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HEGEL: De l'universalité du besoin d'art

Publié le 26/04/2005

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hegel
L'universalité du besoin d'art ne tient pas à autre chose qu'au fait que l'homme est un être pensant et doué de conscience. En tant que doué de conscience, l'homme doit se placer en face de ce qu'il est, de ce qu'il est d'une façon générale, et en faire un objet pour soi. Les choses de la nature se contentent d'être, elles sont simples, ne sont qu'une fois, mais l'homme, en tant que conscience, se dédouble : il est une fois mais il est pour lui-même. Il faut donc rechercher le besoin général qui provoque une oeuvre d'art dans la pensée de l'homme, puisque l'oeuvre d'art est un moyen à l'aide duquel l'homme extériorise ce qu'il est. HEGEL
éléments d'explication  • L'art est un phénomène universel : on le rencontre dans toutes les cultures, sans exception, passées ou pré¬sentes ; aussi haut que l'on remonte dans l'histoire, on en trouve des témoignages (cf. par exemple les grottes de Lascaux).  • Selon Hegel, si l'art est universel, s'il est caractéristique de l'homme, c'est parce que ce dernier est un être « doué de conscience «, qu'il est conscience de soi. Mais pour que la conscience de soi échappe au vide de la pure tautologie : Je = Je (cf. Phénoménologie de l'esprit, IV, I), elle doit avoir un contenu. L'homme va donc prendre conscience de lui-même en prenant conscience de son être intérieur, des mouvements de son âme, de ses sentiments. • En faisant de son être propre l'objet de sa conscience, il « en fait un objet pour soi « c'est-à-dire un objet à part, séparé de lui, un objet pour sa conscience. Ainsi il se scinde, « il se dédouble «, il se place en face de lui-même, « de ce qu'il est d'une façon générale «. (L'homme en effet est un être générique, c'est-à-dire qu'en se pensant lui-même, l'homme individuel s'élève au-dessus de son individualité subjective et reconnaît en lui l'universel objectif que constitue l'Homme, ou le genre humain, dont chaque homme est individuellement le représentant.) En tant donc que l'homme est conscience de soi, qu'il se pense lui-même, il se pose lui-même comme objet. Il est par conséquent doublement : en soi et pour soi, tandis que les choses de la nature, qui sont dépourvues de conscience, sont simplement en soi. • Cet être-pour-soi, l'homme veut l'objectiver, le matérialiser dans les choses extérieures afin de l'offrir non seulement à sa propre contemplation, mais aussi à celle des autres consciences. • Ainsi c'est ce besoin, cette volonté d'extérioriser l'être-pour-soi dans la forme d'un objet qui est la source universelle de l'art. (Cet objet, note Hegel, sera d'abord le corps même de l'homme : par les peintures dont il se couvre, les tatouages, les mutilations, qui sont à mettre au nombre des premières manifestations artistiques, l'homme modèle son corps en inscrivant son être-pour¬soi sur et dans sa chair même.) Dans l'art donc, l'homme extériorise immédiatement le fait d'être un être-pour-soi, c'est-à-dire une conscience, mais il tente aussi d'extérioriser ce qu'est son être-pour-soi, c'est-à-dire le contenu de cette conscience. • Texte tiré de l'Esthétique, Introduction, II, 1 (coll. Champs, I, p. 61).

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« représenter.

L'autoportrait est peut-être, en ce sens, le plus bel hommage que l'art puisse rendre à laconscience humaine.C'est parce que tous les hommes sont doués de ces facultés que l'art est universel.

L'art se retrouve eneffet dans toutes les civilisations et à toutes les époques.

Il est un trait de la nature humaine.

La démarcheartistique trouve donc son origine dans la nature raisonnable de l'homme.

Pourtant l'art s'adresse à notresensibilité ; il s'agit donc d'une dialectique du sensible et de l'intelligible.La pensée de Hegel dans cet extrait connaît deux moments : dans un premier temps (depuis le début dutexte à « objet pour soi »), Hegel dresse le tableau de l'origine et des fondements de l'art dans laconscience humaine.

Dans un second temps (« les choses de la nature...

» jusqu'à la fin du texte), Hegeloppose la simplicité et la matérialité de la nature à la faculté humaine de se dédoubler : parce qu'elle n'estque matière, la nature donne à voir tout ce qu'elle est.

Concrètement, la nature existe simplement en tantqu'elle est, sans pouvoir se représenter et sans avoir conscience d'elle-même. QUESTION 2 a.

