Devoir de Philosophie

l'histoire n'est-elle que le récit des évènements passés ?

Publié le 20/11/2005

Extrait du document

histoire

HISTOIRE

Gén. Terme équivoque qui désigne à la fois le récit du passé humain, et la réalité historique elle-même, le cours des événements. En ce dernier sens, l'histoire se distingue de la simple évolution car elle suppose plus qu'un changement. Un arbre, par ex., peut croître ou un papillon se métamorphoser, mais ils n'ont pas d'histoire dans la mesure où l'histoire suppose la conscience d'un changement et la possibilité, pour celui qui change, de se représenter la finalité de son évolution en faisant du présent le sens du passé et du futur le sens du présent. Quant au récit, il cesse d'être légendaire pour devenir scientifique dès lors qu'il veut expliquer et non plus simplement raconter en se contentant de recueillir des anecdotes pittoresques. Phi. Les philosophies de l'Histoire posent la question du but poursuivi par les hommes dans l'Histoire, et postulent en même temps que l'Histoire des hommes est celle de leur liberté. Or, si la connaissance du but permet en retour de comprendre la cohérence du processus historique, il semble bien difficile de concilier le double postulat de la rationalité historique et du développement de la liberté. Telle est l'aporie sur laquelle achoppe toute philosophie de l'Histoire. En effet, s'il est possible de dégager par avance une cohérence historique, alors tout se passe comme si l'Histoire était déjà faite, de sorte que l'idée même de liberté humaine se trouve niée. A l'inverse, si l'on suppose que les hommes sont libres, alors il est impossible de saisir le sens d'une Histoire que les hommes font « sans savoir l'histoire qu'ils font » (R. Aron).

Le mot d'histoire désigne aussi bien ce qui est arrivé que le récit de ce qui est arrivé ; l'histoire est donc, soit une suite d'événements, soit le récit de cette suite d'événements. Ceux-ci sont réellement arrivés : l'histoire est récit d'événements vrais, par opposition au roman, par exemple. Par cette norme de vérité, l'histoire, comme discipline, s'apparente à la science ; elle est une activité de connaissance. On pourrait ajouter à cela cette définition : « Je définis volontiers l'histoire, écrivait Lucien Febvre en 1947 à propos d'un ouvrage de violente polémique, un besoin de l'humanité, le besoin qu'éprouve chaque groupe humain, à chaque moment de son évolution, de chercher et de mettre en valeur dans le passé les faits, les événements, les tendances qui préparent le temps présent, qui permettent de la comprendre et qui aident à le vivre. « Aussi, comprendre l’histoire comme un récit pourrait lui enlever son caractère scientifique, pour n’être plus qu’une sorte de littérature. L’histoire ne peut –elle être que scientifique ?  

histoire

« souvenirs nationaux dont elle est issue, c'est confondre l'essence d'une chose avec son origine ; c'est ne plusdistinguer la chimie de l'alchimie, l'astronomie de l'astrologie.

Quelle science, quelle discipline n'a pas aussi sadimension sociale ? La psychanalyse ou la physique ne se confondent pas pour autant avec l'image populaire de lapsychanalyse ou avec les applications de la physique. 2)L'histoire est l'histoire des sociétés humaines. L'histoire humaine ne se présente pas comme le recueil des biographies de tous les hommes un par un, et pourquoil'histoire de la nature ne raconte pas des coups de foudre un à un.

Voilà aussi d'où vient l'idée confuse que l'histoirehumaine n'est pas l'histoire des individus, mais celle « des sociétés humaines », ou « de l'homme en société », de cequ'il y a de « collectif » chez l'homme.

En fait, le mot juste est celui de spécificité ; donnons-en deux exemples,empruntés, l'un aux choses humaines, l'autre à la nature.

J'entreprends d'écrire la vie des paysans nivernais sousLouis XIV.

L'un de ces paysans, nommé Pierre à la Guillaume, est mort assez jeune après avoir épousé une veuve quiavait du bien au soleil ; en matière religieuse, il était « conformiste saisonnier » et faisait ponctuellement sespâques, etc.

Vais-je raconter la vie de ce Pierre ? Non, car, historien désintéressé, je n'ai aucune raison dem'intéresser singulièrement à ce paysan plutôt qu'à n'importe quel autre de ses semblables ; il n'est pas mon ancêtreet, quand il le serait, ce n'est pas l'histoire de ma propre famille que je suis en train d'écrire.

Or, dès que je cesse dem'intéresser à ce Pierre « parce que c'est lui », je m'aperçois que tous les détails de la vie de Pierre sont àconfronter avec les détails correspondants de la biographie de chacun des autres paysans nivernais : la mortalitéaux différents âges, le mariage, les secondes noces, la politique matrimoniale, la répartition de la propriété, lapratique religieuse ; ce sont autant de traits spécifiques de la vie des paysans nivernais.

Ainsi, à un recueil debiographies de paysans, je substituerai un recueil d'items spécifiques ; ce recueil n'est pas autre chose quel'« histoire des paysans nivernais ».

Dans cette histoire, la biographie de Pierre se retrouvera tout entière, maisvolatilisée, ventilée en différents items : Pierre aura conservé tous ses traits spécifiques, mais perdu sa singularitéd'individu.

De la même manière, si j'étudie historiquement un grand homme, Louis XIV, sa singularité s'éparpilleraentre le rôle spécifique du roi, qu'il est seul à remplir, le rôle d'amant, ou celui de malade ; ce sont autant d'itemspour l'histoire des institutions politiques, de la vie sexuelle et de la médecine. 3) L'histoire comme un roman ? L'histoire est un roman vrai et la conception que l'historien se fait de la « causalité » historique est exactement lamême que celle que se fait un romancier de la causalité, telle qu'il la met en œuvre dans son roman ; aussi est-ilsurprenant que plusieurs livres étudient « la causalité en histoire » : pourquoi en histoire précisément ? L'intérêtépistémologique de pareils livres serait exactement le même si leurs auteurs avaient étudié comment nous expliquonsle divorce de Dupont ou le fait que Durand a pris ses vacances à la montagne plutôt qu'à la mer.

Plus simplementencore, on pourrait étudier la causalité dans l'Éducation sentimentale ou la Recherche du temps perdu.

L'histoirehumaine diffère donc grandement de l'histoire de la nature et même de celle des espèces vivantes ; mais cettedifférence lui vient de son objet : l'homme, non de l'implantation de la connaissance historique. Conclusion. L'histoire ne peut se passer de récit, mais elle ne peut, au prix de n'être plus une discipline scientifique, se réduireentièrement à ce dernier.

L'histoire est aussi la succession des faits et des événements, des lois qui régissent lesgrands mouvements sociaux.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles