Devoir de Philosophie

HEGEL: C'est dans le mot que nous pensons

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

hegel
C'est dans le mot que nous pensons. Nous n'avons conscience de nos pensées, nous n'avons de pensées déterminées et réelles que lorsque nous leur donnons la forme objective, que nous les différencions de notre intériorité [...]. C'est le son articulé, le mot, qui seul nous offre une existence où l'externe et l'interne sont intimement unis. Par conséquent, vouloir penser sans les mots est une tentative insensée. On croit ordinairement, il est vrai, que ce qu'il y a de plus haut, c'est l'ineffable. Mais c'est là une opinion superficielle et sans fondement ; car en réalité, l'ineffable, c'est la pensée obscure, la pensée à l'état de fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu'elle trouve le mot. Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plus haute et plus vraie. HEGEL

articulation formelle du texte    « Nous n'avons conscience de nos pensées, déterminées e réelles que lorsque (...), que (...) et par suite (...) mais d'une forme qui (...). C'est le son articulé, le mot qui seul (...) Par conséquent (...). Et il est également absurde (...). On croit ordinairement (...). Mais (...) ; car en réalité (...) Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plus haut et la plus vraie. «    questions indicatives    Pourquoi — selon Hegel — est-ce « le mot qui seul nous offre une existence où l'externe et l'interne sont si intimement unis « ?  Comment comprenez-vous « l'externe « et « l'interne « ici ? Importance de cette affirmation dans l'économie de ce texte ? Pourquoi — selon Hegel — « vouloir penser sans les mots est une tentative insensée « ?  Est-ce équivalent à « impossible « ?  Pourquoi — selon Hegel — « il est absurde de considérer comme un désavantage et comme un défaut de la pensée cette nécessité qui la lie au mot « ?  Pouvez-vous comparer cette position avec celle — par exemple — de Bergson ?  Qu'est-ce qui fait que Hegel et Bergson sont d'un a divergent en dernière analyse ?  Pourquoi — selon Hegel — « le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie « ?  « Plus haute « et « plus vraie « par rapport à quoi ?

hegel

« être consacrée à l'idée de forme (la « forme » objective) qui, en tant que forme, assure une universalité dela pensée applicable dans la diversité et la multiplicité des situations – s'opposant implicitement à un pleinqui ne peut se référer qu'à l'unique particularité du contenu de ce qui est ici et maintenant.

Forme claireopposée à l'obscur du plein.En suite le mot.

Si pour la pensée, il convenait de distinguer intériorité et extériorité, il faut reconnaître aumot (défini au passage comme « son articulé ») le statut concret (« l'existence ») d'une synthèse del'intériorité (« l'interne ») et de l'extériorité (« l'externe »).

D'un rapport privilégié du mot et de la conscience,puisque c'est le mot qui est le seul à pouvoir à chaque fois unir (intimement) les deux positions de la pensée.La pensée n'est ni l'intériorité seule (l'intériorité est insuffisante il en faut plus) ni l'extériorité seule (il n'y ad'extériorité que seconde, puisqu'elle est le produit, le résultat d'une activité qui prend naissance dansl'intériorité).

Mais seul le mot articule en même temps, à la fois, l'intériorité (c'est moi, je, qui parle) etl'extériorité (la « forme » du langage me permet de dire l'universel). 2.

Penser, cad tenir à la fois l'intériorité et l'extériorité, n'est possible qu'avec les mots.

D'où logiquement («par conséquent ») la réfutation d'une thèse, qui pourtant a cours, et selon laquelle, croit-on, il seraitpossible de « penser sans les mots ».Prétention démesurée d'un vouloir (« vouloir » penser) qui s'oppose à un pouvoir limité, et qui prend la figured'une tentative (qui est peut-être même une tentation) impossible et insensée.

Tout à la fois dans le sensde tentative folle (désespérée), qui n'a pas de sens (qui ne s'oriente nulle part, car sans issue) et vide (çane veut rien dire, puisque justement pour penser il faut des mots…).Prétention de l'ineffable à dénoncer.

Selon la métaphore architecturale d'une construction où il y a un hautet un bas (et par là même une fondation, « un fondement ») la croyance répandue (« ordinairement ») enl'ineffable (ce qui échappe à l'expression) est celle d'un haut sur-valorisé (« ce qu'il y a de plus haut »), maisqui ne s'appuie sur rien (« sans fondement »).

Ce qui fait que ce qui est pris par l'opinion, pour le haut n'esten réalité –à l'opposé de l'apparent- que superficialité, qui s'oppose à la solide épaisseur du profond.Cette métaphore, imaginée pour dire l'ineffable, ne pouvant jouer qu'à vide, on peut aussi en proposer uneautre, plus réelle (« en réalité… »), mais ici, à peine suggérée : celle d'un baquet, où une chimie secrète («obscure ») opère sa fermentation.

L'ineffable n'est pas apparemment dans la clarté de ce qui est « le plushaut », mais, en réalité, dans l'obscur de ce qui est au plus profond.

Mais cet obscur fait l'objet d'un travailcaché qui s'accomplit au-dedans, dans le bruissement discret de la fermentation.

Mais cette pensée sobreest incomplète, « obscure » au sens d'incompréhension, impossible à déchiffrer, comme on parle d'un sensdifficile à comprendre, de quelque chose d'embrouillé ou de fumeux (les vapeurs de la fermentation).

Elle nesera pensée qu'une fois accomplie, achevée, rendue claire par le mot qui donne le sens. 3.

D'où la reprise de la thèse, mais en insistant maintenant sur le processus à l'œuvre qui permet unpassage, vers le plus (« le plus haut », « le plus vrai »).

Extrême du mot qui, mené à son terme, fait passerde l'essence à l'existence, du possible au réel.

Langage qui dit le vrai, qui explicité l'implicite de la pensée : «Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie.

» L'intérêt de ce texte tient à la dénonciation de la thèse d'une dénaturation de la thèse d'une dénaturationde la pensée par le langage.

Ce dernier, soutient-on parfois, par sa simplification, ne parviendrait jamais àrendre compte de la complexité de la pensée.

Aussi ce texte est-il une condamnation de l'hypothèse d'unineffable de la pensée, irréductible à tout langage.Positivement, Hegel, par le langage, fait le lien entre l'intérieur et l'extérieur, en affirmant, dialectiquement,qui ce lien ne peut se produire, que par l'extériorisation de l'intériorité.Cependant, quelle que soit l'habileté dialectique, son présupposé hostile à l'intériorité, son déni de lacapacité de l'homme à atteindre l'ineffable, amènent Hegel à laisser échapper une partie de la vérité.

Il y amalgré tout une certaine partie de la pensée qui ne peut que rester obscure.

Et, contrairement à ce quesoutient Hegel, non par manque, mais plutôt par un trop-plein.

Sinon, comment expliquer la notiond'inconscient, que Hegel refuse de prendre en charge ? HEGEL (Friedrich-Georg-Wilhelm).

Né à Stuttgart en 1770, mort à Berlin en 1831. Il fit des études de théologie et de philosophie à Tübingen, où il eut pour condisciples Hölderlin et Schelling.

Il futprécepteur à Berne de 1793 à 1796, puis à Francfort de 1797 à 1800.

En 1801, il devient privat-dozent à l'Université. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles