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L'histoire est-elle une mémoire collective ?

Publié le 15/02/2004

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histoire
L’histoire avant tout s’écrit. L’histoire est la mise en récit des évènements passés, et en cela elle s’apparente à une mémoire qui conserve le souvenir du passé. Parce qu’elle s’écrit, se transmet par l’éducation et les témoignages, s’entretient grâces aux cérémonies commémoratives et aux coutumes, cette « mémoire « que constitue l’histoire apparaît commune à tous, car nous appartenons tous à l’humanité et nous sommes pris dans cette histoire . Cependant, les suites historiques sont diverses et leurs synthèses se révèlent multiples et variées. Les formes historiques, mobiles, se succèdent sans répit et l’histoire semble éclatée en une multitude d’histoires, relatives à un point de vue donné, un contexte géographique, une culture. Dès lors, chacun peut avoir sa propre conception de l’histoire, et l’histoire n’apparaît plus comme une mémoire collective, mais devient relative à la position que l’on se donne dans l’histoire. L’histoire, en évolution constante, qui prend de multiples formes et concerne des évènements hétérogène, peut-elle être rassemblée et contenue dans une seule mémoire, qui de surcroît, serait une mémoire commune à l’ensemble de la communauté des hommes ? L’histoire peut-elle être une mémoire collective ?
 
  • 1ère partie : L’histoire est d’abord une mémoire subjective établie par les historiens.
 
  • 2ème partie : L’histoire est une représentation universelle qui se donne comme mémoire collective.


histoire

« - L'histoire peut toutefois être écrite de la manière la plus neutre possible, si l'historien refuse l'ethnocentrisme oul'égocentrisme qui le conduisent à adopter un point de vue partial sur les évènements.

L'histoire cherche alors à sefaire science, en généralisant et en dégageant des lois pour tendre à l'universalité de l'histoire comme mémoirecollective.

C'est l'ambition de « l'histoire réfléchie », qui pour Hegel doit nécessairement renoncer à unereprésentation détaillée ou individuelle du réel et se livrer à des « abstractions ».

Cette abstraction abrège etobjective l'histoire, et la permet de la saisir dans sa totalité et son enchaînement nécessaire.

L'histoire devient alorsaccessible à tous, et peut devenir une mémoire collective. - Mais c'est aussi parce que les hommes font l'histoire, et font partie de l'histoire, qu'ils peuvent se l'appropriercomme mémoire.

Un histoire trop épurée comme celle que propose Hegel risque en effet de ne plus affecterl'individu, et d'être une supra-mémoire, générale, mais pas intégrée collectivement.

L'histoire est une mémoirecollective à partir du moment où chacun se sent acteur de l'histoire, et reconnaît les évènement passé commefaisant partie de sa propre histoire.

L'histoire est une mémoire collective si elle donne à chacun une conscienced'appartenir à la totalité historique, en tant que membre de l'Humanité. - Pour cela, l'histoire institue un devoir de mémoire c'est-à-dire une injonction morale à se souvenir et à reconnaîtreles évènements du passé.

Le devoir de mémoire en général, est institué après des conflits qui ont causés denombreux dégâts, afin de reconnaître le statut des victimes.

Instaurer un devoir de mémoire nous oblige à admettreles faits tels qu'ils se sont passés, à les garder intacts, et à ne pas chercher à les minimiser, à les nier ou à lesoublier.

En ce qui concerne la Shoah, par exemple, le devoir de mémoire consiste à se souvenir des victimes, à« rappeler l'horreur, dire le chagrin de ceux qui ont vécu la tragédie » (Jacques Chirac). - L'histoire contracte comme une dette collective à l'égard du passé, comme une revendication légitime du passé àl'égard du présent.

Nietzsche explique dans le second traité de la Généalogie de la morale que la mémoire est ce qui permet à l'homme de promettre, c'est-à-dire de s'engager sur l'avenir.

La mémoire de l'histoire vise alors à nousresponsabiliser.

Le passé se constitue donc comme une dette qu'il est important de garder en mémoire pour pouvoirs'en acquitter dans l'avenir. - L'histoire permet d'incorporer la mémoire individuelle de chacun à la mémoire collective : la mise en récit d'unévènement traumatisant permet alors d'assurer un apaisement des consciences individuelles.

C'est ce que PaulRicœur nomme « la juste mémoire », c'est-à-dire une mémoire apaisée qui intègre la vie du souvenir et le besoin deréconciliation.

La mémoire ainsi apaisée, le ressentiment disparaît. - La connaissance du passé permet en effet de s'affirmer dans le présent.

C'est parce que l'on sait d'où l'on vientque l'on pourra savoir avec assurance où l'on va.

L'histoire est une mémoire collective car elle est vivante, active,elle fédère la collectivité et la guide.

Les éléments du passés peuvent éclairer notre route, en nous indiquant leserreurs à ne pas reproduire, les risques que l'on encoure, et les moyens de s'en prémunir. Conclusion : L'histoire est une mémoire, car elle est la mise en récits des évènements passés.

Chacun possède son histoirepersonnelle, et la mémoire individuelle est alors l'histoire courte et partielle de notre vécu.

Mais pour connaîtrel'histoire totale, celle qui embrasse toutes les époques et tous les évènements, il est nécessaire d'en faire unescience, c'est-à-dire de la constituer à partir de témoignages, documents, de la généraliser pour en avoir une vueglobale et comprendre les enchaînements des évènements.

Une telle histoire devient alors L'Histoire, celle qui estinstituée, et donnée identique à tous pour qu'elle soit intégrée comme mémoire collective.

C'est parce que chacunest conscient de faire partie de cette grande histoire de l'humanité, qu'elle devient une mémoire collective, sanscesse rappelée à chacun, entretenue, réactualisée, pour garder vivace la mémoire des faits passés.. »

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