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Hobbes

Publié le 14/08/2012

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  • " Car c’est l’art qui crée ce grand LEVIATHAN qu’on appelle REPUBLIQUE ou ETAT (COMMON-WEALTH ou CIVITAS en latin), lequel n’est qu’un homme artificiel, quoique d’une stature et d’une force plus grandes que celles de l’homme naturel… Enfin les pactes et conventions par lesquels les parties de ce corps politique ont été à l’origine produites, assemblées et unifiées ressemblent au Fiat ou au Faisons l’homme que prononça Dieu lors de la création. "
  • Nosce teipsum : lis-toi toi-même… à cause de la similitude qui existe entre les pensées et les passions d’un homme et les pensées et les passions d’un autre homme, quiconque regardant en soi-même observe ce qu’il fait et pour quels motifs , lorsqu’il pense, opine, raisonne, espère, craint, etc., lira et connaîtra par là même les pensées et les passions de tous les autres hommes en des occasions semblables. " […] " Celui qui doit gouverner toute une nation ne doit pas lire en lui-même tel ou tel individu, mais l’humanité… " (Léviathan – Introduction).
  • " A l’origine de toute nos pensées se trouve ce que nous appelons SENSATION. " […] " La cause de la sensation est le corps extérieure, ou objet, qui presse l’organe à chaque sensation, soit immédiatement, comme dans le goût et le toucher, soit médiatement, comme dans la vue, l’ouïe, et l’odorat… " (Léviathan – I : De la sensation.).
  • " L’IMAGINATION n’est donc rien d’autre qu’une sensation en voie de dégradation ; on la trouve chez les hommes et chez beaucoup d’autres créatures vivantes, dans le sommeil comme dans la veille. " […] " … de sorte que l’imagination et le souvenir ne sont qu’une seule chose, qui porte des noms différents quand on se place à des points de vue différents. " (Léviathan – II : De l’imagination.).
  • " J’entends par consécution ou enchaînement des pensées cette succession d’une pensée à l’autre qu’on appelle discours mentale " […] " En somme, le discours mental, quand il est gouverné par un dessein, n’est rien d’autre que la recherche, c'est-à-dire la faculté d’invention, que les Latins appellent sagacitas ou solertia ; c’est une chasse des causes de quelque effet présent ou passé, ou des effets de quelque cause présente ou passée. " […] " … car la sensation, les pensées et l’enchaînement des pensées, sont tout ce que l’homme possède en fait de mouvement mental ; mais grâce à la parole et à la méthode ces facultés peuvent être élevées à un tel niveau que l’homme se distingue alors de toutes créatures vivantes. " […] " Tout ce que nous imaginons est fini. Il n’y a pas d’idée ou de conception d’aucune des choses que nous appelons infinies. Nul homme ne peut avoir dans l’esprit l’image d’une grandeur infinie, ni concevoir une vitesse infinie, un temps infini, une force infinie, un pouvoir infini. " […] " De même…, on ne peut avoir de pensées représentant une chose qui ne serait pas sujette à la sensation. " (Léviathan – III : De la consécution des imaginations.).
  • " Mais l’invention la plus noble et la plus profitable de tous, ce fut celle de la PAROLE, consistant en des dénominations ou appellations et dans leur mise en relation (connexion), invention grâce à laquelle les hommes enregistrent leurs pensées, les rappellent quand elles sont passées et aussi se les déclarent l’un à l’autre, pour leur utilité naturelle et pour communiquer entre eux, et sans laquelle il n’y aurait pas eu parmi les hommes plus de République, de société, de contrat et de paix que parmi les lions, les ours et les loups. " (Léviathan – IV : De la parole.).
  • 4 usages de la parole :1. Servir de marques ou de notes en vue de la réminiscence. 2. D’exprimer à autrui la connaissance que l’on a atteinte. 3. Faire connaître à autrui ses volonté et ses projets. 4. Contenter et charmer soit autrui soit nous même. 4 abus de la parole : 1. Enregistrement incorrect. 2. Usage métaphorique des mots, ce qui induit les autres en erreur. 3. Tromper en feignant de vouloir alors qu’on ne le veut pas. 4. Blesser les autres par la parole. […] " Car vrai et faux sont des attributs de la parole, et non des chose. Là où il n’est point de parole, il n’y a ni vérité ni fausseté. " […] " Puisque la vérité consiste à ordonner correctement les dénominations employées dans nos affirmations, un homme qui cherche l’exacte vérité doit se rappeler ce que représente chaque dénomination dont il use, et la placer en conséquence… " […] " C’est donc sur la définition correcte des dénominations que repose le premier usage de la parole, qui est l’acquisition de la science. " (Léviathan – IV : De la parole.)
