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Le Genre Théâtral Vous Parait-Il Propre À Dénoncer Les Préjugés Et Les Travers D'Une Société Ou D'Un Individu ?

Publié le 18/01/2011

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Le théâtre se veut être une imitation d'une action de la vie réelle. De ce fait, il a eu et a toujours un impact sur notre façon de penser, d'analyser et de voir les choses. La question qui se dégage est alors : Le genre théâtral vous parait-il propre à dénoncer les préjugés et les travers d’une société ou d’un individu ?

Tout d’abord, nous verrons que le genre théâtral critique, et donc, dénonce les préjugés et les travers d’une société ou d’un individu, par les messages que les auteurs vont choisir de transmettre dans leurs pièces de théâtre. Ensuite nous verrons que certains auteurs ne vont pas mettre en avant la critique, mais vont insister sur le divertissement apporté. Enfin, nous constaterons que certains auteurs vont jouer sur le divertissement pour mieux faire passer certains messages et donc critiquer une société ou un individu.

 

Le genre théâtral est un genre littéraire qui date de l’antiquité, et a toujours donné à réfléchir. Les auteurs de pièces de théâtre cherchent ainsi à créer un miroir social, un reflet plus ou moins caricatural de la société, qui permet de mieux la comprendre, et de mieux dénoncer ses failles.

Le théâtre est utilisé pour dénoncer les travers de certains individus. La comédie était, pour Molière, un moyen d’expression, de véhiculer des idées dans le but de dénoncer, par des procédés comme la caricature, les défauts de la société ou de certains type d’individu. Dans Le Bourgeois gentilhomme, Molière se moque d'un riche bourgeois qui veut imiter le comportement et le mode de vie de la noblesse. Dans cette pièce, Monsieur Jourdain, personnage naïf va être tourné en ridicule. Il permet à Molière de dénoncer le comportement qu’ont certains bourgeois de son époque.

Certaines pièces de théâtre dénoncent plutôt les travers de la société dans laquelle l’auteur vivait. Ainsi dans un même but critique, Beaumarchais a écrit le Mariage de Figaro. Dans lequel, il dénonce les privilèges qu’avait la noblesse, avant la révolution française. Il critique alors la hiérarchisation pyramidale de cette société dont il était contemporain.

Le théâtre est parfois utilisé pour dénoncer les préjugés de certaines personnes à l’égard d’autrui : le théâtre, et plus souvent la comédie, traite de manière caustique et drôle, quelques aspects des relations entre humains telles que le racisme, la xénophobie, la haine, la peur et le mépris. Les Guignols de l’Info, par exemple, utilisent la caricature, l’ironie, le ridicule de certains personnages dans le but de dénoncer certaines formes de préjugés (discrimination et racisme). Ainsi le spectateur ne pourra pas approuvé les dires d’un personnages tenant des propos racistes, car la manière de les présenter les rendront ridicules voire absurdes.

 

Dans certaines pièces, le théâtre va donc être apte à dénoncer les préjugés et les travers d’une société ou d’un individu, mais pas uniquement. Certains auteurs vont choisir de mettre en avant le divertissement plus que la critique dans leurs pièces. Tout d’abord, nous verrons que certains utilisent la comédie, d’autres, le théâtre de l’absurde pour divertir le spectateur. Et reste les auteurs de tragédie classique, qui l’utilise dans le but de critiquer la condition humaine et non la société ou un individu.

Des auteurs vont primer les aspects comiques, dans le but de faire rire le public. Le songe d’une nuit d’été, de Shakespeare, est une histoire comique d’amour tragique. Dans cette pièce, il s’en donne à cœur joie pour tourner en ridicule hilarant l’amour et ses  empêchements, c’est à dire le thème principal de sa pièce, en même  temps qu’il  se moque du théâtre et des théâtreux, transformant l’acteur principal en un monstre à tête d’âne.

Avec le même objectif, utilisant le théâtre de l’absurde, Becket, dans En attendant Godot , choisit de s'attaquer à un sujet plus simple et comme il le dit lui-même : « J'ai commencé d'écrire Godot pour me détendre, pour fuir l'horrible prose que j'écrivais à l'époque «. Les deux protagonistes vont provoquer le rire par les comiques de geste, de situation, de caractère ou de mots. Mais la pièce ne contient pas de critique particulière. Ionesco utilise également le théâtre de l’absurde et des procédés similaires dans Rhinocéros où une épidémie imaginaire de « rhinocérite « effraie tous les habitants d'une ville et les transforme bientôt tous en rhinocéros.