« Les choses de la nature se contentent d'être, elles sont simples, ne sont qu'une fois, mais l'homme, entant que conscience, se dédouble »À la différence de l'homme qui peut se dédoubler, c'est-à-dire être simultanément sujet et objet de sonanalyse, la nature se donne à percevoir telle qu'elle est, simplement, et n'a même pas conscienced'apparaître.

C'est la conscience réflexive de l'homme qui lui permet de prendre conscience de lui-même.L'homme parce qu'il est conscience peut donc se dédoubler, c'est-à-dire porter un jugement sur lui-même.Tout être humain a en effet la faculté de s'observer, de s'analyser et de se juger.

L'introspection est unedémarche qui requiert le dédoublement.

La mauvaise conscience est aussi le résultat d'un jugement moralque l'individu porte sur lui-même.

On comprend bien que seul l'homme est capable d'une telle démarche. b.

« l'oeuvre d'art est un moyen à l'aide duquel l'homme extériorise ce qu'il est »L'art, parce qu'il représente l'universalité de la présence de la conscience dans la nature humaine, est unmoyen qui permet à l'homme de présenter à autrui son rapport au monde, qui, d'intime, devient public.

C'estpour lui un moyen d'extérioriser ce qu'il est.

L'art est donc un moyen pour l'homme de manifester aux yeux del'autre l'état de ses pensées et de ses sentiments.

En ce sens, l'art est un langage qui permet à l'homme delivrer l'intimité de sa personnalité.

Plus encore, s'extérioriser représente pour l'homme la possibilité de selibérer : l'histoire de l'art est co-extensive à l'histoire de la libération de l'homme.

QUESTION 3 [Introduction] Si l'on entend par oeuvre d'art le produit d'un esprit qui traduit la volonté esthétique d'un artiste, alors, onpeut penser qu'il est une signature de la condition humaine.

L'expérience nous enseigne, à son sujet, quetoute société qui se crée, crée de l'art.

C'est donc le rapport qu'entretient l'homme avec l'art qu'il fautétudier, notamment au regard de son utilité : pouvons-nous nous passer d'oeuvres d'art ?Ou bien, parce que l'art serait futile, l'homme peut s'en passer : mais alors, comment expliquer qu'il n'y a pasune société sans art et que l'histoire de l'art traverse tous les siècles ? Ou bien l'homme ne peut pas s'enpasser : mais alors, comment expliquer que certains ont si peu de sensibilité qu'ils jugent l'art absurde oudérisoire ? [I.

L'oeuvre d'art n'est pas grand-chose au regard de la raison : on peut donc facilement s'en passer] En première analyse, on peut penser que la nature humaine se définit avant tout par la présence de laraison.

Ainsi, l'homme se distingue davantage dans les oeuvres de sa raison que dans les oeuvres liées à sasensibilité.

Parce qu'il est un être de raison, l'homme apprend à maîtriser sa sensibilité, à ne plus écouter sespassions.

L'art, en tant qu'il engendre un jugement de goût, en tant qu'il provoque un plaisir, vient s'inscrirecontre toute démarche rationnelle.

D'inutile, il peut devenir dangereux.

Réfléchissons : Platon chasse lespoètes de sa cité idéale dans son ouvrage La République, Rousseau condamne le théâtre au point de vouloirqu'il soit interdit à Genève.

En un mot, l'art doit être écarté de la vie de l'homme pour garantir sa moralité.Se passer de l'art devient donc une exigence morale.Pendant longtemps, l'art n'a été qu'imitation : le peintre reproduisait sur une toile un monde réel qui sedonne à voir sans pour autant livrer les secrets de sa construction.

On comprend avec Platon que l'art estune imitation d'imitation, une copie de copie.

Le lit que le peintre peint est la copie d'un lit réalisé par unmenuisier, celui-ci étant déjà conçu comme représentation de l'Idée de lit.

Dans La République, Platonmontre que l'art n'est qu'un trompe l'oeil, un simulacre, une tromperie, une illusion.

C'est donc parce que l'artnous éloigne de la vérité que nous devons nous en passer.

Enfin, parce qu'il apparaît comme étant inutile,futile, l'art n'a pas sa place dans un monde rationnel.

Plus encore, un monde exigeant, rapide, qui cherchel'efficacité, la rentabilité nous montre parfaitement comment nous pouvons nous passer d'art.

Contempler lebeau, c'est prendre le temps de le contempler.

Pour beaucoup, c'est donc perdre du temps.

Mais ici,apparaît le risque d'une condition humaine qui ne prend pas le temps d'observer, de contempler, de méditer.Si l'on peut véritablement se passer de l'art, en toute bonne logique, il faudra désormais apprendre à sepasser du beau, du sublime, de la sensibilité et de l'amour.. »

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