  • " … la RAISON n’est que le calcul (c'est-à-dire l’addition et la soustraction) des conséquences des dénominations générales dont nous avons convenu pour noter et signifier nos pensées… " […] " Alors que la sensation et le souvenir ne sont qu’une connaissance du fait, qui est une chose passée et irrévocable, la science est la connaissance des consécutions, de la dépendance d’un fait à l’égard d’un autre… " […] " Pour conclure, la lumière de l’esprit humain, ce sont des mots clairs, épurés, en premier lieu, et purgés de toute ambiguïté, par des définitions exactes. La raison en est la marche, l’accroissement de la science en est le chemin, et le bien de l’humanité, l’aboutissement. " (Léviathan – V : De la raison et de la science.).
  • " Dans la délibération, le dernier appétit ou la dernière aversion, qui se trouve en contact immédiat avec l’action ou son omission, est ce qu’on appelle la VOLONTE : c’est l’acte (non la faculté) de vouloir. Les bêtes, qui ont la délibération, doivent nécessairement avoir aussi la volonté…La volonté est donc l’appétit qui intervient le dernier au cours de la délibération. " […] " Le succès continuel dans l’obtention de ces choses dont le désir reparaît sans cesse, autrement dit le fait de prospérer continuellement, c’est ce qu’on appelle FELICITE. J’entends la félicité en cette vie, car il n’existe pas de tranquillité perpétuelle de l’esprit tant qu’on vit ici-bas. La vie elle-même, en effet, n’est que le mouvement, et ne peut jamais aller sans désir ou sans crainte. " (Léviathan – VI : Des commencements intérieurs des mouvements volontaires.).
  • " Et de même que le dernier appétit dans la délibération s’appelle volonté, la dernière opinion dans la poursuite de la vérité relative au passé et au futur est appelée JUGEMENT, ou sentence finale et résolutive de celui qui procède ainsi discursivement. " (Léviathan – VII : Des aboutissements ou résolutions du discours.).
  • " …les hommes ne retirent pas d’agrément (mais au contraire un grand déplaisir) de la vie en compagnie, là où il n’existe pas de pouvoir capable de les tenir tous en respect. " […] " De la sorte, nous pouvons trouver dans la nature humaine trois causes principales de querelle : premièrement, la rivalité ;deuxièmement, la méfiance ; troisièmement, la fierté. " […] " Il apparaît clairement par là qu’aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, il sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun. " […] " Les désirs et les autres passions de l’homme ne sont pas en eux-mêmes des péchés. Pas davantage ne le sont les actions qui procèdent de ces passions, tant que les hommes ne connaissent pas de loi qui les interdise ; et ils ne peuvent pas connaître de lois tant qu’il n’en a pas été fait ; or, aucune loi ne peut être faite tant que les hommes ne se sont pas entendus sur la personne qui doit la faire. " […] " Cette guerre de chacun contre chacun a une autre conséquence : à savoir, que rien ne peut être injuste. Les notions de légitime et d’illégitime, de justice et d’injustice, n’ont pas ici leur place. Là où il n’est de pouvoir commun, il n’est pas de loi ; là où il n’est pas de loi, il n’est pas d’injustice. " […] " Les passions qui inclinent les hommes à la paix sont la crainte de la mort, le désir des choses nécessaires à une vie agréable, l’espoir de les obtenir par leur industrie. Et la raison suggère des clauses appropriées d’accord pacifique, sur lesquelles on peut les hommes à s’entendre. Ces clauses sont ce qu’on appelle en d’autres termes les lois naturelles. " (Léviathan – VIII : Condition naturelle des hommes : leur félicité, leur misère.).
  • " Le DROIT DE NATURE, que les auteurs appellent généralement jus naturale, est la liberté qu’a chacun d’user comme il le veut de son pouvoir propre, pour la préservation de sa propre nature, autrement dit de sa propre vie, et en conséquence de faire tout ce qu’il considérera, selon son jugement et sa raison propres, comme le moyen le mieux adapté à cette fin. " […] " Une LOI DE NATURE (lex naturalis) est un précepte, une règle générale, découverte par la raison, par laquelle il est interdit aux gens de faire ce qui mène à la destruction de leur vie ou leur enlève le moyen de la préserver, et d’omettre ce par quoi ils pensent qu’ils peuvent être le mieux préservés. " Deux lois de nature : la première et fondamental : " rechercher et poursuivre la paix. " ; la seconde qui dérive de la première : " se dessaisir, dans toute la mesure ou l’on pensera que cela est nécessaire à la paix et à sa propre défense, du droit qu’on a sur toute chose ; et qu’on se contente d’autant de liberté à l’égard des autres qu’on en concéderait aux autres à l’égard de soi-même. " […] " Se dessaisir de son droit sur une chose, c’est se dépouiller de la liberté d’empêcher autrui de profiter de son propre droit sur la même chose. " […] " La transmission mutuelle de droit est ce qu’on nomme CONTRAT. " […] " Les conventions passées sous l’effet de la crainte, dans l’état de nature, créent l’obligation. " […] Nul ne peut néanmoins transmettre son droit de se protéger de la mort, donc : " Une convention où je m’engage à ne pas me défendre de la violence par la violence est toujours nulle. " (Léviathan – XIV : Des deux premières lois naturelles et des contrats.)
