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George Berkeley

Publié le 22/02/2012

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Bien que ses ancêtres fussent anglais, Berkeley se considérait comme irlandais ; il était né dans le Kilkenny et avait fait ses études au Trinity College. Ordonné prêtre de l'Église anglicane en 1710, il devint doyen du Derry (1724), puis évêque de Cloyne (1735). Il voyagea beaucoup, s'embarqua pour le Nouveau Monde, et séjourna dans sa maison de Rhode. Il tenta, sans succès, de fonder une université aux Bermudes, où il espérait attirer les colons américains et les indigènes dans l'idée de créer une force de missionnaires instruits. Décédé à Oxford en 1753, il repose dans la cathédrale de la ville estudiantine. Berkeley fut le premier idéaliste absolu. Il fonda sa doctrine en réaction à celle de Locke. Il acceptait l'idée selon laquelle, là où il y a perception d'objet, nous ne savons rien sinon nos propres idées sur l'objet ; les qualités perçues n'étant pas les qualités réelles de l'objet lui-même. Mais Locke avait supposé qu'il existait réellement un monde matériel auquel nos idées étaient reliées. Berkeley lui, concluait que si la perception était une question de sensations ou d'idées, seules les sensations ou les idées pouvaient être dites réelles. La matière n'existait pas sauf sous la forme de représentations mentales ou en tant que manifestation de l'esprit : " être, c'est être perçu ". Mais si nos idées ne sont pas des réponses à un monde matériel, quelle est leur origine ? Dieu, répondait-il. Nos idées sont le langage dans lequel il s'adresse à nous. Qualifié de " délire " (Diderot) ou de " scandale " (Kant), l'immatérialisme de Berkeley obligera néanmoins les philosophes ultérieurs à démontrer l'existence du monde extérieur.
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« carnet privé, où il s'exhorte à " brider son naturel satirique ".

On regrette qu'il ait trop bien obéi à sa propre règle ;lorsqu'il a péché contre elle, il a écrit brillamment. En dehors de l'Alciphron, il n'y a qu'un écrit où il ait donné cours à son naturel satirique.

Cet écrit est The Querist(Le Questionneur, 1735-1737).

Il y manifeste en outre une autre espèce d'excellence littéraire : près de six centsépigrammes se succèdent, toutes interrogatives, dans la forme, et, au fond, assertions tranchantes.

C'est d'autantplus remarquable que l'épigramme n'est pas un genre anglais. Le troisième écrit qu'il faut mentionner, les Trois dialogues entre Hylas et Philonous (1713), nouvelle expression pourle grand public de la matière de son chef-d'oeuvre philosophique, le Traité sur les principes de la connaissancehumaine (1710) manifeste un maniement magistral du dialogue philosophique. Dans ces trois dialogues, il n'y a que deux interlocuteurs, ce qui exclut toute occasion de présenter chacun d'euxdans différentes perspectives.

La question discutée est : " y a-t-il une matière indépendante de tout esprit pensant? " thème qui ne porte guère aux images et à la passion.

Dans ces conditions sévères, Berkeley a su créer uneconversation animée, courante, souple et spirituelle.

Tout se déroule avec une rapidité qui écarte l'ennui. Cet écrivain se fit économiste.

Son intérêt pour l'économie paraît d'abord dans l'essai qu'il a écrit à l'occasion de labanqueroute de 1720, The Ruin of Great Britain, et plus tard dans le second dialogue de l'Alciphron ; mais c'est dansThe Querist qu'il a exprimé en détails ses idées économiques.

Son but immédiat fut de lutter contre la pauvretéextrême des paysans de l'Irlande.

Ses recommandations s'inspirent de ce principe presque original que l'argent nevaut rien de soi, n'étant qu'un titre conventionnel à des produits ou à des services, qui seuls constituent larichesse.

En fin de compte, la richesse a sa source dans le sol, ou bien dans les quatre éléments, et elle se réalisepar le travail.

Or, l'Irlande a un sol fertile et un climat favorable.

Ce qui lui manque, c'est le travail.

Comment rendreindustrieux des paysans paresseux ? On ne leur a pas encore donné le moindre motif d'être industrieux.

Donnez-leurdu bon boeuf, mettez sur leurs épaules de bons habits et à leurs pieds de bons souliers.

