de traitement – par le portrait – de la question philosophique du travail,et dans la mise en place d'un jeu de notions assez surprenant, et notamment d'un lien paradoxal entre le travail etl'ennui. Ce texte peut se diviser en deux moments : le premier va du début du texte à « pourvu qu'ils aient un grosbénéfice », et fait le constat de l'apparition d'un nouveau rapport au travail à notre époque et dans notrecivilisation, un rapport de recherche du plus grand bénéfice qui fait du travail un moyen et non une fin.

La secondepartie du texte va de « Mais il est des natures plus rares » à la fin du texte, et trace le portrait d'un certain typed'individus, qui dérogent à la manière moderne de considérer le travail puisqu'il préfèrent « périr » à « travailler sansjoie », et Nietzsche définit à cette occasion certains rapports paradoxaux entre le travail, la peine, la joie, l'ennui. Il s'agira de suivre la progression de ce texte afin de l'expliquer, d'en dégager les points qui font problème –notamment les associations parfois étonnantes entre les concepts – et l'originalité de sa méthode.

Le travail tel queNietzsche le définit ici, en le rapportant à nos sociétés modernes, a pour principal intérêt non ce qu'il produit(objets, idées, améliorations de la vie…) mais ce qu'il fait gagner à celui qui travaille (en termes de salaire, deprofit).

Il oppose à cette définition valant pour la plupart des hommes la définition qui vaut pour quelques hommesseulement, et qui voit l'intérêt du travail dans l'objet du travail lui-même.

Cela est à interroger, car cela pose leproblème du rôle du travail et pour la société, et pour l'individu : pour la société, le travail apparaît comme unsystème de production de choses dont elle a besoin ; pour l'individu, le statut du travail est plus difficile à définir, etc'est dans le cadre du problème de cette définition que s'inscrit le texte de Nietzsche : le travail a-t-il une valeurpour l'individu indépendamment du profit matériel qu'il peut lui apporter ? Importe-t-il qu'il ait une valeur autre ? Oubien faut-il dire que le travail n'est qu'une fonction sociale ? Comment considérer les individus qui, hors de touteréférence sociale, trouvent la fin du travail dans le travail lui-même ? Cela peut ouvrir à une réflexion sur le rapport entre l'individu et la société tel que la position de la question dustatut du travail le révèle : on pourra par exemple se référer aux travaux de Marx (à sa définition du prolétariat). C'est ce que veut dire Marx quand il affirme que "plus l'ouvrier se dépense dans son travail, plus le monde [...] qu'ilcrée en face de lui devient puissant, et plus il s'appauvrit en lui-même, plus son monde intérieur devient pauvre."(Manuscrit de 1844). • Le cercle qui lie le travail et la technique peut néanmoins être interprété de manière moins optimiste.

Marx analysecomment la transformation technique de la nature va de pair avec une transformation de l'homme lui-même en objettechnique.

Dans la société industrielle capitaliste, l'ouvrier n'est pas le maître des machines sur lesquelles il travaille:il leur est asservi et la rationalisation de son travail le transforme lui-même en machine.• D'autre part, son travail devient une marchandise comme une autre.

Ainsi, «plus le monde des choses augmenteen valeur, plus le monde des hommes se dévalorise»: l'extrême division et rationalisation du travail et la séparationentre les producteurs et les détenteurs des moyens de production (entre le travail et le capital) déshumanisel'homme et crée une société toujours plus inégalitaire.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles