La liberté est-elle possible sans le courage ?
Publié le 04/02/2004
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Dans le Lachès de Platon, Socrate tente avec Lachès et Nicias de définir le courage. Le dialogue est aporétique et aucune définition n'est retenue de la notion de courage. Toujours est-il qu'à son énonciation, on retient l'idée d'une affirmation du sujet face un obstacle, une opposition, une résistance. Le courage induit une non-passivité, une non-soumission. C'est peut-être à que le courage rejoint la liberté, qui, de prime abord, semble être la non-soumission par excellence. Alors que peut nous apprendre le courage sur la liberté ? Que ressort-il si on met les deux notions en rapport ? Il s'agit aussi d'examiner ici si pour être libre, il faut agir et résister, et en quel sens ?
«
contrainte comme bon lui semble.
Etre libre c'est ainsi revendiquer une forme d'autonomie, c'est dire qu'on veutpouvoir agir seul, sans se soumettre aux autres.
En ce sens, la liberté ne semble pas étrangère au courage.Vous pouvez alors montrer qu'être libre, ce n'est pas nécessairement faire n'importe quoi, car notre liberté estavant au service de la vérité, de la raison, du bien, bref d'un ensemble de valeurs qui font la dignité del'homme.
Or cette liberté peut nous demander du courage car elle est d'abord difficile, elle suppose un effortpuisque l'individu libre est toujours inscrit dans une histoire qu'il doit assumer.
De même pour être libre, il mefaut peut-être travailler, modifier la nature et extérioriser ma conscience.
Mais surtout la liberté demande ducourage, le courage pouvant être défini comme une ardeur, une énergie à entreprendre une action ou à pensermalgré le danger et la peur.
Car la liberté peut nous faire peur, puisqu'elle nous oblige à être responsables dece que nous sommes, alors qu'il est peut être tentant de s'en remettre à l'autorité de quelqu'un qui nousdispenserait d'agir et de penser.
Kant dit que l'humanité s'émancipe quand elle commence à oser se servir deson esprit, quand elle abandonne les fers dans lesquelles elle s'est elle-même mise.
Ainsi la liberté demande ducourage, car cette liberté est toujours à construire, elle prend la forme d'une lutte contre la nature mais aussicontre soi-même.
Vous pouvez, par exemple, penser aux analyses de Sartre ici lorsqu'il montre comment nousessayons sans cesse d'échapper à notre liberté.
Pensez, par exemple ici à la notion de mauvaise foi.
Quel sensalors accorder à la notion de liberté ?
[Tous les hommes naissent libres et égaux, quelles que soientleur vertus.
La liberté ne dépend pas des qualités physiques ou morales des individus.
Elle consiste simplementà pouvoir faire ce qu'on veut sans nuire à autrui.]
La liberté ne peut dépendre du mériteTous les êtres humains ne sont pas également courageux.
Pourtant, tous doivent être également libres, c'estune question de justice, d'humanité.
Pour Hobbes, c'est pour que les plus faibles n'aient pas à craindreconstamment l'agression des plus forts, pour protéger la liberté de tous les individus, que le pouvoir politique aété institué.
La liberté est un état naturel«La liberté est la faculté de faire pour son propre bonheur tout ce quine nuit pas au bonheur de ses associés», dit d'Holbach dans LeSystème de la nature.
Les hommes sont naturellement libres, et lelâche comme l'homme courageux peuvent exercer leur liberté.
Celle-cine se manifeste pas par des tâches héroïques mais par la simplejouissance de soi.
Rousseau dira: "L'homme est né libre et partout il estdans les fers."
La formule de Rousseau est marquante en ce qu'elle énoncemagistralement un paradoxe : l'homme est naturellement libre, il naîtlibre, mais il est toujours politiquement et socialement asservi.
Saisirl'enjeu de cette phrase contraint à la replacer dans son contexte, et àcomprendre qu'elle inscrit Rousseau dans la lignée du « droit naturel »,qui s'inscrit contre les théoriciens du « droit divin ».Dire que « l'homme est né libre » est répondre à une phrase de Bossuet(1627-1704) : « Les hommes naissent tous sujets ».
Bossuet affirmaitque cette sujétion de l'homme est naturelle dans un ouvrage dont letitre est un programme et un manifeste : La politique tirée des propresparoles de l'Ecriture sainte ».Depuis le XVI ième, la théorie politique voit s'affronter deux courants ;la théorie du droit divin, voire de la monarchie de droit divin, dont Bossuet est un représentant, et la théoriedite du « droit naturel » à laquelle Rousseau se rallie.La théorie du droit divin se fonde sur un passage de la Bible, et plus précisément sur ce passage de l' «Epîtres aux Romains » de Saint Paul :« Que toute âme soit soumise aux puissances supérieures, car il n'y a point de puissance qui ne vienne deDieu et celles qui existent ont ètè instituées par lui.
Ainsi qui résiste à la puissance, résiste à l'ordre de Dieu[...].
Il est nécessaire d'être soumis non seulement par crainte, mais encore par l'obligation de conscience ».Toute autorité politique vient de Dieu, et donc qu'il existe aucun droit de résistance face aux autorités enplace, qui n'ont de compte à rendre qu'à la divinité.
Quel que soit le régime, on lui doit une obéissanceinconditionnelle.Ce courant s'est vu concurrencé par un autre, (né avec la Réforme de Luther et la contestation des autorités.
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