Ces bonnes choses une foisconnues, les paysans en auront besoin et travailleront pour les gagner.

Ces idées anticipent celles d'aujourd'hui.

Cen'est pas là le seul cas où, pénétrant sur un terrain qui n'était pas de sa spécialité, il l'a laissé enrichi. Berkeley fut psychologue et composa, à l'âge de vingt-quatre ans, un petit chef-d'oeuvre : L'Essai une nouvellethéorie de la vision (1709), qui est une date dans l'histoire de la psychologie.

Il chemine d'un pas sûr entre lesautres sciences et la philosophie.

Il isole son problème et le poursuit à l'aide d'une méthode cohérente.

Le problèmeest celui-ci : dans notre perception de l'espace, qu'est-ce qui nous est donné par la vue seule ? Qu'est-ce que nousvoyons, au sens le plus exact de ce verbe, de la distance, de la grandeur, de la situation, des objets corporels ?Ainsi définie, la question n'appartient ni à la physiologie ni à l'optique géométrique.

Chez les Anglais, c'est Berkeleyqui a achevé de détacher la psychologie de la vue de l'optique géométrique. Bien entendu, toutes les doctrines de l'Essai n'étaient pas originales.

Quelques savants et parmi eux Malebranche-avaient déjà aperçu que, par exemple, la distance des objets n'est pas chose vue, mais chose jugée, que la vueacquiert la fonction d'indiquer la distance par l'association de ses données avec celles du toucher et avecl'expérience du mouvement.

De même, la grandeur n'est que suggérée, et non pas présentée, par la vue.

Nous lavoyons comme nous voyons la honte, d'une manière indirecte.

Mais Berkeley a donné une analyse encore plus finedes apports de chaque sens.

L'espace donné par la vue est différent de celui du toucher, si radicalement différent,que l'on ne peut pas former une idée qui leur soit commune. Passons enfin au philosophe.

Chose étrange, de son vivant ce ne fut pas sa philosophie qui fit sa réputation.

Il étaitconnu principalement comme auteur de l'Alciphron, du Querist et de la Siris (dans laquelle il exposa la panacée del'eau de goudron).

Sa renommée posthume de philosophe commença avec l'attention que lui porta l'école écossaise,qui l'attaqua, et dont l'influence a été importante sur les philosophes français pendant la première moitié du XIXesiècle. On résume d'ordinaire sa philosophie en disant qu'il n'y a pas de matière, que toutes les choses dites corporelles nesont que des idées dans nos esprits.

Doctrine, ajoute-t-on, qu'on ne peut pas prendre au sérieux, subjectivisme,solipsisme absurde.

On admet cependant que cette absurdité est habilement raisonnée et que, par-ci par-là,Berkeley a posé et discuté quelques problèmes d'une manière en tout cas instructive.

Plutôt que de discuter cetteappréciation, reportons-nous aux idées directrices de Berkeley. Son point de départ est la question de la valeur cognitive de la perception ou des sens.

Ce problème, la nouvellescience physique l'avait suggéré de telle manière que les philosophes ne pouvaient l'éviter, et Descartes,Malebranche et Locke l'avaient posé.

Le monde corporel ayant été réduit à des corpuscules qui n'ont que despropriétés géométriques et mécaniques, il s'ensuit que les sens nous en donnent un tableau infidèle.

C'était laconviction de Berkeley que cette dépréciation de la sensation contraire au bon sens aboutissait logiquement auscepticisme.

Puisque c'est au moyen des sens que nous trouvons la seule évidence qu'il y ait d'un monde corporel,se méfier des sens revient à saper la base de toute connaissance réelle qui ne soit pas simple connaissance de soi.Pour se sauver de ce scepticisme radical, il faut accepter la perception tout entière.

Il faut croire que tout ce quenous voyons, par exemple, existe, existe précisément parce que nous le voyons et avec les qualités que nous yvoyons.

Alors nous dirons, contre les physiciens, que le monde visuel a les couleurs qui semblent y être, que lemonde de l'ouïe est réellement sonore, que le monde du toucher a vraiment la chaleur, et ainsi de suite.

Ou cemonde existe réellement ou il n'y a que nos propres sensations.

Le monde de la physique ne peut pas se prouver.. »

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