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L'historien est-il un homme de science ?

Publié le 20/09/2005

Extrait du document

Nul ne conteste le sérieux de ces disciplines et leur caractère scientifique. De là à considérer l'histoire dans son ensemble comme une entreprise scientifique, il n'y a qu'un pas que le positivisme a vite franchi. Mais le fait historique est-il vraiment susceptible de science ? L'histoire, comme les sciences humaines, en général, fait difficulté quant au statut de son objectivité. L'objet des sciences est le permanent. Platon dirait que la science vise des essences éternelles, dont le modèle est fourni par les mathématiques. Pour ce qui est de l'histoire, Platon dirait plutôt qu'elle relève de l'opinion, la doxa, puisqu'elle concerne un objet changeant, toujours différent. Le propre du fait historique, c'est d'être temporel, unique et évanescent. Il ne peut pas être reproduit, il n'a lieu qu'une fois. Quand l'historien s'émerveille d'avoir réussi à établir un fait singulier, le physicien dirait par contre : que nous importe, puisque cela ne se repassera plus ! C'est un peu comme si l'historien ne s'intéressait qu'aux miracles, tandis que le physicien cherchait lui les régularités de la Nature.

Pendant des siècles, l'histoire a été considérée sous un angle littéraire et apologétique. L'histoire était vue comme récit d'un passé humain, monumental, dramatique ou merveilleux. Mais plus récemment en Occident, l'histoire a voulu s'émanciper de la littérature, du voisinage de la légende et des mythes. Elle a commencé par se soucier de chronologie et d'exactitude des faits rapportés. Au XIXème siècle on a même essayé de fonder le concept de « science historique «. Pour l'histoire, ce qui importe, c'est le souci de la vérité et même de l'objectivité. Est-ce là un mouvement nécessaire ? Savons-nous mieux aujourd'hui ce qu'est l'histoire que ne le savaient les premiers historiens ? Faut-il définir l'histoire comme une science ou la considérer comme un genre qui relève de la littérature ? Qu'est-ce que l'histoire ?

« entreprise que se sont attelés les historiens positivistes Langlois et Seignobos qui ont cherché à hisserl'histoire au rang d'une science aussi rigoureuse que la physique.

C'était le credo du positivisme d'AugusteComte.

Peut-on définir l'histoire comme la science du passé humain ? Tout science, sur le modèle des sciencesde la Nature, se définit comme une approche objective de la connaissance.

Qui dit approche objective , dit définition d'un objet et souci d'éliminer l'intervention de la subjectivité ou de la contrôler.

L'histoire, c'est lepassé, plus une intervention subjective venue du présent qu'y mêle l'historien.

Michelet voyait ainsi dans l'histoire une « résurrection intégrale du passé".

Léopold Ranke pensait que l'histoire doit « montrer purement etsimplement comment les choses se sont produites ».

L'apparition de la chronologie en histoire a effectivementdirigé la recherche historique dans cette direction.

La tradition méthodologique de l'histoire a poussé toujoursplus loin l'idéal de rigueur et d'objectivité.

Au regard des historiens contemporains, les travaux de Thucydidesemblent de ce point de vue des ébauches de ce que doit être la vraie méthode de l'histoire.

Les premiershistoriens n'ont pas forgé un concept précis du rationalisme des événements et n'ont pas élaboré le mécanismede la preuve historique.Il a fallu extraire la logique du discours vrai sur le passé pour que l'on passe d'une histoire littéraire à unehistoire science.

Le fait historique doit être prouvé.

S'il doit être établi aux moyens de preuves, c'est auxmoyens des documents que l'on possède sur le passé.

Soit le débarquement de Napoléon au Golfe Juan, le mercredi 1 er mars 1815.

Cet événement devient un fait historique parce que nous possédons des traces de ce fait : le journal de Napoléon, le témoignage de ceux qui l'on vu.

L'historien se doit donc de formuler unehypothèse sur le passé et ensuite corroborer cette hypothèse par des documents dont le témoignage converge vers l'hypothèse.

C'est ainsi que l'on parvient pas à pas à constituer une vérité historique.

Leshistoriens positivistes, Langlois et Seignobos, ont eu le mérite de fixer la méthode critique de l'histoire quiimpose à l'historien ce que l'on appelle la critique externe des documents (authenticité) et leur critique interne(interprétation), méthode qui tend à éliminer la subjectivité personnelle, afin que l'historien se retranche le pluspossible derrière des faits établis.

D'autre part, l'histoire s'appuie sur ce que l'on nomme les sciences auxiliairesde l'histoire : archéologie, héraldique, généalogie.

