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L'historien peut-il être impartial ?

Publié le 11/03/2004

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Le terme « histoire « est employé dans la vie quotidienne dans de nombreux cas : histoire drôle, histoire d’amour, etc… Je peux raconter l’histoire de ma journée. Mais si ce n’est pas de ces histoires là dont s’occupe l’histoire, il faut néanmoins partir de l’usage du terme dans la langue courante. Nous entendons de façon usuelle par histoire aussi bien une dimension du réel, qui a quelque chose à voir avec la succession d’événements, qu’une reconstitution de cette succession à travers un récit. Si nous définissons l’histoire en un premier sens comme une réalité, elle correspond à l’ensemble de ce qui se déroule à travers le temps. En ce premier sens, et de manière naïve, je peux parler aussi bien d’histoire de l’univers que l’histoire des espèces vivantes ? C’est en ce sens que Aristote a écrit une Histoire des animaux et que le naturaliste romain Pline avait composé au 1er siècle de notre ère, une célèbre Histoire naturelle. Il se trouve cependant qu’en français nous appelons « histoire « la connaissance et le récit d’un tel devenir. L’histoire comprise comme connaissance correspond à une enquête entreprise à propos d’un devenir. L’étymologie du mot nous renvoie au latin historia qui signifie une enquête, une recherche savante de la vérité. Il s’agit donc de discerner le vrai du faux. Pourtant, il faut d’emblée s’interroger sur l’objet même de l’histoire en tant que connaissance : porte-t-elle autant sur les évolutions des espèces ou de l’univers que sur le devenir humain ? Certes la question paraît seconde vis-à-vis de notre sujet mais elle met en relief le rôle de l’historien. Si le devenir humain est semblable au devenir des planètes, alors ne peut-on pas dire que l’historien est un scientifique au même titre que l’astronome ? L’historien apparaît donc comme celui qui se donne comme but de connaître le passé, ce qui a déjà eu lieu. Le terme « impartial « fondé sur l’addition du préfixe négatif –im et de l’adjectif « partial « renvoie donc au fait de ne pas prendre partie. Il désigne ici une certaine objectivité du scientifique qui observe les faits sans faire intervenir sa personnalité dans sa recherche. L’historien impartial serait alors celui qui peut étudier les faits historiques de l’extérieur, en recherchant des lois et en se plaçant que du point de vue de l’objet qu’il étudie. Nous retrouvons donc notre distinction entre les sciences de la nature et l’histoire. Pour être impartial, l’historien doit se conformer au modèle des sciences de la nature telles la chimie ou la physique,… Il s’agit ici de savoir si cela est possible- le verbe « pouvoir « renvoie ici à la capacité. L’objet donc s’occupe l’historien peut-il être abordé de manière neutre, objective ? Mais les faits que constituent l’histoire sont-ils donnés comme les phénomènes naturels ? ne faut-il pas au contraire les choisir, les trier ? ce qui reviendrait à laisser place à la personnalité et à la subjectivité de l’historien. De plus, le verbe « pouvoir « renvoie aussi ici à la moralité. Il s’agit de comprendre s’il est souhaitable de regarder l’histoire comme une chose. N’est-ce pas nier la spécificité humaine ? Sa liberté ?

« fera une décomposition de l'histoire en plans étagés, en se fondant sur une étude des différents types de rythmeshistoriques : il oppose le temps géographique au temps social et individuel.

Ainsi cet auteur a le désir d'une histoiretotale.

Mais il apparaît que la question de l'événement a repris un regain d'intérêt suite à cette tentative.

b. L'histoire sans historien est typique de nos sociétés contemporaines.

Elle se déroule immédiatement devant chacun de nous.

On parle ainsi de l'actualité, à laquelle chacun y prend part sans en être surpris.

L'événement esttoujours une catastrophe, mais il ne paraît plus jamais imprévisible.

Il y a dans nos sociétés une « sur-informationperpétuelle » en même temps qu'une « sous-information chronique » (P.

Nora , « Le retour de l'événement » in Faire de l'histoire ).

A vouloir tout montrer, on ne voit plus rien.

Il n'y a plus de surprise, et la quotidienneté de certains peuples semble se soumettre à un enchaînement d'évènements sans en considérer les véritables tenants etaboutissants.

La réflexion sur les évènements est étouffée sous la rapidité de l'actualité.

Et le présent, imbibéd'images fragmentées, semble être un émiettement dépourvu de toute épaisseur intelligible. Conclusion L'histoire est ainsi au départ le désir d'assembler des informations permettant de former une totalité intelligible.

Ilest important d'établir des connexions entre événements afin de ne pas les laisser pour hasardeux, ou accidentels.C'est l'information médiatique de nos jours qui contribue à laisser des événements subsister par eux-mêmes, sansconsidération de la manière dont ils sont advenus.

En ce sens le désir d'information ruine la rationalité à l'œuvredans le monde.

Mais faut-il renoncer pour autant à la quête d'une trame secrète du tissu événementiel ? Le hasardpour nous ne serait-il pas, pour reprendre l'idée hégélienne, la trace même de la nécessité rationnelle en acte ? CITATIONS: « Qu'est-ce donc que l'histoire? Je proposerai de répondre : l'histoire est la connaissance du passé humain.

»Henri-Irénée Marrou, De la connaissance historique, 1954. « L'histoire que nous écrivons, l'histoire rétrospective (die Historie) est rendue possible par l'histoire qui s'estfaite (die Geschichte).

» Paul Ricoeur, Histoire et Vérité, 1955. « La véritable histoire objective d'un peuple commence lorsqu'elle devient aussi une histoire écrite.

» Hegel, La Raison dans l'histoire, 1837 (posth.) « L'historien n'a pas à s'occuper des événements tels qu'ils se sont passés en réalité, mais seulement tels qu'onles suppose s'être passés : car c'est ainsi qu'ils ont produit leur effet.

» Nietzsche, Aurore, 1881. « Le document n'était pas document avant que l'historien n'ait songé à lui poser une question, et ainsi l'historieninstitue, si l'on peut dire, du document en arrière de lui et à partir de son observation; par là même il institue desfaits historiques.

» Paul Ricoeur, Histoire et Vérité, 1955. « L'historien est dans la situation d'un physicien qui ne connaîtrait les faits que par le compte rendu d'un garçonde laboratoire ignorant et peut-être menteur.

» Charles Seignobos, Introduction aux études historiques, 1897. Le bon historien « n'est d'aucun temps, ni d'aucun pays » Fénelon. « L'histoire est écrite par les vainqueurs.

» Robert Brasillach, Les Frères ennemis, 1967.. »

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