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HEGEL et la poésie

Publié le 27/02/2008

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hegel
Lors donc que le texte, en tant qu'oeuvre d'art poétique, présente par lui - même une valeur indépendante, il ne peut attendre de la musique qu'un appui très léger, comme c'était le cas des choeurs du drame antique où la musique ne jouait que le rôle subordonné d'un simple accompagnement. Si c'est, au contraire la musique qui se présente avec des prétentions à une valeur indépendante, c'est le texte qui, dans son exécution poétique, doit être plus superficiel et s'en tenir à l'expression de sentiments et de représentations tout à fait généraux. Les élaborations poétiques de pensées profondes sont aussi peu compatibles avec un bon texte musical que les descriptions d'objets extérieurs et la poésie descriptive en général. Des lieder, des textes d'opéra, des textes d'oratorios, etc., peuvent ainsi, au point de vue purement poétique, être maigres et d'une certaine médiocrité ; pour que le musicien ait toute liberté d'action, le poète ne doit pas chercher à se faire admirer. HEGEL
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« prête si facilement ? Que doivent être, du moins que peuvent être les rapports de la poésie et de la musique ? L'auteur choisit defaire la part belle à la poésie et lui demande de s'effacer pour que naisse la musique.

Mais que penser decette position ? A quoi bon mettre de la poésie sur des pièces musicales si les paroles doivent être insignifiantes, si ellesn'apportent rien, si elles doivent même rester incompréhensibles ? A cet argument facile, il est possible derépondre que ce qui importe dans une pièce musicale, ce n'est pas la qualité du texte, - mais c'est la qualitéde la voix qui va le dire.

Peu importe que le texte du lied soit pauvre, pourvu que la voix du baryton soitbelle.

Et d'ailleurs prenons - nous moins de plaisir pour entendre des morceaux interprétés dans une langueinconnue ? Le plaisir est - il moindre pour entendre chanter en italien, - si c'est la Callas qui chante ? Pourtant, le texte doit bien importer : sans cela, sans aller à lui substituer des vocalises (le scat du jazz), ilserait possible de prendre des pièces de faible valeur.

Or FAURÉ choisit des textes de VERLAINE, deBAUDELAIRE.

WAGNER est si attaché à la valeur du texte du cycle du Ring qu'il a lui - même rédigé le livret.Et même DA PONTE se croyait le seul vrai auteur de Don Giovanni, - MOZART n'ayant été qu'un illustrateur.Peut - on croire que Cosi fan tutte ne dise rien sur les rapports des hommes et des femmes, sur leurinconstance ou sur la place que tient l'imagination dans la séduction ? Le texte occupe donc une place defait importante dans les pièces musicales.

Cette place est non seulement celle de l'occasion offerte à la voixde se manifester ; elle est d'apporter à la musique le moyen de nuancer le texte, de jouer sur l'interprétationlittérale de celui - ci.

Le Pinkerton de Madama Butterfly déclamerait une vraie déclaration d'amour, s'il n'étaitchanté par un baryton : le rôle de l'amoureux vrai et sincère est dévolu au ténor.

Sa flamme est moins cellede l'amour que celle du désir, - et la composition musicale dissipe le doute que le texte isolé pourrait laisserplaner. La thèse de HEGEL ne se comprend que si l'on se souvient qu'il distingue d'abord deux arts qu'il veut ensuiterapprocher.

La poésie comme la musique ont une valeur indépendante l'une de l'autre.

Si ces deux artsétaient vraiment indépendants, comment et surtout pourquoi les rapprocher ? Peut - être ROUSSEAU défend- il avec plus de raison l'union primitive du son et du sens.

Si les premières langues du Sud sont nées del'amour et du plaisir et que, pour cette raison, elles sont chantantes, alors il apparaît vain de chercherailleurs le lien de la musique et de la poésie : l'opéra est un seul et même art.

Il s'y exprime des sentimentsqui ne peuvent pas trouver autrement à s'exprimer : la musique et la poésie sont indissolublement unis parceque la première est le seul moyen pour la seconde de se faire comprendre : "(...) elle [la mélodie] n'imite passeulement, elle parle (...)" (ROUSSEAU.

Essai sur l'origine des langues.

XIV2 ) .

Ce pourquoi, ajouteROUSSEAU, certaines langues sont faites pour plus particulièrement adaptées au chant, - évidemmentl'italien pour l'opéra. Ce n'est donc pas à bon droit que HEGEL tient un propos prescriptif et particulièrement ce propos prescriptif.En effet, il ne parle plutôt de l'art de son temps que de l'art en lui - même.

Il peut être vrai qu'une poésieraffinée, par exemple celle de HÖLDERLIN, son contemporain ne se prêterait que difficilement à la musique.Mais une poésie plus simple, plus spontanée, plus expressive serait elle - même musique.

En ce sens, il estvain de parler de l'opéra comme d'un art combinant deux autres arts (musique et littérature) : il est un artpropre et autonome. HEGEL (Friedrich-Georg-Wilhelm).

Né à Stuttgart en 1770, mort à Berlin en 1831. Il fit des études de théologie et de philosophie à Tübingen, où il eut pour condisciples Hölderlin et Schelling.

Il futprécepteur à Berne de 1793 à 1796, puis à Francfort de 1797 à 1800.

En 1801, il devient privat-dozent à l'Universitéd'Iéna puis, les événements militaires interrompirent son enseigne- ment, et il rédigea une gazette de province.

En1808, il fut nommé proviseur et professeur de philosophie au lycée classique de Nuremberg.

De 1816 à 1818, ilenseigna la philosophie à l'Université de Heidelberg ; enfin.

à Berlin, de 1818 à sa mort.

due à une épidémie decholéra.

Peu de philosophes ont eu une influence aussi considérable que celle qu'exerça Hegel.

Peu aussi furent plussystématiques dans l'expression de leur pensée.

L'idéalisme hégélien part d'une conception de la totalité.

Le Toutest l'unité des opposés, la non-contradiction.

Mais la réalité est contradictoire, parce qu'elle est vivante, et vice. »

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