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L'histoire s'oppose-t-elle à la nature ?

Publié le 16/03/2004

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histoire

La vue des ruines d'une magnificence antérieure, nous conduit à saisir cette transformation par son côté négatif. [...] Or la conséquent la plus prochaine qui se rattache à la transformation, c'est que celle-ci qui est ruine, est aussi naissance d'une vie nouvelle. « La transformation, les grandes périodes de l'histoire sont les moments où le monde existant et reconnu est mort, miné par de nouvelles possibilités, par l'exigence de donner forme au nouveau stade de l'Idée de liberté. Or la force de casser les vieilles structures et de fonder les nouvelles, Hegel l'assigne aux grands hommes de l'histoire (Alexandre, César, Napoléon). Ce sont des héros dans la mesure où leurs passions personnelles coïncident avec l'exigence du temps, et leur donnent la capacité de passer par-dessus les lois et la morale reconnues pour « accoucher « l'histoire de sa nouvelle forme. La ruse de la raison, la ruse de l'histoire consistent en ce que les hommes croient réaliser leur ambition et mettent en réalité au jour ce qu'exigeait l'époque : « Il résulte de l'action des hommes en général encore autre chose que ce qu'ils projettent et atteignent, que ce qu'ils savent et veulent immédiatement ; ils réalisent leurs intérêts, mais il se produit avec cela quelqu'autre chose qui y est caché à l'intérieur, dont leur conscience ne se rendait pas compte, et qui n'était pas dans leurs vues. « Les passions humaines, les buts particuliers des hommes ne servent qu'à réaliser la progression de l'Idée de liberté, et la connexion du stade déterminé de la conscience de la liberté et des aspirations humaines se manifeste au sein d'une forme politique et étatique elle-même déterminée : « Ainsi deux éléments interviennent dans notre sujet : l'un est l'Idée, l'autre les passions humaines ; l'un est la chaîne, l'autre la trame du grand tapis que constitue l'histoire universelle étendue devant nous. La liberté morale dans l'Etat forme le centre concret et la jonction de ces deux éléments. « L'ultime conséquence de cette compréhension de l'histoire est que, loin qu'on puisse juger l'histoire, celle-ci devient le tribunal des actions humaines.

L'Histoire est la lutte de l'esprit contre la nature. Toute histoire est culturelle et manifeste tous les efforts de l'homme pour conquérir sa liberté aux dépens des nécessités naturelles.

MAIS...

Les passions naturelles des hommes permettent à l'Histoire de se réaliser pleinement au travers des luttes et des guerres. En ce sens, l'histoire serait l'accomplissement de la nature humaine.

histoire

« décrit comme un sujet qui a tous les droits sur une nature qui lui appartient (« possesseur »), et qui peut enfaire ce que bon lui semble dans son propre intérêt (« maître »).Pour qu'un tel projet soit possible, il faut avoir vidé la nature de toute forme de vie qui pourrait limiter l'actionde l'homme , et poser des bornes à ses désirs de domination & d'exploitation.

C'est ce qu'a fait lamétaphysique cartésienne, en établissant une différence radicale de nature entre corps & esprit.

Ce qui relèvedu corps n'est qu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique.

De même en assimilant les animaux àdes machines, Descartes vide la notion de vie de tout contenu.

Précisons enfin que l'époque de Descartes estcelle où Harvey découvre la circulation sanguine, où le corps commence à être désacralisé, et les taboustouchant la dissection, à tomber.Car ce qu'il y a de tout à fait remarquable dans le texte, c'est que le projet de domination technicienne de lanature ne concerne pas que la nature extérieure et l'exploitation des ressources naturelles.

La « philosophiepratique » est utile « principalement aussi pour la conservation de la santé ».

Le corps humain lui aussi, dansce qu'il a de naturel, est objet de science, et même objet principal de la science.

« S'il est possible de trouverquelque moyen qui rende les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'estdans la médecine qu'on doit le chercher.

»La véritable libération des hommes ne viendrait pas selon Descartes de la politique, mais de la technique et dela médecine.

