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L'histoire est-elle une science ?

Publié le 18/08/2012

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histoire

Dans ce dernier cas, nous voyons que la connaissance suppose la collecte de données. Or, l’histoire est un savoir de ce genre. Elle dépend de sources, car elle n’est qu’une connaissance indirecte, et donc incertaine, des événements. Elle sera donc toujours soumise au doute, ces contenus étant plus ou moins rationnels. Toute la critique que l’historien peut faire des témoignages ou des sources ne donnera jamais une entière satisfaction. Malgré tous les recoupements, les confrontations, etc.… la recherche de validité des sources n’atteint jamais la certitude. Nos jugements en histoire ne sont jamais des jugements nécessaires mais seulement des jugements possibles. Nous attendrons donc, de l’histoire, seulement une croyance, et cela même si nous avons un travail rationnel. La raison ne travail que sur des faits possibles. En cela, nous devons distinguer vérité et histoire. Cette critique, classique dans la tradition philosophique, suppose que celui qui recherche le vrai doit se tourner non vers l’histoire mais vers le mythe. Pourquoi la vérité serait-elle donnée dans les mythes ? La vérité étant éternelle, elle ne saurait avoir d’histoire. La vérité ne doit pas être confondue avec l’ordre du temporel. Ainsi, paradoxalement, seule la fiction peut dire le vrai, seul le mythe peut nous montrer le vrai, car lui seul est indépendant de la temporalité, lui seul est en dehors du temps. L’histoire n’est donc pas de l’ordre du vrai, elle serait seulement une croyance. Mais, de quel type de croyance s’agit-il ? Avonsnous ici, une pure croyance irrationnelle et invraisemblable ? Non, bien au contraire, nous avons là une croyance justifiée, déterminée selon des critères précis. Premièrement, cette croyance est d’autant plus justifiée que l’historien est a distance de l’événement. Deuxièmement, la justification dépend de la totalité des facettes étudiées. Plus la vue de l’événement est globale, plus elle suppose le recul de la réflexion, et donc implique une croyance justifiée. Troisièmement, la justification dépend d’un travail critique des témoignages, c’est-à-dire de la construction d’une cohérence, d’une intelligibilité, d’un sens, des sources. La vérification des concordances, ou la mise en contradiction des témoignages, sont la garantie d’une croyance justifiée.

histoire

« politique et éthique, et l'histoire elle-même, ne serait qu'une manifestation des opinions communément admises.

Une telle conception de l'histoire nous permet decomprendre cette phrase de Nietzsche : « ce n'est que par la plus grande force du présent que doit être interprété le passé » (Considérations inactuelles).

Nous nesommes pas, en histoire, dans le cadre d'un jugement scientifique, mais dans le cadre d'un jugement de valeur.

L'Histoire ne donnerait à voir, que ce que l'opinioncommune (ou les pouvoirs, religieux, politiques2…) veut lui faire dire.

Ainsi, nous aurions deux fins différentes : - Le but de toute science (objectif), c'est-à-dire la recherche de la vérité en se fondant sur une méthode rationnelle visant à obtenir un résultat universel et nécessaire.

Lebut de l'histoire (subjectif), c'est-à-dire la recherche de la cohérence, et d'un sens, entre les faits, afin de produire une intrigue intéressante. Mais, pouvons-nous en rester là ? Nous savons que l'histoire est considérée comme une science.

Comment défendre ce statut ? Quel est son objet ? Sa méthode ?Quelles sont ses limites ? I.

1.

Quel est l'objet de l'histoire ? Qu'est-ce qu'un événement ? Tournons-nous un instant vers les premiers historiens (Hérodote, Thucydide, Polybe), quels sont leurs objets ? - Hérodote3 retrace les guerres médiques.

Thucydide4 retrace la guerre du Péloponnèse.

Polybe retrace la conquête romaine. Nous voyons, immédiatement, un dénominateur commun : la guerre.

Pourquoi choisir le récit d'une guerre ? La guerre est l'événement pas excellence, il n'y a pasplus événementiel qu'une guerre.

Qu'est-ce qu'un événement ? un fait à la fois singulier (unique) et irréversible (marquant).

Un événement est un fait qui bouleverseradicalement et profondément le cours du temps.

Il est synonyme d'une destruction des habitudes, c'est-à-dire qu'après ‘les choses ne seront plus jamais les mêmes'.Nous avons dans un événement, une mutation significative du cours de l'histoire qui produit le passage d'une époque à une autre, d'un paradigme à un autre.

