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Ce que l'homme accomplit par son travail peut-il se retourner contre lui ?

Publié le 20/01/2004

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travail

Le travail est aujourd’hui une source de soucis, voir de malheur pour de nombreux hommes. Totalement dépendant de leur travail, certains de nos contemporains peuvent aller jusqu’au suicide face à leur travail. Cela signifie-t-il que le travail est devenu notre maître ? Est-ce seulement possible ? Le travail peut-il se retourner contre l’homme ? N’est-il pas, à l’origine un outil, un artifice de l’homme pour se libérer ? Mais ne connait-il pas un glissement, qui le fait passé d’outil à maître, d’utilisé à utilisateur ? Comment pouvons-nous faire pour que le travail ne se retourne pas contre nous ?

 

Le travail est transformation de soi et de la nature

La transformation de la nature peut entraîner des conséquences fâcheuses

Il faut retrouver un certain équilibre dans le travail

 

 

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« Marx écrivait : "le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur".

Mais alors,si ce que l'homme accomplit par son travail est déjà "présent" dans son imaginaire, comment celui ci perçoit t-il saproduction elle même, ses différences avec l'idée qu'il se faisait d'elle ? Et puisque ce que nous produisons est lereflet de nos attentes, de nos désirs, de nos besoins, notre production ne peut-elle donc pas devenir dangereuse ?A vouloir et à pouvoir, de plus en plus, répondre à toutes nos aspirations, les plus futiles soient elles, par le travail,l'aboutissement de celui ci ne risque t-il pas de se retourner contre nous ?Afin d'apporter une réponse à cette question, nous nous demanderons tout d'abord pourquoi l'on a coutumed'associer notre production à un progrès, à quelque chose de positif pour l'homme.

Puis, après avoir cherché pourquelles raisons le résultat de notre travail pourrait-il nous nuire, nous nous poserons une dernière question :Comment pourrait-on appréhender notre production pour qu'elle ne soit pas synonyme de menace ? Le travail est le plus souvent associé à quelque chose d'éprouvant, de pénible, et s'oppose aux loisirs, à la détente.Pourtant, l'homme a toujours travaillé car c'est par son travail qu'il parvient à transformer consciemment en objetsutiles ce que la nature lui a donné afin de répondre à ses besoins.Ainsi, notre production vise en premier lieu à améliorer notre bien-être, car, contrairement aux animaux qui sontparfaitement adaptés à leur milieu naturel, l'homme n'est pas chez lui dans la nature.

Il a des besoins auxquels il nepeut subvenir avec les moyens naturels dont il dispose : que ferions nous sans vêtements, sans couverture, nus enplein hiver ? Les animaux ont un pelage mais l'homme n'est pas protégé contre le froid, il se doit donc de produire unobjet susceptible de le réchauffer.

Mais si la fin première du travail était tout simplement de permettre à l'homme desurvivre dans un milieu qui lui est hostile, un moyen de répondre à ses besoins vitaux, l'évolution des techniques fitconsidérablement évoluer ces besoins.

En effet, alors que les techniques n'ont cessé de se sophistiquer au coursdes siècles, permettant ainsi à l'homme de produire des objets et des services de plus en plus complexes, sesbesoins ont, eux aussi, considérablement évolué.

Puisque les capacités et les possibilités de production sont de plusen plus diversifiées, les besoins de l'homme tendent vers de plus en plus de futilité : ainsi, s'il était indéniable quenous ayons besoin de vêtements pour survivre, il nous est facile d'admettre que le fait de suivre les différentesmodes vestimentaires ne relève pas de l'indispensable.

