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Une histoire de l'anarchisme ou l'individu contre l'Etat et la religion

Publié le 18/06/2011

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« Elle est totale : dans une révolution, il ne s'agit pas de libérer une classe déterminée, mais le genre humain toutentier : « Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m'entourent, hommes et femmes, sontégalement libres.

La liberté d'autrui, loin d'être une limite ou la négation de ma liberté, en est au contraire lacondition nécessaire' et la confirmation » (Bakounine).Elle est le fond même de l'humanité, elle est synonyme d'humanité, elle est due aux hommes de par leur nature, etl'on ne peut « concevoir rien d'humain sans liberté » (Bakounine).Pour les libertaires, la révolution n'a pas pour but de remplacer le régime d'une classe par le régime d'une autreclasse, de faire donc d'abord une révolution seulement politique telle que la préconisent les marxistes autoritairespar leur notion de « dictature du prolétariat », mais de faire d'un seul coup la révolution politique et la révolutionsociale, de remplacer immédiatement et totalement la société par une autre, par une communauté économique etfédérative qui se constituera d'hommes libres, conscients et responsables et qui seront enfin capables de gérer leursaffaires eux-mêmes sans passer par le truchement d'une autorité gouvernementale.

« De même que l'iniquitééconomique se traduit en une simple expression : la propriété individuelle, de même l'iniquité politique peut serésumer en un mot : gouvernement ».Pour la théorie anarchiste, il ne doit pas y avoir une phase de transition à caractère étatique — si provisoire oucourte qu'elle soit : l'essentiel étant l'abolition de l'Etat, toute révolution qui n'y parvient pas d'un seul coup doitêtre considérée comme ratée, car elle sera récupérée par un système autoritaire ou l'autre.Le grand défenseur de l'individu dans son unicité, c'est l'Allemand Stirner.

De cette unicité découle logiquement quel'individu, pour se réaliser pleinement, doit être totalement libre : aucune limite, aucune entrave ne doiventempêcher le libre épanouissement de l'individu : « Tu as le droit d'être ce que tu as la force d'être.

» Par cetteréhabilitation de l'individu, Stirner découvre le subconscient freudien et même, par certains côtés, la philosophieexistentialiste : « Je pars d'une hypothèse en Me prenant pour hypothèse.

» Cette exaltation de l'individu mèneparfois Stirner à des positions asociales ; mais le fond de sa pensée est social : une association entre hommes nepeut être fertile que si elle repose sur la libre adhésion d'individus conscients de leur unicité.Bakounine est à la fois individualiste et sociétaire.

Pour lui, « la liberté, c'est le droit absolu de chaque être humainde ne point chercher d'autre sanction à ses actes que sa propre conscience, de ne les déterminer que par savolonté propre et de n'en être, par conséquence, responsable que vis-à-vis de lui-même d'abord.

» Mais laproclamation de l'absolue liberté individuelle ne lui fait pas renier toute obligation sociale.

La liberté individuelle nepeut s'acquérir qu'en fonction de la liberté de tous les autres individus.

Toute association entre hommes doit êtrelibre, mais, puisqu'elle offre des avantages énormes, « l'association sera préférée par tout le monde ».

Bakounine estparvenu à faire une synthèse de l'individu et des masses : « Toute vie sociale n'est autre chose que cettedépendance mutuelle incessante des individus et des masses.

» Le mouvement révolutionnaire est le produit decette action réciproque : aussi, pour Bakounine, l'action individuelle et l'action des masses ont — à différents stades— la même importance.

L'homme révolutionnaire doit commencer par se révolter contre lui-même, il doit détruiretout ce qui en lui n'est pas sa propre nature, mais le produit de son environnement, en premier lieu la morale ditebourgeoise.La spontanéité des masses est la force centrale, la force motrice de toute révolution : « Toutes les révolutions sesont accomplies par la spontanéité du peuple » (Proudhon).Aucune direction politique ne peut provoquer cette révolution si les conditions et la conscience du peuple ne sontpas mûres, et aucun parti politique n'a le droit d'exploiter pour ses propres fins cette spontanéité : après larévolution sociale, c'est tout le peuple qui doit construire la nouvelle société, non de haut en bas comme le font lessocialistes, mais de bas en haut.Bakounine trouve dans la Commune une première confirmation de ses théories : l'action des leaders a été presquenulle, la spontanéité des masses l'a emporté ; mais l'échec de la Commune montre le problème épineux, la profondecontradiction devant laquelle se trouve la théorie anarchiste : la spontanéité des masses est nécessaire pourdéclencher une révolution, mais elle n'est pas suffisante pour la faire triompher.

Il faut que, dans cette masse, il yait une élite de révolutionnaires conscients.

« Il est certain que dans l'état actuel de la société, où la grandemajorité des hommes, écrasée par la misère et abrutie par la superstition, gît dans l'abjection, les destinéeshumaines dépendent de l'action d'un nombre relativement peu considérable d'individus7.

» Mais cette élite renfermeen elle le danger d'une nouvelle domination.

Bakounine, ancien conspirateur, demeure convaincu de la nécessitéd'une avant-garde consciente ; cependant, ce groupe de révolutionnaires ne doit jamais se transformer en ungroupe de dirigeants, il ne doit jamais imposer une révolution, il doit simplement soutenir la spontanéité des masseset susciter leur organisation autonome de bas en haut.

La conscience révolutionnaire devrait passer de cette élite àla masse ; mais tant que ce phénomène ne se produit pas, la contradiction subsiste : tel est le drame desanarchistes dans la révolution russe et partiellement dans la révolution espagnole. Toute autorité aliène l'homme de sa destination naturelle : « Le principe d'Autorité, voilà le Mal.

Le principe de Liberté, voilà le Remède.

» L'Etat : L'Etat n'est jamais synonyme de Société, « il n'en est qu'une forme historique aussi brutale qu'abstraite »(Bakounine).

De même, l'Etat ne pourrait jamais être considéré comme l'équivalent de la Patrie : « L'Etat n'est pas laPatrie, c'est l'abstraction, la fiction métaphysique, politique, juridique de la Patrie » (Bakounine).

Mais l'Etat estsynonyme de gouvernement, de « patrimoine d'une classe privilégiée quelconque ».

« Le gouvernement de l'hommepar l'homme, c'est la servitude » (Proudhon).

La révolution ne sera donc réussie que si elle parvient à la destructionde l'Etat.Bakounine déborde et enrichit Marx dans la mesure où, pour lui, l'Etat — esclavage politique — n'est pas seulement. »

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