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Heurter le fondement de toutes les Sciences La grammaire, qui fait obéir jusqu'aux rois, Et les fait la main haute obéir a ses lois. Expliquer ces vers des Femmes Savantes et montrer l'utilité de la grammaire, qui s'impose non seulement aux rois, mais encore et surtout aux simples particuliers.

Publié le 18/02/2012

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Depuis le jour où je me fis expliquer ce que c'est qu'un Agrégé de Grammaire, je professe à l'égard de cette sorte d agrégés le respect le plus admi-ratif. Je soupçonne l'un d'eux d'avoir choisi ce thème çeu banal de composition française, sur lequel moi-même j'ai jeté mon dévolu. Peut-être mon audace est-elle téméraire, et je tremble un peu, à la pensée que cette dissertation va tomber entre les mains d'un autre de ces maîtres, si hauts placés en mon estime. A défaut de compétence, puisse-t-il y trouver, avec toute ma bonne volonté, l'expression de ma sympathie pour cette science fondamentale, dans laquelle il s'est spécialise !...

« tation.

lei, Philaminte met cette derniere a contribution, et non sans a- propos.

En effet, le cavalier qui tient la main haute, ou, comme on dit plus couramment, « haut la main dirige avec beaucoup plus d'aisance sa mon- ture.

Cette expression equivaut a : sans la moindre difficult& Voila expliques les vers de Moliere en fonction des personnages.

Mais detaches de leur contexte, debarrasses de leur ton pretentieux, de ce style emphatique qui sevit dans la maison du bon bourgeois Chrysale, ils ren- ferment une definition, tout an moires un eloge de la grammaire, rigou- reusement acceptable. Pretendre que la grammaire est le fondement de toutes les sciences parait a premiere vue exagere; mais a la reflexion on ne tarde pas a decouvrir l'exactitude de cette affirmation.

Oui, la grammaire est a l'origine de toute science, et elle tom-he a toutes les sciences.

Science elle-meme, elle etudie le langage, sans lequel aucune science n'aurait pu se former, se developper; elle en determine les lois, qui cant les lois manes de la pensee, les exigences iternelles de l'esprit humain. Ceci dit, evidemment, de la grammaire generale qui traite des principes communs a toutes les longues, tels que la distinction des ,especes de mots, leur nature, leurs modifications de genre et de nombre, leurs fonctions dans la proposition, les fonctions des propositions dans la phrase, etc...

Cette affirmation serait moires vraie de In grammaire particuliere, qui se borne a enregistrer les principes propres a une langue, tels que la maniere de former le feminin et le pluriel dans les mots frangais, les regles d'accord des participes, etc..., regles qui peuvent varier d'une langue a l'autre.

Et cette science passede le plus vaste domaine qui soil Elle plunge ses ravines dans la metaphysique, la logique, In psychologie, l'histoire, la hi- lologie d'une part, et de l'autre, dans la physique et l'histoire naturelle. Sans doute Philaminte l'ignorait en partie, car la grammaire de son temps se reduisait a celle de Vaugelas (1647) et a celle de Port-Royal (1660).

Le premier n'avait guere fait qu'enregistrer, nous rayons dit, le bon usage, et it en avait tire des regles accompagnees de nombreuses exceptions pedals an pen ien subtiles.

Quart aux grammairiens de Port-Royal, Rs tendaient a reduire in grammaire a une construction purement intellectuelle; I en faire a n departement de la philosophie.

Ils se sort essay& A en ,degager les lois generates par vole de raisonnement, effort louable, mais en partie vain, puce que wale l'observation, portant ses investigations dans les leagues issues de in meme snuche, pouvait decouvrir ces lois.

