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Qu'est-ce que l'herméneutique ?

Publié le 22/02/2012

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L'herméneutique (du grec herméneuein, interpréter) a d'abord désigné l'interprétation des textes sacrés. Il s'agissait de saisir le sens de certains passages dont l'intelligibilité n'était pas immédiate. Or, la Bible étant la parole de Dieu, rien d'insignifiant ne pourrait s'y rencontrer. Tout devait avoir un sens digne de son auteur. On élabora alors l'idée que le texte comprenait deux niveaux de signification : le sens littéral (ce qui est dit exactement, à la lettre) et le sens spirituel ou allégorique (ce que cela signifie vraiment, selon l'esprit). L'art d'interpréter consistait à saisir le sens caché à partir du sens manifeste. La philologie, étude des textes anciens, consiste également à interpréter. L'herméneutique rassemblait ainsi un ensemble de règles et de procédures à observer pour lire correctement un texte (car interpréter, ce n'est pas deviner). C'était la "science du texte". Déchiffrer le sens caché Il est nécessaire d'interpréter lorsque la vérité n'est pas immédiate. L'interprétation consiste à déceler une vérité qui ne se donne pas immédiatement à la lecture d'un texte. Interpréter, c'est déchiffrer le sens caché sous le sens apparent, ce dont l'herméneutique biblique fut le premier paradigme historique. Cependant, en ce premier sens, la vérité et l'interprétation se recouvrent finalement en ce que le travail d'interprétation est un processus qui aboutit à la vérité. Pour cette première forme historique d'interprétation, celle-ci est une forme d'accès à la vérité. Or, pour qu'une herméneutique moderne apparaisse, il faut faire la différence entre ce qui fait sens et ce qui est vrai, il faut comprendre que l'absence de la vérité est comme la condition de l'interprétation, — l'herméneutique est une nouvelle métamorphose du problème philosophique de la vérité au XXe siècle. Si interpréter consiste à donner ou trouver une signification à un fait, un acte, un événement, un symbole, une parole, etc., on ne voit pas a priori ce qui pourrait lui échapper. Il est toujours possible d'interpréter ce que l'on veut. Pour être interprétable, il suffit de pouvoir recevoir un sens. Les grandes institutions culturelles telles que l'art, les religions, les sciences de la nature, les sciences humaines ou encore la philosophie elle-même ne se présentent-elles pas volontiers comme autant d'interprétations intégrales du monde ? Tout serait donc indéfiniment interprétable. « Il n'y a pas de faits, seulement des interprétations. » Nietzsche, Fragments posthumes Interprétation et vérité Qu'est-ce qui permet de faire la différence entre une bonne et une mauvaise interprétation ? L'hypothèse que tout puisse être interprété, qu'il n'y ait aucune limite à l'activité interprétative n'implique-t-elle pas qu'aucune interprétation ne peut être plus vraie qu'une autre et que toutes se valent ? Ce qui revient à dire qu'aucune interprétation ne peut accéder au rang de vérité (et réduire, ce faisant, toutes les autres versions à des discours fictifs). Une telle dissolution de l'exigence de vérité ne débouche-t-elle pas à son tour sur un relativisme, préjudiciable dans les domaines de la morale, du droit, de l'histoire ? Cependant, si la vérité est indépendante du sujet qui la découvre – par définition, la vérité vaut universellement pour tous, – l'interprétation, elle, s'ouvre à la subjectivité de celui qui l'effectue. Il s'agit chaque fois d'un sujet qui décrypte un signe et en propose le sens. Ce point est essentiel : l'interprétation implique l'intervention d'un sujet. Elle n'est pas le dévoilement d'une vérité, mais bien plutôt l'acte d'un sujet qui découvre une vérité. Dès lors, l'interprétation peut s'éloigner de la vérité, voire être erronée, ce qui se manifeste particulièrement dans le fait que le sujet peut identifier comme signe à interpréter ce qui ne l'est pas. En psychiatrie, par exemple, le paranoïaque est sujet à des "délires d'interprétation" : il voit des signes là où il n'y a pas lieu d'en percevoir, ce en quoi il est malade. Quand on reproche à quelqu'un d'avoir "mal interprété" des propos ou une attitude, on dénonce l'écart trop important entre le signe interprété et le sens proposé. Il semble ridicule de donner un sens à ce qui n'en a pas (le hasard, l'absurde), superflu de donner plusieurs significations à ce qui n'a qu'un sens, clair et évident (l'univoque), périlleux de conférer une signification à ce qui est inintelligent (les phénomènes naturels qui ne veulent rien dire, étant dépourvus d'une intention de signifier quelque chose : ainsi, la superstition qui prête un sens à la rencontre hasardeuse d'un chat noir ou d'un astre).

« XXe siècle. Si interpréter consiste à donner ou trouver une signification à un fait, un acte, un événement, un symbole, une parole, etc., on ne voit pas a priori ce qui pourrait lui échapper.

Il est toujours possible d'interpréter ce que l'on veut.

Pour être interprétable, il suffit de pouvoir recevoir un sens.

Les grandes institutions culturelles telles que l'art, les religions, les sciences de la nature, les sciences humaines ou encore la philosophie elle-même ne se présentent-elles pas volontiers comme autant d'interprétations intégrales du monde ? Tout serait donc indéfiniment interprétable. « Il n'y a pas de faits, seulement des interprétations.

» Nietzsche, Fragments posthumes Interprétation et vérité Qu'est-ce qui permet de faire la différence entre une bonne et une mauvaise interprétation ? L'hypothèse que tout puisse être interprété, qu'il n'y ait aucune limite à l'activité interprétative n'implique-t-elle pas qu'aucune interprétation ne peut être plus vraie qu'une autre et que toutes se valent ? Ce qui revient à dire qu'aucune interprétation ne peut accéder au rang de vérité (et réduire, ce faisant, toutes les autres versions à des discours fictifs).

Une telle dissolution de l'exigence de vérité ne débouche-t-elle pas à son tour sur un relativisme, préjudiciable dans les domaines de la morale, du droit, de l'histoire ? Cependant, si la vérité est indépendante du sujet qui la découvre – par définition, la vérité vaut universellement pour tous, – l'interprétation, elle, s'ouvre à la subjectivité de celui qui l'effectue.

Il s'agit chaque fois d'un sujet qui décrypte un signe et en propose le sens.

Ce point est essentiel : l'interprétation implique l'intervention d'un sujet.

Elle n'est pas le dévoilement d'une vérité, mais bien plutôt l'acte d'un sujet. »

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