  • Il y a dix neuf lois de nature qui peuvent se ramasser en une seule formule : " ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît à toi-même. " […] " Les lois de nature sont immuables et éternelles…car il ne peut jamais se faire que la guerre préserve la vie, et que la paix la détruise. " […] " La science de ces lois est la vraie et la seule philosophie morale. " (Léviathan – XV : Des autres lois de nature.).
  • " La cause finale, le but, le dessein, que poursuivirent les hommes, eux qui par nature aiment la liberté et l’empire exercé sur autrui, lorsqu’ils se sont imposé ces restriction au sein desquelles on les voit vivre dans les Républiques, c’est le souci de pouvoir à leur propre préservation et de vivre plus heureusement par ce moyen : autrement dit, de s’arracher à ce misérable état de guerre qui est, je l’ai montré, la conséquence nécessaire des passions naturelles des hommes, quand il n’existe pas de pouvoir visible pour les tenir en respect, et de les lier, par la crainte de châtiments, tant à l’exécution de leurs conventions qu’à l’observation des lois de nature qui ont été exposées. " " D’elles-mêmes en effet, en l’absence d’un pouvoir qui les fasse observer par l’effroi qu’il inspire, les lois de nature sont contraire à nos passions naturelles… Et les conventions, sans le glaive, ne sont que des paroles, dénuées de la force d’assurer aux gens la moindre sécurité. " La génération de la République : " Cela va plus loin que le consensus, ou concorde : il s’agit d’une unité réelle de tous en une seule et même personne, unité réalisée par une convention de chacun avec chacun passées de telle sorte que c’est comme si chacun disait à chacun : j’autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne mon droit de me gouverner moi-même, à cette condition que tu lui abandonnes ton droit et que tu autorises toutes ses actions de la même manière. Cela fait, la multitude ainsi unie en une seule personne est appelée une REPUBLIQUE, en latin CIVITAS. Telle est la génération de ce grand LEVIATHAN, ou plutôt pour en parler avec plus de révérence, de ce dieu mortel, auquel nous devons, sous le Dieu immortel, notre paix et notre protection. […] l’effroi qu’il inspirent lui permet de modeler les volontés de tous, en vue de la paix à l’intérieure et de l’aide mutuelle contre les ennemis de l’extérieur." " En lui réside l’essence de la République, qui se définit : une personne unique telle qu’une grande multitude d’homme se sont faits, chacun d’entre eux, par des conventions mutuelles qu’ils ont passées l’un avec l’autre, l’auteur de ses actions, afin qu’elle use de la force et des ressources de tous, comme elle le jugera expédient, en vue de leur paix et de leur commune défense. " " Le dépositaire de cette personnalité est appelé SOUVERAIN, et l’on dit qu’il possède le pouvoir souverain ; tout homme est son sujet. " (Léviathan – XVII : Des causes de la génération et de la définition de la République.).
  • " Il est vrai que, hors de la société civile, chacun jouit d'une liberté très entière, mais qui est infructueuse, parce que, comme elle donne le privilège de faire tout ce que bon nous semble, aussi laisse-t-elle aux autres la puissance de nous faire souffrir tout ce qu'il leur plaît. Mais dans le gouvernement d'un Etat bien établi, chaque particulier ne se réserve qu'autant de liberté qu'il lui en faut pour vivre commodément, et en une parfaite tranquillité, comme on n'en ôte aux autres que ce dont ils seraient à craindre. Hors de la société, chacun a tellement droit sur toutes choses qu'il ne s'en peut prévaloir et n'a la possession d'aucune ; mais dans la république, chacun jouit paisiblement de son droit particulier. Hors de la société civile, ce n'est qu'un continuel brigandage, et l'on est exposé à la violence de tous ceux qui voudront nous ôter les biens et la vie ; mais dans l'Etat, cette puissance n'appartient qu'à un seul. Hors du commerce des hommes, nous n'avons que nos propres forces qui nous servent de protection, mais dans une ville, nous recevons le secours de tous nos concitoyens. Hors de la société, l'adresse et l'industrie sont de nul fruit mais dans un Etat, rien ne manque à ceux qui s'évertuent. Enfin, hors de la société civile, les passions règnent, la guerre est éternelle, la pauvreté est insurmontable, la crainte ne nous abandonne jamais, les horreurs de la solitude nous persécutent, la misère nous accable, la barbarie, l'ignorance et la brutalité nous ôtent toutes les douceurs de la vie ; mais, dans l'ordre du gouvernement, la raison exerce son empire, la paix revient au monde, la sûreté publique est rétablie, les richesses abondent, on goûte les charmes de la conversation, on voit ressusciter les arts, fleurir les sciences ; la bienséance est rendue à toutes nos actions et nous ne vivons plus ignorants des lois de l'amitié. " Le citoyen - Garnier Flammarion (p. 195).

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