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L'histoire est-elle rationnelle ?

Publié le 12/02/2004

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histoire
Aristote prétend que la représentation opère une « catharsis », une épuration des passions. La question est d'importance, dans la mesure où elle est un réponse à Platon, mais aussi parce que toute notre tradition théâtrale est traversée par le problème de la moralité du théâtrale et de l'oeuvre d'art. Là où Platon affirmait que le plaisir pris au spectacle flatte en nous ce qu'il y a de plus bas, nous fait partager ces passions que sot la pitié et la frayeur, et nous pousse à sympathiser avec des actions immorales, Aristote répond par la théorie de la « catharsis ». « Il faut agencer l'histoire de telle façon qu'en apprenant les faits on frissonne et qu'on ait de la pitié devant les événements. C'est bien ce que l'on éprouverait en apprenant l'histoire d'oedipe. » La représentation substitue le plaisir à la peine que sot naturellement  pitié et terreur. Car ce n'est pas devant les événements réels que l'on frisonne, mais devant une représentation déjà épurée, par u regard cette fois pourvu d'intelligence. Si nous aimons les peintures des choses horribles, c'est qu'on y contemple les « formes » et « qu'en les regardant on apprend à connaître. » La proximité de l'art et de la philosophie provient de deux éléments. D'une part le processus même de la création consiste à délivrer l'intelligence d'une action.

Le mot « Histoire « désigne toute connaissance basée sur l’observation, la description de faits advenus dans le passé. Il y a lieu de distinguer entre l’histoire, récit véridique du passé, et l’Histoire, comme réalité historique, totalité de ce qui a eu lieu et de ce qui aura lieu dans l’avenir. Le terme « raison « provient du latin ratio, « calcul «, « faculté de calculer «, ce qui fait d’elle un mode de penser propre à l’homme. La raison s’oppose à l’intuition, en ceci qu’elle est la faculté de combiner des jugements, de déduire des conséquences. Mais elle s’oppose également à la passion ou à la folie, puisqu’elle permet de bien juger et de distinguer efficacement le bien du mal, le vrai du faux. Enfin, par raison, nous pouvons entendre une faculté qui s’oppose par définition à la foi, dans la mesure où elle incarne ce bon sens naturellement présent dans tout homme alors que la foi est une espèce de « lumière naturelle « distincte du bon sens. Ainsi, dire de quelque chose qu’elle est rationnelle signifie qu’elle est conforme à la raison. Le verbe « considérer « désigne l’activité du jugement sur une chose, c'est-à-dire l’opinion formulée par quelqu’un sur quelque chose. Ainsi, en disant « Je considère que Jean a bien raison «, j’émets un jugement sur la conduite de Jean, je statue sur celui-ci en faisant part, en l’occurrence, de mon adhésion vis-à-vis de son comportement.  En posant la question « Peut-on considérer que l’histoire est rationnelle ? « nous cherchons en vérité à savoir si l’histoire obéit aux règles de la raison, si son cours n’est pas insensé, mais au contraire ordonné, orienté, vers des fins précises et identifiables. Or, une telle thèse parait se heurter immédiatement à notre rapport instinctif à l’histoire, qui n’est pas pour nous rationnelle, mais plutôt insensée, obéissant à un développement hasardeux et chaotique. Nous nous demanderons donc si l’histoire obéit à des règles rationnelles ou si, au contraire, l’histoire est entièrement chaotique et soumise à la contingence.

histoire

« « Il faut agencer l'histoire de telle façon qu'en apprenant les faits on frissonne et qu'on ait de la pitié devant lesévénements.

C'est bien ce que l'on éprouverait en apprenant l'histoire d'oedipe.

»La représentation substitue le plaisir à la peine que sot naturellement pitié et terreur.

Car ce n'est pas devant lesévénements réels que l'on frisonne, mais devant une représentation déjà épurée, par u regard cette fois pourvud'intelligence.

Si nous aimons les peintures des choses horribles, c'est qu'on y contemple les « formes » et « qu'enles regardant on apprend à connaître.

»La proximité de l'art et de la philosophie provient de deux éléments.

D'une part le processus même de la créationconsiste à délivrer l'intelligence d'une action.

D'autre part cette intelligence engendre une épuration des passionsnocives.

Si l'époque moderne nous a appris à voir dans l'histoire tout autre chose qu'un récit servile desévénements, Aristote nous aura enseigné la haute valeur intellectuelle de l'art, qui consiste à nous éclairer sur uneaction en mettant à jour ce qu'elle a de général.