La tragédie Le roi se meurt de Ionesco critique la condition humaine et non une société ou un individu. En effet, de par son statut, le roi se croit immortel, il n’a jamais pensé à la mort  et quelques heures avant son décès il s’aperçoit que finalement il est comme tout le monde. Un sentiment propre à l’homme est alors évoqué : la solitude de l’homme face à la mort.

 

La majorité des auteurs de théâtre utilisent son aspect divertissant au service de leur propres idéos. Ce sont des convictions ou idées profondes que l’auteur souhaite communiquer aux spectateurs de manière implicite ou explicite. Nous verrons qu’une pièce de théâtre peut divertir mais aussi véhiculer les idées de l’auteur. Elles vont souvent critiquer un type d’individu, une société ou parfois les deux ou encore d’autres choses.

Pour Molière, la comédie se propose de « corriger les vices des hommes en les divertissant «. Sa pièce l’Avare illustre bien cette idée car cette comédie traite de sujets tels que l'avarice en premier lieu, mais aussi la tyrannie domestique, l'égoïsme et le sexisme. Malgré ces sujets peu évidents, la mise en scène et les dialogues de cette pièce provoque le rire. La tirade d’Harpagon, lorsqu’il s’aperçoit que quelqu’un lui a dérobé son argent, est drôle par l’exagération et le ridicule du personnage. Molière offre un beau divertissement doublé de messages forts et importants, 

Marivaux décide de critiquer la société qui lui était contemporaine en écrivant l’Ile des esclaves.  Il y met en scène un valet (Arlequin) et son maître (Iphicrate) échouant sur une île où les rôles sont inversés, ainsi Arlequin devient le maître d’Iphicrate. La pièce est comique par la mise en scène utilisant les comiques de situation, de personnage, de geste ou de mots. Le sujet abordé est, quant à lui, très sérieux ; l’auteur traite de l’esclavagisme, de l’exploitation de certaines personnes par d’autres plus fortunés. Il dénonce dans cette pièce une société hiérarchisée par les noms, l’argent et les milieux bourgeois. Il  nous écrit une satire sociale et a un regard moraliste sur l’homme.

C’est, également, dans le théâtre moderne où l’on constate une forte volonté de transmettre des idées par le divertissement. Bernard Marie Koltès l’illustre bien dans sa pièce de théâtre Roberto Zucco. En effet, cette pièce est divertissante mais également emplie d’idées et de critiques. Le mélange des genres, tragique ou comique, selon les scènes va permettre au spectateur de voir les idées sous différents angles et permettre à l’auteur d’aborder différents sujets. Ce dernier va, par exemple, critiquer la société dans la quelle il vivait par le biais de badauds ridicules. Dans la scène de la prise d’otage (scène X), ces derniers sont très présents : ils commentent tout ce qu’ils voient, se délectent d’un spectacle tragique... Ils y sont dénoncés par le personnage de La Dame : « ces imbéciles [...] ils s’en lèchent déjà les babines. Ils adorent ça. [...] Je ne supporte pas les commentaires de ces gens-là. «. Mais Bernard Marie Koltès va également critiquer la bourgeoisie, de manière comique ou parfois tragique, via le personnage de La Dame. Mais aussi la famille, lors des scènes incluant Le père, La mère ou encore La sœur de La Gamine.

Le divertissement va être utilisé comme forme pour communiquer de manière plus agréable un message de fond.

 

En conclusion, beaucoup d’auteurs utilisent le théâtre pour effectuer une critique d’un individu ou de la société qui leur est contemporaine, certains vont primer le divertissement à la critique, mais dans une majorité, ils utilisent les outils fournit par le théâtre dans le but de provoquer le rire, la pitié ou la terreur chez le spectateur et ainsi influencer sa vision ou ses idées. Le théâtre permet d'appréhender avec plaisir des sujets pouvant poser problème ailleurs. Il apparaît donc que le genre théâtral est apte à dénoncer les préjugés et les travers d’une société ou d’un individu. 

Le théâtre est-il le seul à avoir ce genre d’impact ? On peut se demander s’il n’existe pas de meilleures formes de littératures pour aborder certains sujets ?

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