Nous deviendrons « plus sages & plus habiles », nous vivrons mieux, en nous rendant « commemaîtres & possesseurs de la nature ».

La science n'a pas d'autre but. L'ordre social se constitue contre l'ordre naturelOù finit la nature ? Où commence la culture cad l'histoire ?Dans « Les structures élémentaires de la parenté », Lévi-Strauss a tenté de répondre à cette doublequestion.La première méthode, dit-il, et la plus simple pour repérer ce qui est naturel en l'homme, consisterait à l'isolerun enfant nouveau-né, et à observer pendant les premiers jours de sa naissance.

Mais une telle approches'avère peu certaine parce qu'un enfant né est déjà un enfant conditionné.

Une partie du biologique à lanaissance est déjà fortement socialisé.

En particulier les conditions de vie de la mère pendant la périodeprécédant l'accouchement constituent des conditions sociales pouvant influer sur le développement del'enfant.

On ne peut donc espérer trouver chez l'homme l'illustration de comportement préculturel.La deuxième méthode consisterait à recréer ce qui est préculturel en l'animal.

Observons les insectes.

Queconstatons-nous ? Que les conduites essentielles à la survivance de l'individu et de l'espèce sont transmiseshéréditairement.

Les instincts, l'équipement anatomique sont tout.

Nulle trace de ce qu'on pourrait appeler «le modèle culturel universel » (langage, outil, institutions sociales, et système de valeurs esthétiques, moralesou religieuses).Tournons-nous alors vers les mammifères supérieurs.

Nous constatons qu'il n'existe, au niveau du langage, desoutils, des institutions, des valeurs que de pauvres esquisses, de simples ébauches.

Même les grands singes,dit Lévi-Strauss, sont décourageants à cet égard : « Aucun obstacle anatomique n'interdit au singe d'articulerles sons du langage, et même des ensembles syllabiques, on ne peut qu'être frappé davantage par sa totaleincapacité d'attribuer aux sons émis ou entendus le caractères de signes .

» Les recherches poursuivies cesdernières décennies montret, dit Lévi-Strauss que « dans certaines limites le chimpanzé peut utiliser des outilsélémentaires et éventuellement en improviser », que « des relations temporaires de solidarité et desubordination peuvent apparaître et se défaire au sein d'un groupe donné » et enfin qu' « on peut se plaire àreconnaître dans certaines attitudes singulières l'esquisse de formes désintéressées d'activité ou decontemplation ».

Mais, ajoute Lévi-Strauss, « si tous ces phénomènes plaident par leur présence, ils sont pluséloquents encore –et dans un tout autre sens, par leur pauvreté ».

De plus, et c'est là sans doute lacaractéristique la plus importante, « la vie sociale des singes ne se prête à la formulation d'aucune norme ».A partir de cette constatation, Lévi-Strauss indique ce qui lui semble être le critère de la culture : « Partoutoù la règle se manifeste, nous savons avec certitude être à l'étage de la culture.

» Mais les règlesinstitutionnelles qui fondent la culture sont particulières et varient d'une société à l'autre.

On peut doncaffirmer que l'universel, ce qui est commun à tous les hommes, et la marque de leur nature.

C'est donc cedouble critère de la norme (règle) et de l'universalité qui permet –dans certain cas- de séparer les élémentsnaturels des éléments culturels chez l'homme : « Posons donc que tout ce qui est universel chez l'hommerelève de la nature et se caractérise par la spontanéité, que tout ce qui est astreint à une norme appartient àla culture et présente les attributs du relatif et du particulier.

» Mais ce double critère posé, nous noustrouvons confrontés avec un fait unique en son genre : la prohibition de l'inceste.

Celle-ci, en tantqu'institution relève de la règle et donc de la culture.

Mais, en même temps, elle est un phénomène universelet semble donc relever de la nature.

Une contradiction donc, un mystère redoutable : « La prohibition del'inceste possède, à la fois, l'universalité des tendances et des instincts, et le caractère coercitif des lois etdes institutions.

». »

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