Le théâtre et le roman moderne nous ont appris que la leçond'Aristote valait aussi pour les caractères.

Ne parle-t-on pas de « tartufferie » et de « bovarisme ». Le déroulement de l'histoire est rationnel. « [L'histoire] n'est que l'image et l'acte de la raison.» Hegel, La Raisondans l'histoire (1830). • Pour Hegel, l'histoire humaine est un processus rationnel dont il est possiblede donner une vision systématique.

Ainsi, chaque peuple exprime une étapedu déploiement de l'Esprit du monde, dans un vaste mouvement qui va del'Est (Babylone, La Grèce antique) à l'Ouest (l'Europe moderne).

Ce processusest dialectique: de la rencontre et de la confrontation entre les culturesadviennent de nouvelles cultures qui dépassent les oppositions de l'époqueprécédente.

C'est un processus téléologique (c'est-à-dire orienté vers unbut) qui mène, selon Hegel, à la prise de conscience de soi de l'Esprit dumonde.• Le travail de l'historien-philosophe, c'est donc, pour Hegel, la saisie desprocessus rationnels à l'oeuvre dans l'histoire de l'humanité, en insérant tousles événements dans un processus censé être nécessaire et ordonné par unefin prédéterminée. 1.

La ruse de la raisonEn croyant poursuivre leurs passions et leurs intérêts, les hommes réalisentdes fins qui n'entraient pas dans leurs intentions.

« Rien de grand ne s'est faitsans passions », car c'est en se servant des passions, moteur de l'activité humaine, que la raison se réalise dansl'histoire.

Les hommes d'action tels Alexandre, César, Napoléon, en servant leurs ambitions, ont ainsi réalisé unnouvel état du monde, une nouvelle figure de l'universel. 2.

« Le réel est rationnel »Il faut comprendre cette célèbre formule hégélienne comme une équivalence du rationnel et du réel : le réel estrationnel, au sens où il est soumis à des lois et n'est pas livré au hasard, et est ce qui agit vraiment dans l'histoire.Mais, inversement, le rationnel désigne nécessairement la réalité d'un processus à l'oeuvre dans l'histoire. « La masse gigantesque des volontés particulières, des initiatives et des entreprises des hommes, voilàles instruments et les moyens qu'emploie l'Esprit Universel pour atteindre sa fin ultime...

Ces réalitésvivantes que sont les individus et les peuples, en cherchant à satisfaire leurs fins privées sont en mêmetemps les moyens et les instruments d'une fin plus haute, plus vaste dont ils ne savent rien et qu'ilsaccomplissent inconsciemment...

Telle est mon hypothèse que la Raison gouverne le monde, qu'elle adonc gouverné et gouverne toujours l'histoire...

César fit la guerre [à ses associés] dans le but intéresséde sauvegarder sa vie, son honneur et sa sécurité...

Mais ce que lui assura l'accomplissement de cette fin(le pouvoir pour lui seul à Rome) était en même temps en soi un processus nécessaire dans l'histoire deRome et du monde...

Voilà le rôle des grands hommes dans l'histoire.

Leur propre but privé s'identifie avecl'essence de la volonté de l'Esprit Universel.

[Aux peuples] le grand homme montre, et il accomplit ce quiest leur propre tendance, immanente en eux.

» (HEGEL, Introduction à la Philosophie de l'histoire.) Le vrai est le tout. La formule : « Le vrai est le tout » apparaît dans le véritable manifeste qu'est la Préface de Hegel (1770-1831) à laPhénoménologie de l'esprit (1807).Dans ce texte, Hegel présente une nouvelle façon de philosopher, qui rompt avec le romantisme et que l'on nommedialectique.

L'ambition de Hegel est de ressaisir la totalité de l'histoire (de la réalité historique, mais aussi de laphilosophie, de l'art, etc.) comme une unité.

« Le vrai est le tout » signifie que l'on ne comprend une chose qu'enrefusant de l'isoler et de la considérer hors du processus dans lequel elle s'insère.« Le vrai est le tout » est, à première lecture, une formule énigmatique.

Cependant, celle-ci peut définir ladialectique de Hegel ; la vérité n'est pas seulement un moment, quelque chose d'immédiat, le but d'une recherche.La vérité est à la fois le but et le chemin qui y conduit, et isoler le résultat, c'est se priver de la «plénitude du détail», de l'intelligibilité du processus dans lequel cette vérité se délivre.. »

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