Mais l'homme est ainsi, il se crée des besoins et saproduction lui permet de satisfaire ses désirs, voire de lui procurer du plaisir : qui n'a jamais été heureux de dégusterun gâteau au chocolat après avoir passer un long moment à le confectionner ? Bien sûr, on aurait pu se contenterde manger un oeuf et du beurre de cacao, ce que la nature nous a donné, pour survivre, mais ce gâteau nousprocure en plus du plaisir, ce qui est loin d'être négligeable ! On pourrait donc interpréter avec Rousseau lanécessité du travail moins comme ce que nous impose la nature extérieure que ce qu'exige notre propre nature : parle travail nous affirmons ce dont nous avons besoin en tant qu'individu.

Le fait que par le travail l'homme cherche àcréer ce dont il a besoin, ce à quoi il rêve même parfois, nous permet donc de comprendre pourquoi le résultat dutravail est le plus souvent associé à quelque chose de positif.

Effectivement, si nous ne cherchons qu'à produire ceque nous pensons être bon pour nous, l'issu de notre travail ne peut qu'être positive.

De plus, comme le soulignaitMarx, dans la mesure où l'homme se dresse librement face à son produit, celui ci ne peut en aucun cas constituerune menace : nous sommes libres de supprimer notre production si celle ci ne répond pas à nos attentes.Mais là n'est pas le seul intérêt de ce que nous accomplissons par le travail.

Emmanuel Mounier écrivait que "touttravail travaille à faire un homme en même temps qu'une chose".

Il est vrai que, au delà du fait que notre travailréponde à nos besoins, nous ne pouvons omettre que, face à notre travail et grâce à lui, nous sommes en mesured'accéder à quelque chose de "supérieur", de l'ordre de la pensée.

En effet, qui n'a jamais ressenti ce sentiment defierté face à l'objet, matériel ou immatériel, qu'il avait produit ? Il n'est qu'à voir l'architecte devant la maison qu'il aconstruite, le pâtissier devant sa pièce montée ou encore l'élève face à sa rédaction ! Cela ne s'expliquerait-il paspar l'extériorisation que nous faisons de notre individualité à travers le travail ? Ne mettons nous pas toujours "unpeu de nous même" dans ce que nous réalisons ? Il semble effectivement que notre objet porte notre marque, etque, comme l'avait démontré Marx, nous nous contemplons dans cet objet en tant qu'homme mais aussi en tantqu'individu.Ainsi l'aboutissement du travail est en quelque sorte libérateur : grâce à notre production nous prenons consciencede notre supériorité par rapport à l'animal puisque nous sommes en mesure de modifier la nature selon notre bonvouloir.

Notre oeuvre est donc le fruit de notre pouvoir et de notre maîtrise, et nous ne nous en rendons comptequ'une fois notre travail achevé : comment savoir auparavant si ce que nous produisions était sensé, si cela allaitcorrespondre à nos attentes, à ce que nous espérions, à l'idée que nous nous en faisions ? Hegel mettait ainsil'accent sur l'aspect libérateur du travail une fois celui ci terminé : après avoir mis son travail au service d'un autre,l'esclave se découvre des capacités qu'il ignorait et passe donc d'une conscience d'esclave à une conscience de soilibre car dans son ouvrage "il a l'intuition de lui même comme réalité objective".Enfin, on pourrait souligner que si la vocation première de notre production est de satisfaire nos propres envies, ilest important de rappeler que celle ci peut tout aussi bien convenir à autrui.

Pour reprendre notre exemple dugâteau au chocolat, même si je l'ai préparé seule, il ne fait aucun doute qu'il contribuera très certainement àsatisfaire l'appétit de mes amis.

Ce que nous produisons nous est donc également favorable dans la mesure où ilnous permet de développer des échanges avec les autres producteurs, ce qui est par ailleurs source desocialisation, voire d'enrichissement.Nous venons donc de le constater, si nous avons coutume d'associer notre production à quelque chose de positifc'est parce que ce que nous accomplissons par le travail nous permet de satisfaire nos besoins, qu'il soient vitauxou superficiels, de nous réaliser en tant qu'individu, mais aussi d'entrer en contact avec les personnes qui nous. »

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