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L'histoire est-elle dépourvue de sens ?

Publié le 20/01/2004

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histoire
Ainsi l'idée d'une histoire orientée positivement ne puise-t-elle pas son origine dans notre désir d'un avenir meilleur et celle d'une histoire tragique dans une nostalgie du passé? Ainsi l'idée d'un sens de l'histoire serait plus une illusion qu'une réalité avérée. Elle exprimerait plus nos désirs et nos craintes que la réalité du processus historique.- Bien loin de fournir des exemples de progression ou de régression, l'histoire, comme le soutient Paul Valéry, présente des exemples de tout : « L'histoire n'enseigne rigoureusement rien, écrit-il, car elle contient tout, et donne des exemples de tout. »- Le progrès n'est pas un fait observable à travers l'histoire, c'est simplement un idéal que la raison peut forger. Nous sommes capables de former le projet d'une amélioration de la condition des hommes. Cela ne prouve pas que ce progrès soit inévitable et nécessaire. C'est le point de vue que soutient Kant dans Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique.  Suite et fin du devoir (un second et dernier code PassUp vous est demandé. Ce code vous coûtera 1,80 euros).
histoire

« introduction Les sciences exactes prétendent se borner à constater des faits et à formuler des lois.

Elles refusent de seprononcer sur un hypothétique « sens » des choses.

Dans un souci d'objectivité tout positiviste, certains historiens,observant que les faits historiques sont uniques et qu'en conséquence on ne saurait dégager de lois en histoire, ontvoulu ramener la science historique à de pures annales, une simple réunion de faits d'où serait exclu, comme enscience physique, tout sens.

Mais, demandait Husserl, de quelle utilité l'histoire sera-t-elle pour l'homme si elle nepeut dépasser une objectivité de ce type, si elle « n'a rien de plus à nous apprendre que le fait que toutes lesformes du monde de l'esprit, toutes les normes qui donnèrent à chaque époque aux hommes leur tenue, se formentcomme des ondes fugitives et comme elles à nouveau se défont, qu'il en a toujours été ainsi et qu'il en sera toujoursainsi, que toujours à nouveau la raison se changera en déraison et toujours les bienfaits en fléaux ? » (La Crise dessciences européennes, 1,2).

Nous faut-il nous résigner à voir dans l'histoire un chaos absurde d'événements, oupouvons-nous lui attribuer un sens ? Première partie : La conception fataliste de l'histoire a) L'homme contemple les événements passés qui forment une suite douloureuse de guerres, de massacres,d'empires qui s'élèvent pour disparaître bientôt.

Ces événements qui lui apparaissent aussi injustifiés qu'inévitables, illes attribuera au destin compris comme une force aveugle et funeste, incompréhensible et irrationnelle, aux arrêtsirrévocables.

C'est la Moïra des Grecs, la « Fille de la nuit » d'Hésiode.

De là un sentiment tragique de l'histoire,puisque l'homme ne peut que s'élever contre l'absurdité et l'injustice d'un tel destin tout en sachant que sa révoltesera inutile, que sa cause est juste et qu'il sera pourtant vaincu. b) Si je vois dans l'histoire un destin conçu comme moïra, c'est que je cherche, et échoue, à expliquer dans uneperspective morale les faits historiques : l'histoire n'a, d'un point de vue éthique, aucun sens.

Mais je peux quittercette optique et considérer les phénomènes historiques du seul point de vue de la causalité : tout événement doitavoir une ou plusieurs causes dont il est l'effet.

L'histoire sera alors saisie, ainsi que chez les stoïciens, comme undestin qui n'est plus moïra mais eïmarmenê : le destin est un ordre, un enchaînement de causes, une loi résultant dela nature des choses, de l'ordonnancement même du cosmos; il est « une disposition du tout depuis l'éternité, dechaque chose, suivant et accompagnant chaque autre chose, disposition qui est inviolable » (Chrysippe).

(Cf.

aussiSpinoza, Eth., I, 33).

Certes, une telle conception du destin m'appelle à « me complaire à ce qui arrive » ; l'histoire,en même temps qu'elle n'humilie plus les hommes, perd toute dimension tragique.

Cependant, en même temps quej'abandonne toute velléité de modifier le cours des choses en reconnaissant la puissance du destin, je renonce àdonner une finalité à l'histoire des hommes autre que la production même de cet ordre avec lequel se confond ledestin.

Ce dernier est à lui-même sa propre fin et, immuable, il ne peut que se reproduire éternellement (cf.

lathéorie stoïcienne de l'éternel retour et de la « conflagration », fin d'une histoire qui s'ouvre sur son proprerecommencement).

Ainsi, dire que l'histoire est un destin, eïmarmenê, c'est dire au fond que l'histoire n'existe pas. Deuxième partie : La conception théologique de l'histoire • Du destin à la Providence.a) Je ne puis donc, sous peine de la nier, considérer l'histoire comme un destin qui ne serait qu'un pur « nœud decauses ».

Il faut que j'attribue à ce destin une finalité, un but en vue duquel il ordonne l'histoire en lui conférant dumême coup un sens.

Cette fin de l'histoire constitue donc un ordre à venir, qui remplacera de manière irréversiblel'ordre présent du monde humain, et par conséquent du cosmos tout entier, ce dernier ordre se trouvant d'ailleursmodifié au fur et à mesure de l'avancement de l'histoire.

Cette conception téléologique me fait saisir le destin nonplus comme eïmarmenê, mais comme pronoia, comme Providence, expression d'une Intelligence supérieure.

Telle estl'appréhension chrétienne de l'histoire, qui voit cette fin dans l'établissement de l'Église universelle (cf.

Bossuet,Discours sur l'histoire universelle (3e partie) ou de la « Jérusalem céleste » (cf.

saint Augustin, La Cité de Dieu, XV-XIX), état de paix parfaite où les hommes seront unis pour jouir de Dieu. b) La Providence, et c'est ce qui instaure l'histoire en tant que telle, oriente donc non plus des individus atomisés,comme le faisait le destin, mais l'humanité comme une totalité.

Cf.

saint Augustin : « La Providence divine, quiconduit admirablement toutes choses, gouverne la suite des générations humaines depuis Adam jusqu'à la fin dessiècles comme un seul homme, qui, de l'enfance à la vieillesse, poursuit sa carrière dans le temps en passant partous les âges » (De quaestionibus, 83, q.

58).Aussi a-t-on pu dire que « dans la pensée occidentale, le sens de l'histoire dérive du christianisme qui fait dechaque existence une aventure solitaire où se joue le salut d'une âme, de l'humanité entière une destinée une parsa vocation, entre la chute et la rédemption.

Sécularisée dans l'idée de progrès, cette philosophie n'en maintenait. »

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