A titred'exemples, nous pouvons citer : la chute de Rome, l'invention de l'imprimerie, la découverte de l'Amérique, le chute du mur de Berlin, le 11 septembre 2001… Unévénement n'a jamais de précédent, il est par essence une nouveauté. 2 Tel est le cœur des débats actuels en France, entre la communauté scientifique et les législateurs, concernant le rôle positif de la France dans les colonies, ou encorel'adoption de la loi concernant le négationnisme pour le génocide arménien.

3 In Enquête.

Toutes les citations d'Hérodote seront extraites exclusivement de cetouvrage.

4 In Guerre du Péloponnèse.

Toutes les citations de Thucydide seront extraites exclusivement de cet ouvrage.

Histoire et science – 2005/2006 2/9 En conséquence, le travail de l'historien consiste à saisir l'événement et à en faire le récit.

Ecrire n'a d'autre but que d'éviter l'oubli, c'est-à-dire d'éviter que l'ons'habitue aux faits et que l'on perde conscience de la spécificité de la période que l'on vit.

Nous avons donc une opposition entre l'histoire, et les annales. - Le travail de chronique, ou d'annale, consiste seulement à rendre compte servilement des faits et de l'ordinaire.

L'historien, lui, recherche ce qui sort de l'ordinaire, cequi est exceptionnel et singulier. Nous comprenons désormais, pourquoi les fondateurs de l'histoire sont d'abord les historiens d'une guerre.

Nous avons là des hommes qui s'attachent à étudier,exposer et approfondir, l'événement paroxystique de l'histoire.

Mais, cette conception événementielle de l'histoire n'est-elle pas problématique ? - - Premièrement, une telle conception nous confronte à un véritable éclatement de l'histoire.

Nous avons une multiplication des événements (révolution française,déclaration d'indépendance, décolonisation…) qui implique une multiplication des histoires.

Chaque historien vante son objet, c'est-à-dire l'événement dont il traite,comme l'événement par excellence.

Mais, si tout change, si à chaque nouvel événement étudié, tout est remis à plat, nous pouvons nous demander si réellementquelque chose change.

Si tout change, rien ne change ! Si tout est important, alors rien ne l'est ! Il faut de l'anodin, il faut une règle, de l'ordinaire et de la répétition,pour avoir de l'exceptionnel.

Deuxièmement, le modèle événementiel ne nous donne-t-il pas une compréhension faussée des faits ? Faire l'histoire d'une date, d'unlieu, d'un fait ou encore d'une décision, n'est-ce pas réducteur ? La guerre, par exemple, est un phénomène social complexe, dont les racines s'étirent à des causeslointaines (par exemple, la guerre de 1914 suppose une compréhension de la guerre de 1870 ; la guerre de 1939 suppose la connaissance de la guerre de 1914, dukrach boursier de 1927…).

Les temps de l'histoire. 2. Si nous recherchons un autre modèle, servant d'alternative à l'histoire événementielle, nous pouvons constater que, selon Fernand Braudel, l'histoire se fonde sur unedécomposition rétrospective du temps.

Or, le découpage opéré par l'histoire événementiel, consistant en l'étude exhaustive d'un fait, n'est pas le seul découpagepossible.

Nous pouvons imaginer, une histoire de longue, ou de très longue, durée.

Une telle histoire, n'a plus pour but de montrer, de façon détaillée, comment unphénomène s'est produit, mais de rechercher, bien au contraire, les causes de ce fait.

Elle cherche à mettre à jour les mécanismes qui ont conduits à ce fait, c'est-à-direqu'elle fait une archéologie ou une généalogie de l'événement.

Pour comprendre un fait, nous avons besoin d'une histoire économique, sociale, démographique,anthropologique… L'étude aveugle seul du fait, même dans son détail, ne permet aucune compréhension.

La raison dans son enquête doit rechercher et mettre enlumière la conjoncture.

Cette idée d'une conjoncture, nous permet de relever qu'il existe des apparences ou illusions d'événement.

Une telle histoire nous permet decomprendre qu'il existe des phénomènes cycliques ou répétitifs, à longue échelle, et dont la singularité est purement illusoire.

Une histoire plus large semble ainsiutile puisqu'elle nous invite à connaître les causes et nous prévient de divers erreurs ou illusions.

Pour ce faire, l'historien découpe son travail d'explication en mettantà jour trois temps dans l'histoire : - Premièrement, le temps géographique ou temps de l'inanimé.

Nous avons là, une histoire qui met en scène l'Homme dans son milieu.

Sont ainsi exposés, les cycles. »

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