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L'histoire résulte-t-elle d'un plan caché de la nature ou d'une ruse de la raison ?

Publié le 26/01/2004

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histoire
 » d)[2] Mais il ne faut cependant pas oublier qu'elle est en même temps l'instrument de la raison universelle. En poursuivant leurs passions et leurs intérêts, les hommes font l'histoire, mais ils sont en même temps les outils de quelque chose de plus grand qui les dépasse. La raison universelle, à l'oeuvre dans l'histoire, utilise les passions pour se produire dans le monde. La libre énergie humaine, celle de César, celle de Napoléon, est finalement le matériau de l'Esprit du monde, de l'Idée universelle : « L'intérêt particulier de la passion est donc inséparable de l'activité de l'universel [...] c'est le particulier qui s'entre-déchire et qui, en partie, se ruine. Ce n'est pas l'idée universelle qui s'expose à l'opposition et à la lutte, ce n'est pas elle qui s'expose au danger ; elle se tient en arrière, hors de toute attaque et de tout dommage. C'est ce qu'il faut appeler la ruse de la raison : la ruse laisse agir à sa place les passions, si bien que, seul, le moyen par lequel elle parvient à l'existence passe par des épreuves et des souffrances. » (Hegel, La Raison dans l'histoire)   Transition : Dès lors, que choisir entre Kant et Hegel, quel critère pourrait nous permettre des les départager ? Ils cherchent tous les deux à comprendre le sens de l'histoire mais rien ne semble nous indiquer que l'un ait plus raison que l'autre, ou que l'un des deux systèmes soit mieux fondé que l'autre. En effet, pour résumer très grossièrement nous avons affaire à deux philosophie de l'histoire développant une discipline herméneutique, c'est-à-dire interprétative des évènements historiques. Or force est de constater que d'autres systèmes ont développé des points de vue concurrents sur l'histoire comme Marx et Engels avec le matérialisme historique que l'on peut percevoir dans l'Idéologie allemande.
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« par antagonisme l' insociable sociabilité des hommes, c'est-à-dire le penchant des hommes à entrer en société, qui est pourtant lié à une résistance générale qui menace constamment de rompre cette société.

L'homme possède unetendance à s'associer, parce que dans un tel état il se sent plus qu'homme, c'est-à-dire qu'il sent le développementde ses dispositions naturelles.

Mais il a aussi un grand penchant à se séparer (s'isoler) parce qu'il trouve en mêmetemps en lui cet attribut qu'est l'insociabilité, [tendance] à vouloir seul tout organiser selon son humeur; et de là, ils'attend à [trouver] de la résistance partout, car il sait de lui-même qu'il est enclin de son côté à résister auxautres ».

Ainsi par le simple jeu de cet antagonisme l'homme va développer ses capacités et se diriger vers unprogrès ce dont l'histoire est le témoin.

Kant verra notamment dans la sympathie et l'enthousiasme de la Révolutionfrançaise un signe de ce plan caché de la nature à l'œuvre dans l'histoire tel qu'il le développera dans le Conflit des facultés .

Le problème n'est plus alors de savoir si l'histoire a un sens ou pas puisque que pour Kant l'histoire résulte d'un plan caché de la nature qu'il s'agit d'interpréter à travers tous les évènements historiques.

Dès lors laphilosophie de l'histoire se dirige vers une herméneutique, c'est-à-dire vers une nécessité d'interpréter à chaqueinstant les données historiques.

Transition : Ainsi, il semble qu'avec Kant on puisse dire que l'histoire résulte d'un plan de la nature dont le but est la culture del'homme, donc le développement complet de ses capacités, même si une telle vision est fondée sur une espérance,certes rationnelle pour Kant, mais qui suppose une discipline herméneutique de l'histoire.

Néanmoins force est deconstater que Hegel notamment a développé une vision concurrente de l'histoire particulièrement à travers lacélèbre ruse de la raison.

Il nous faut donc comprendre pourquoi et ce que cela change par rapport à Kant ce quinous permettra peut-être alors que pouvoir apporter une réponse à la question que pose le sujet : l'histoire résulte-t-elle d'un plan caché de la nature ou d'une ruse de la raison ? II – La ruse de la raison hégélienne a) La conception hégélienne de l'histoire s'inscrit aussi dans cette volonté de dépasser le simple enchaînement desfaits et cherche à en trouver le sens.

C'est notamment dans la Raison dans l'histoire que Hegel développera sa philosophie de l'histoire.