La grammaire comprend maintertant is phonetique, etude des sons et des signes qui les figurent - par consequent suppose la contribution de la phy- sique et de la physiologie - (travaux de l'abbe Rousselot, de ses successeurs et de ses emules); in morphologic, parfois appelee lexicologie, etude des mots et des expressions, de leurs origines, de leur formation (composition et derivation) - etle fait alors appel a l'etymologle, a l'histoire, A in philo- logie, A la metaphysique, car le mot n'est que la forme de l'idee, a la psy- chologie aussi, car rime humaine en general et ses operations si delicates West traduite dans le langage, car Fame -de chaque pewit s'est exprisnee darts les langues particulierea; la syniare, etude de i'agencement des mots dans la proposition, de la proposition dans la phrase, qui releve en g,rande partie de In lagique; enfin la stylistique, etude des procedis capables de dormer I la pensee son maximum de force et d'ilegance et qui procede a la fois de la logique et de l'esthetique. Voila, croyons-nous, brievement exposees, les relations qui unissent la grammaire aux sciences.

Ajoutons qu'aucun savant ne saurait se soustraire impunement a ses disciplines.

S'il la neglige ou la brave, sa pensee s'em- brume, se dissocie, s'affaiblit.

S'il se comprend encore lui-meme, it n'est plus compris, it manque son but, car qu'est-ce qu'une science qui ne peut se communiquer? Descendant de ces hanteurs, nous pouvons affirmer aussi bien que la grammaire s'impose et est utile non seulement aux grands de la terre, mais encore it tous les hommes qui pretendent exercer pleinement leur metier d'hommes.

Sans doute les souverains, les chefs d'etat, tons les premiers, doivent se tation. Ici, Philaminte met cette dernière à contribution, et non sans à- propos. En effet, le cavalier qui tient la main haute, ou, comme on dit plus couramment, « haut la main », dirige avec beaucoup plus d'aisance sa mon­ ture. Cette expression équivaut à : sans la moindre difficulté.

Voilà expliqués les vers de Molière en fonction des personnages.

Mais détachés de leur contexte, débarrassés de leur ton prétentieux, de ce style emphatique qui sévit dans la maison du bon bourgeois Chrysale, ils ren­ ferment une définition, tout au moins un éloge de la grammaire, rigou­ reusement acceptable.

Prétendre que la grammaire est le fondement de toutes les sciences paraît à première vue exagéré; mais à la réflexion on ne tarde pas à découvrir l'exactitude de cette affirmation. Oui, la grammaire est à l'origine de toute science, et elle touche à toutes les sciences.

Science elle-même, elle étudie le langage, sans lequel aucune science n'aurait pu se former, se développer; elle en détermine les lois, qui sont les lois mêmes 4e la pensée, les exigences éternelles de l'esprit humain.

Ceci dit, évidemment, de la grammaire générale qui traite des principes communs à toutes les langues, tels que la distinction des espèces de mots, leur nature, leurs modifîcatioiis de genre et de nombre, leurs fonctions dams la proposition, les f onctions des propositions dans la phrase, etc.. dette affirmation serait moins vraie de la grammaire particulière, qui se borne à enregistrer les principes propres à une langue, tels que la manière de former le féminin et le pluriel dans les mots français, les règles d'accord des participes, etc., règles qui peuvent varier d'une langue à l'autre.

Et cette science possède le plus vaste domaine qui soit. Elle plonge ses racines dans la métaphysique, la logique, la psychologie, l'histoire, la phi­ lologie d'une part, et de l'autre, dans la physique et l'histoire naturelle.

Sans doute Philaminte l'ignorait en partie, car la grammaire de son temps se réduisait à celle de Vaugelas {1647) et à celle de Port-Royal (1660). Le premier n'avait guère fait qu'enregistrer, nous l'avons dit, le bon usage, et il en avait tiré des règles accompagnées de nombreuses exceptions parfois un peu bien subtiles.

Quant mm grammairiens de Port-Royal, ils tendaient à réduire la grammaire à une construction purement intellectuelle; à en faire mu département de la pidtasophie. Ils se sont essayés à en dégager les lois générales par voie de raisonnement, effort louable, mais en partie vain, parce. »

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