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Gargantua – Rabelais: Quelle forme d’éducation Ponocrates pratique-t-il avec Gargantua ?

Publié le 30/03/2012

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gargantua

Ponocrates pratique avec son élève une méthode d’éducation complète.
 
Cette éducation s’oppose en tout point à celle que Gargantua avait reçue des sophistes. Aussi Ponocrates prend-il soin de faire purger le cerveau de son élève avec de l’ellébore, pour le délivrer des folies qui l’ont corrompu, afin de pouvoir agir sur un esprit sain. Rabelais est médecin et humaniste. Loin de dissocier le corps et l’esprit, il les réunit dans des efforts tantôt alterné tantôt simultanés, et la formule célèbre de Juvénal « mens sana in corpore sano « (un esprit sain dans un corps sain) s’applique parfaitement à l’éducation décrite dans ce chapitre. Contrairement à la manière des sophistes, la journée commence très tôt ; l’étude occupe, à plusieurs reprises, des heures entières ; l’hygiène est respectée (lors de la toilette matinale, quand on se change après les exercices physiques, quand on se cure les dents, quand on se lave les mains et les yeux après le repas) , les fonctions naturelles sont accomplies avec discrétion. L’alimentation a pour rôle de refaire les forces nécessaires pour bouger, pour apprendre et penser, selon une conception diététique que le médecin Rabelais expose en passant : le dîner doit être sobre et le souper copieux. La souriante personnification « Monsieur l’appétit venait « humaine l’alimentation. 

gargantua

« au XVIème siècle, car un prince qui reçue la meilleure éducation a toute chance d’être le meilleur des souverains pour son peuple.

La méthode éducative de Ponocrates correspond à l’idéal des humanistes en la matière, notamment à la conception d’Erasme.

C’est vrai, en particulier, pour ce qui relève de la religion : les textes sacrés sont lus et commentés (comme le faisaient les évangéliques) et la prière occupe une place majeure (comme le voulait Erasme) ; en particulier, la journée s’achève par une prière adressée à Dieu. On ne peut manquer de s’étonner, à la lecture de ce passage du roman, du nombre et de l’ampleur des activités pratiquées.

Aussi ce chapitre est-il particulièrement long.

Avant d’en découvrir le détail, on est prévenu par le romancier de l’incroyable emploi du temps de Gargantua : Ponocrates « le soumit à un rythme de travail tel qu’il ne perdait pas une heure de la journée, mais consacrait au contraire tout son temps aux lettres et aux études libérales ».

Le nom de Ponocrates, composé de deux mots grecs, peut se traduire par « Force de travail », et on ne saurait oublier que Gargantua est un géant.

Mais il n’y a pas pour autant de démesure ici, et le gigantisme apparaît, non sans amusement de la part de l’auteur, comme une hyperbole de l’appétit intellectuel des humanistes, de l’enthousiasme éducatif de la Renaissance, et non comme un excès : ce chapitre fait écho à la lettre que Gargantua adresse à son fils dans Pantagruel (chapitre 8).

Le plaisir a toute sa place dans la méthode de Ponocrates : « Tous leurs jeux n’étaient que liberté, car ils abandonnaient la partie quand il leur plaisait ».

L’arithmétique est abordée de manière ludique.

Au reste, Ponocrates prend soin de faire passer son élève d’une activité à l’autre, ménageant ainsi une diversité stimulante. - De quelle façon extraordinaire naît Gargantua ? Il naît par une oreille de sa mère. Il est difficile, à l’époque de Rabelais, d’aborder un sujet aussi sensible, aussi dangereux et aussi grave que celui qui est traité à l’occasion de la naissance Gargantua.

Pourtant, le récit paraît on ne peut plus fantaisiste et léger.

La naissance prochaine de l’enfant est exprimée par un jeu de mots « elle allait fabriquer pieds neufs », expression normalement employée pour un cheval dont les sabots se refont si on le laisse au repos à l’herbage (Gargamelle vient de passer un moment sur l’herbe), mais qui prend ici le sens de donner vie à un enfant, avec ses deux pieds.

Ensuite, saisie par les douleurs de l’enfantement, Gargamelle engage avec Grandgousier un dialogue des plus lestes sur le membre viril et marital qui lui cause de si vives souffrances : « plût à Dieu que vous l’eussiez coupé ! ».

Puis, fausse, alerte, alors que l’on croit voir se présenter l’enfant, c’est « le fondement qui lui échappe », à cause de la quantité excessive de tripes qu’elle vient d’engloutir.

La grivoiserie a laissé place à la scatologie.

Pour remédier à ce relâchement, un astringent lui est administré, mais sa puissance est telle qu’il ferme jusqu’aux voies naturelles de l’enfantement.

Alors, suivant un circuit hautement fantaisiste, décrit avec la plus grande précision anatomique, voici que l’enfant sort par l’oreille gauche de sa mère.

La bouffonnerie a succédé à la scatologie.

Mais la rire n’occupe pas seul. »

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