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Hegel : La Raison dans l'histoire

Publié le 22/02/2012

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[Un exemple] illustre historiquement et d'une manière parfaitement adéquate la synthèse de l'Universel et du particulier, la synthèse de la détermination nécessaire et du but apparemment contingent. C'est César en danger de perdre la position à laquelle il s'était élevé - position qui, si elle ne lui assurait pas encore la prédominance, le plaçait du moins au rang de ceux qui se trouvaient à la tête de l'État - et de succomber sous les coups de ses ennemis, lesquels pouvaient appuyer leurs desseins personnels sur la forme de la constitution et la force des apparences juridiques. César les a combattus poussé par le seul intérêt d'assurer sa position, son honneur, sa sécurité et les a vaincus. Or dans la mesure où ses ennemis étaient les maîtres des provinces de l'empire romain, sa victoire sur eux fut en même temps une conquête de la totalité de l'empire : il devint ainsi, sans toucher à la forme de la constitution, le maître individuel de l'État. Or le pouvoir unique à Rome que lui conféra l'accomplissement de son but de prime abord négatif, était en même temps en soi une détermination nécessaire dans l'histoire de Rome et dans l'histoire du monde : ce qui le guidait dans son oeuvre n'était pas seulement son profit particulier, mais aussi un instinct qui a accompli ce que le temps réclamait. Les grands hommes de l'histoire sont ceux dont les fins particulières contiennent la substantialité que confère la volonté de l'Esprit du Monde. C'est bien ce contenu qui fait leur véritable force. Ce contenu se trouve aussi dans l'instinct collectif inconscient des hommes et dirige leurs forces les plus profondes. C'est pourquoi ils n'opposent aucune résistance conséquente au grand homme qui a identifié son intérêt personnel à l'accomplissement de ce but. Les peuples se rassemblent sous sa bannière : il leur montre et accomplit leur propre tendance immanente. Georg Wilhelm Friedrich HEGEL, La Raison dans l'histoire, 1822. Trad. K. Papaoïanou, Pion, 1965, pp. 112-113.

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