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Le génie ou le reflet, ou pourquoi écrivons-nous ?

Publié le 29/03/2011

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   Diderot concevait le génie créateur de l'artiste comme un « pur don de nature «. (Article «Génie « de l'Encyclopédie, 1757).    Au contraire Mao Tsé-toung définit toute création artistique comme « le reflet, sur le plan idéologique, de la politique et de /'économie d'une société « (la Démocratie nouvelle).    En confrontant ces deux citations vous essaierez de définir la notion de génie telle que vous l'entendez, sur le plan littéraire, artistique, ou même scientifique, et de dire comment vous situez « l'homme de génie « par rapport à son temps.

« pense aux problèmes de la personnalité, de l'individu.

Mao pense au phénomène humain de l'art, de la culture.Diderot pense au producteur.

Mao pense au produit.

Il ne dit nullement que l'économico-politique produit, encoremoins fabrique des génies : il dit que ce que produisent les artistes est toujours le reflet d'une situation.

En d'autrestermes Mao ne dit pas que le génie n'est pas libre : l'un des objectifs de la révolution culturelle n'est-il pas d'ailleursd'amener les créateurs sur des positions révolutionnaires, ce qui prouve qu'ils sont libres? La nature du piège dusujet commence à apparaître. 3) Un piège idéologique Le sujet tel qu'il est posé piège la réflexion en cela qu'il oppose, dans l'absolu, deux formules et deux noms.

En faitderrière Diderot et derrière Mao — à deux siècles de distance, l'un dans la France de Louis XV, l'autre dans la Chineen train de devenir communiste — il y a quelque chose de précis : ce sont deux matérialistes.

Et voici deuxmatérialistes qui ne sont pas d'accord sur l'une des questions les plus difficiles pour le matérialisme, la créationartistique! On arrive à ceci : un matérialiste défend une thèse en apparence magique, idéaliste, réactionnaire (lesdons!); l'autre une thèse schématique ou en tout cas facile à schématiser.

Comment ne pas voir que tout pousse àaller chercher contre le schématisme de l'un le spontanéisme de l'autre? Ou à se réfugier dans un commode justemilieu : c'est-à-dire ici prendre à Mao de quoi recharger de bon sens la boutade de ce brouillon de Diderot, puisqu'onne nie plus guère aujourd'hui que l'art doive, au moins, quelque chose à la société dans laquelle il se manifeste... En fait le piège ne fonctionne que si l'on évacue la perspective historique (voir plus loin). Enfin demander de situer « l'homme de génie » (sens des guillements? est-ce une réserve?) par rapport à son tempssuggère la séparation, la différence, ou en tout cas la difficulté entre le génie, qui est la liberté, et le temps où ilvit, qui est la fatalité.

Pourquoi ce génie seul de son côté? pourquoi ne pas suggérer au contraire la communicationpossible entre lui et les autres? Traiter le sujet...??? Introduction Comment l'homme de génie, c'est-à-dire celui qui a produit des œuvres exceptionnelles, est-il explicable — ouinexplicable — par son temps, dans son temps? L'homme de génie est un scandale, que tantôt on nous invite àadmirer sans aller plus loin, et que tantôt on nous explique.

Ce dilemme cependant ne peut s'étudier dans l'abstrait;il se pose de manière différente à différents moments de l'histoire.

La mise en perspective une fois faite, quelle estla situation du problème aujourd'hui? Ce n'est sûrement pas l'opinion « personnelle » qui peut permettre à elle seulede répondre : il faudra renvoyer à une science et à un savoir en train de se constituer, ceux du littéraire, à unerecherche collective, si on ne veut pas se contenter de répercuter les lieux communs sur « les grands hommes ». Remarque : Cette manière d'envisager le sujet en exclut d'autres, possibles : notamment l'aspect biographique etmoral du problème de l'homme de génie (comment vit-il dans son temps? quels sont ses rapports avec sescontemporains? comment est-il reçu? il n'y a pas de grand homme pour son valet de chambre, etc.). Première partie : les données vécues du problème Deux manières de poser la question : pour le sens commun (les mass média aidant), ce qui l'emporte c'estl'admiration pour l'homme de génie; pour l'école et la science, on peut expliquer l'exceptionnel (mais on n'aboutit pasau même résultat). De là découlent deux lieux communs : l'art-miracle, indépendant de ses conditions d'existence (Mozart enfant).

L'artqui après tout n'est que...

la résultante des conditions d'existence.

Les thèses réductrices l'emportent. En fait il y a réduction dans les deux cas, la première étant la plus répandue pour des raisons démagogiques : il n'y apas besoin d'être instruit, le génie c'est comme le tiercé, « ça » peut arriver à tout le monde... a) Le scandale du génie : l'œuvre peut toujours apparaître comme explicable; ce qui demeure inexplicable, c'estpourquoi elle a été faite par tel homme. Placés dans des conditions (matérielles, culturelles...) égales, les hommes ne parviennent pas tous aux mêmesrésultats. Le génie fait preuve non tant pour l'inégalité entre les hommes que pour la richesse et la diversité, pour lespossibilités de l'humanité. b) L'art comme rationalité : vieux sujet, la thèse du miracle absolu et de la non-détermination du génie a très tôtété ressentie comme démissionnaire et réactionnaire (Mme de Staël cherche à lier littérature à histoire et fait desgrands hommes — Rousseau et Voltaire — des porte-parole de réalités qui les dépassent). Il y a, d'autre part, une homologie entre les configurations artistiques et la réalité (Taine démontre ainsi la « liaisondes choses simultanées » : une tragédie de Racine, l'architecture de Versailles, une oraison funèbre de Bossuet sont. »

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