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DE L'HISTOIRE (Valéry)

Publié le 06/04/2011

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histoire

   Une pseudo-science    Celle-ci, loin d'être la sage conseillère des Princes, apparaît, selon Valéry, comme le produit le plus dangereux que la chimie de l'intellect ait élaboré... Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies... {De l'Histoire). Valéry, en effet, ne pardonne pas à l'Histoire d'être une pseudo-science, qui berce ses adeptes d'illusions. Lui qui a longtemps abandonné la poésie, parce qu'il la considérait comme un instrument de connaissance très imparfait, condamne l'Histoire pour la même raison. L'Histoire est incomplète et indéfinie dans ses données, fallacieuse dans sa méthode, usant de termes scientifiques sans avoir la rigueur de la science; elle se prête à toutes les interprétations, se subordonne à tous les intérêts : /'Histoire justifie ce que Von veut, elle n'enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout, et donne des exemples de tout (ibid.). Aussi quand Valéry, inquiet des orages qui menaçaient l'Europe, lisait les livres d'histoire, n'y trouvait-il aucune solution pour les problèmes actuels.

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« Importance des inventions. L'Histoire, incapable d'embrasser tout l'espace, ne peut rendre compte de la durée; comme les horloges, elle mesurele temps abstrait, mais n'aperçoit pas le fait, qui insensiblement transforme, en cheminant au long des siècles, lesconditions de l'avenir plus profondément que les coups de théâtre historiques : l'électricité, du temps de Napoléon,avait à peu près l'importance que l'on pouvait donner au christianisme du temps de Tibère.

Prolongeons maintenantla pensée de Valéry et demandons-nous quelle était l'importance de l'atome en 1914 et quelle sera son influence surle monde de l'an 2000? La découverte de la fission nucléaire peut modifier l'équilibre des forces plus dangereusementqu'un traité, précipiter une nation plus bas qu'une défaite, élever une puissance nouvelle plus haut qu'une victoire.^ L'Histoire pour être efficace devrait donc écarter les légendes, les faux souvenirs, les passions et penser le monderéel au lieu de son fantôme; il lui faudrait englober le monde entier et devancer les plus audacieuses anticipationsdes savants, parcourir toute la terre avec les explorateurs, descendre au fond des mers, gravir les Himalayas; toutréagit sur tout.

Or il manque à l'Histoire un objet propre, une méthode, une volonté de science, un vocabulaire.

Elleest restée une coutume.

Comme au temps de Montaigne, « notre gouvernement est entre les mains des nourrices ». Puissance de la géographie. Si l'Histoire est incapable de répondre aux questions que se pose Valéry sur l'avenir du monde, la géographie l'éclairésur la complexité croissante de la politique internationale : la solution est plus géographique qu'historique...

Letemps du monde fini commence...

Une solidarité toute nouvelle, excessive et instantanée, entre les régions et lesévénements est la conséquence déjà très sensible de ce grand fait.

Les Politiques comme les Historiens raisonnaientet calculaient autrefois devant des faits isolés, localisés; aujourd'hui, les prévisions à longue échéance se trouventdéjouées par l'interconnexion des causes et des effets. L'essai intitulé De l'Histoire reprend et développe cette nouveauté fondamentale : Tous les thèmes politiques sontenchevêtrés...

La politique d'un Richelieu ou d'un Bismarck se perd et perd son sens dans ce nouveau milieu...

iln'est point de génie, point de vigueur du caractère et de l'intellect, point de traditions, même britanniques, quipuissent désormais se flatter de contrarier ou de modifier à leur guise l'état et les réactions d'un univers humainauquel l'ancienne géométrie et l'ancienne mécanique politique ne conviennent plus du tout... L'exploitation du sol et du sous-sol, la découverte de nouvelles richesses transforment les déserts en mines et enusines, des contrées agricoles en centres industriels; les nations soumises à la domination économique ou politique,s'appuyant sur la solidarité internationale, s'affranchissent de la tutelle européenne.

Ainsi vit-on récemment lesAnglais évacuer la Perse et renoncer au pétrole, faute de pouvoir localiser le conflit.

Il y a un demi-siècle, laprésence d'un aviso aurait réglé le débat.. »

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