Il s'agit en effet de dépasser « la cohue bigarrée de l'histoire », autrement dit, il faut saisirl'unité qui synthétise et subsume la diversité du cours de l'histoire : « Là, un immense déploiement de forces nedonne que des résultats mesquins, tandis qu'ailleurs, les causes insignifiantes produisent d'énormes résultats.Partout, c'est un mêlée bigarrée qui nous emporte, et dès qu'une chose disparaît, une autre aussitôt apparaît.

»b) Mais si l'histoire peut être synthétisée c'est pour Hegel comme cela se perçoit dans la Raison dans l'histoire , l'Idée gouverne le monde.

C'est l'Idée, principe spirituel suprême immanent au monde, qui, selon Hegel, gouvernel'histoire.

L'Idée, conçue comme forme d'unification dernière par la Raison humaine, devient, dans le temps, de plusen plus claire et transparente.

Au fond, selon Hegel, l'histoire se confond avec le devenir d'un principe spirituelsupérieur.

« l'Idée est le vrai, l'éternel, la puissance absolue.

Elle se manifeste dans le monde et rien ne s'ymanifeste qui ne soit elle, sa majesté et sa magnificence : voilà ce que la philosophie démontre.

» L'histoire estdonc le dévoilement de l'Idée, son effectivité et c'est ce qui marque le progrès.

Le progrès chez Hegel peut secomprendre de la manière suivante : l'Idée absolue se fait elle-même à travers l'histoire, qui représente l'Idée enmarche.

L'histoire ne cesse de se simplifier et de s'unifier.

Aussi, sans la notion de progrès, le cours de l'histoire est-il incompréhensible.

Chaque figure historique est supérieure à celle qui constituait son être précédent.

Mais pourquoiparle-t-on de « ruse de la raison » ?c) S'il y a ruse de la raison c'est parce, pour Hegel dans la Raison dans l'histoire , l'histoire prend appuie sur le rôle de la passion, c'est-à-dire sur l'énergie du vouloir qui rassemble l'homme tout entier et le porte vers un but.L'individu concentre ainsi toute son énergie sur un seul objet.

Tel est le « grand homme » dans l'histoire : « L'hommequi produit quelque chose de valable y met toute son énergie.

Il n'est pas assez sobre pour vouloir ceci ou cela ; ilne se disperse pas dans une multitude d'objectifs, mais il est totalement voué à la fin qui est sa véritable grande fin.La passion est l'énergie de cette fin et la détermination de cette volonté.

C'est un penchant presque animal quipousse l'homme à concentrer son énergie sur un seul objet.

Cette passion est aussi ce que nous appelonsenthousiasme.

» Ainsi crée-t-elle l'histoire et le devenir.

Parce que le vouloir humain se concentre alors sur un butunique, la passion constitue l'instrument historique le plus riche et le plus fécond.

Comment l'histoire pourrait-elleavancer sans le travail totalisant et de longue haleine du passionné ? La passion permet d'accomplir de grandesœuvres.

Elle est édificatrice et architecte de l'histoire.

Elle engendre le devenir historique.

Elle est l'aspect le plusdynamique de l'esprit : « Rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont participé et, appelantl'intérêt un passion, en tant que l'individualité tout entière, en mettant à l'arrière-plan tous les autres intérêts et finsque l'on a et peut avoir, se projette en un objet avec toutes les fibres intérieurs de son vouloir, concentre en cettefin tous les besoins et toutes ses forces, nous devons dire que d'une façon générale rien de grand ne s'est accomplidans le monde sans passion.

»d)[2] Mais il ne faut cependant pas oublier qu'elle est en même temps l'instrument de la raison universelle.

En poursuivant leurs passions et leurs intérêts, les hommes font l'histoire, mais ils sont en même temps les outils dequelque chose de plus grand qui les dépasse.

La raison universelle, à l'œuvre dans l'histoire, utilise les passions pourse produire dans le monde.

La libre énergie humaine, celle de César, celle de Napoléon, est finalement le matériau del'Esprit du monde, de l'Idée universelle : « L'intérêt particulier de la passion est donc inséparable de l'activité del'universel […] c'est le particulier qui s'entre-déchire et qui, en partie, se ruine.

Ce n'est pas l'idée universelle quis'expose à l'opposition et à la lutte, ce n'est pas elle qui s'expose au danger ; elle se tient en arrière, hors de touteattaque et de tout dommage.

C'est ce qu'il faut appeler la ruse de la raison : la ruse laisse agir à sa place lespassions, si bien que, seul, le moyen par lequel elle parvient à l'existence passe par des épreuves et dessouffrances.

» ( Hegel , La Raison dans l'histoire ). »

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