Nul ne conteste le sérieux de ces disciplines et leurcaractère scientifique.

De là à considérer l'histoire dans son ensemble comme une entreprise scientifique, il n'ya qu'un pas que le positivisme a vite franchi.Mais le fait historique est-il vraiment susceptible de science ? L'histoire, comme les sciences humaines , en général, fait difficulté quant au statut de son objectivité.

L'objet des sciences est le permanent.

Platon diraitque la science vise des essences éternelles, dont le modèle est fourni par les mathématiques.

Pour ce qui est de l'histoire, Platon dirait plutôt qu'elle relève de l' opinion , la doxa, puisqu'elle concerne un objet changeant, toujours différent.

Le propre du fait historique, c'est d'être temporel, unique et évanescent.

Il ne peut pas êtrereproduit, il n'a lieu qu'une fois.

Quand l'historien s'émerveille d'avoir réussi à établir un fait singulier, lephysicien dirait par contre : que nous importe, puisque cela ne se repassera plus ! C'est un peu comme sil'historien ne s'intéressait qu'aux miracles, tandis que le physicien cherchait lui les régularités de la Nature.

En,physique, ce qui ne se produit qu'une seule fois, ce qui ne peut pas être reproduit n'est pas susceptible descience.

Or il est dans la nature du fait historique de ne se produire qu'une seule fois.

Il en va de même de lagénéralité qui est le caractère fondamental de la représentation scientifique.

Aristote disait qu'il n'y a de science que du général, d'existence que du particulier.

Cela implique qu'il ne peut pas y avoir de science dusingulier, ni même de science du concret au sens d'une particularité irréductible.

Ce serait contradictoire.

Lestatut du fait historique exclut qu'il ne puisse jamais y avoir une « science » de l'histoire.

Une science se doitde définir des lois et des régularités et d'effectuer un ordre de mesure.

Où trouvons-nous cela en histoire ? Oùsont les lois en histoire ? Où sont les mesures ? Nulle part.

D'ailleurs, s'il y avait des régularités, des lois enhistoire, on changerait complètement de domaine en quittant l'histoire pour la sociologie .

Trouver des lois et des régularités sociales, susceptibles de mesure statistique est l'affaire de la sociologie, et non de l'histoire.L'histoire reste l'histoire quand son objet est le passé humain dans son caractère particulier et unique.

Non mesurable.

Convenons donc que l'on ne peut parler de « science historique » que par métaphore.

C'est unemanière d'opposer la connaissance vulgaire et non élaborée du passé, à une connaissance élaborée et qui suitune méthode.

L' objectivité en histoire est seulement, en ce sens, une conduite méthodique .

L'histoire est plus une connaissance technique qu'une science au sens strict du terme.

Si l'on met de côté l'ambition idéologiqueaffichée par le positivisme, l'erreur qui nous est la plus commune au sujet de l'histoire, c'est de la confondreavec ses méthodes.

Ce qui est scientifique dans l'histoire, ce n'est ni l'histoire, ni son objet, mais surtout sesméthodes.

Voir : Le monde comme volonté et comme représentation , A.

Schopenhauer, p.

1179, 1180.

Les méthodes des sciences auxiliaires de l'histoire.

Il y a une distance entre la rigueur de l'archéologie et de lagénéalogie et l'histoire en général.

Ce n'est pas parce que l'historien se fonde sur un traitement scientifiquedes documents, que pour autant son récit doit être qualifié de « scientifique ».

Un « récit scientifique » cela neveut pas dire grand-chose et même rien dire du tout.

Qui dit récit dit immédiatement interprétation,reconstruction subjective.

Le positivisme s'est égaré en cherchant à aligner l'histoire sur les sciences de la Nature .

Sa définition de l'histoire n'a eu pour effet que de stériliser les efforts des historiens. La connaissance historique : Soyons donc plus modeste et disons avec Henri .I.

Marrou que l'histoire est simplement la connaissance dupassé humain.

Le mot connaissance n'a pas la rigueur objective du mot « science », mais il n'a pas non plus lesens vague du terme de « récit ».

La connaissance historique se distingue d'une simple narration du passéhumain.

Elle n'est pas seulement une « étude » ou une « recherche » sur le passé, ce qui importe, c'est lerésultat auquel elle aboutit.

« L'histoire se définit par la vérité qu'elle est capable d'élaborer ».

Uneconnaissance valide, vraie s'oppose à une représentation faussée et falsifiée du passé.

L'histoire n'est pasl'utopie, la légende imaginaire, le roman historique, le mythe, la tradition populaire, l'image d'Epinal à vocation. »

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