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L'homme est-il un animal dénaturé ?

Publié le 03/02/2004

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Comme dans le premier cas, nous avons l'idée d'une modification importante qui a corrompu un état initial jugé sain. Cependant, ce mode de pensée est-il applicable à l'homme ? Il défend une morale dont le fondement est à éclairer. L'homme a-t-il une nature qui aurait été déformée au point de la corrompre ? Qui serait le responsable de cette dégradation ? Le propre de l'homme n'est-il pas plutôt la culture, c'est-à-dire un processus historique de transformation de soi et du monde ? La transformation est certes une altération mais il n'est pas dit qu'elle soit une déformation. Ces difficultés justifient la question posée : l'homme est-il un animal dénaturé ?

-L'homme est un être naturel, au sens où il a un corps et des besoins naturels. -Mais en tant qu'être de culture, capable de développer une civilisation qui se coupe précisément des exigences biologiques primaires (notamment par le développement des sciences et des arts), l'homme peut être envisagé selon une coupure progressive par rapport à la nature originaire, cad comme un animal dénaturé. -L'origine majeure de la civilisation, chez l'homme, se situe dans le regroupement de divers individus en une communauté politique organiquement organisée, propice au développement progressif de la rationalité : la raison constitue donc une conséquence du regroupement politique des hommes. -Or, quel lien y a-t-il entre la rationalité humaine et sa naturalité propre ? L'homme rationnel est-il un être dénaturé ? Ou bien la rationalité ne constitue-t-elle pas elle-même un élément parmi d'autres de l'essence naturelle de l'homme ?

« 3.

Dénaturation ou seconde nature ? A.

Puissance de l'habitudeIl ne faudrait pas que le rejet de l'idée d'un homme naturel conduise à nier notre naturalité.

Nous possédons uncorps dont nous ne sommes pas les auteurs et nous suivons en ce sens le même processus que celui des animaux.Dans le langage sartrien, nous dirons que l'homme n'est pas seulement un être pour soi mais aussi en soi.

II esttoutefois remarquable que cette dimension relève d'une seconde nature.

Cette expression désigne l'ensemble deshabitudes qui façonnent notre comportement sans que nous en ayons forcément une conscience claire.

Montaignenomme la coutume une « violente et traîtresse maîtresse d'école » afin de souligner à quel point nous sommesconditionnés sans l'avoir voulu.

Les habitudes se contractent aisément et facilitent nos actions tant que celles-cirentrent dans leur moule.

Mais elles découvrent « leur furieux et tyrannique visage » lorsque nous voulons cesser deles suivre.

L'appellation « seconde nature » rend bien compte de ce phénomène qui se rapproche de la nécessité dela causalité physique alors qu'il est une création de l'esprit.

La culture d'un individu lui paraît naturelle et il faut lecontact avec d'autres civilisations pour qu'il apprenne à relativiser ses croyances.

Pascal en tire la conclusion quenotre vraie nature n'est sans doute qu'une coutume primitive que nous prenons à tort pour un point de départabsolu. B.

La nature du comportementDans son étude sur les Techniques du corps, le sociologue Marcel Mauss a donné de nombreux exemples de cemodelage.

Les façons de marcher, de se vêtir, de manger, de courir, de dormir, etc.

sont toutes dépendantes d'unecivilisation.

Il cite le cas des infirmières d'un hôpital new-yorkais dont la démarche copiait celle des actrices decinéma et remarque que les infirmières françaises subirent aussi cette influence.

Ceci nous renseigne sur laspécificité du comportement humain.

Le corps y est toujours présent mais il sert de support à des significationsculturelles.

Plus exactement, nous devons dire qu'il est impossible de superposer chez l'homme une couche denature et une de culture, selon l'expression de Merleau-Ponty.

Ces deux dimensions sont inséparablement unies dansnos conduites.

Nous sommes des consciences incarnées qui usent de leur corps pour signifier des désirs ou porterdes valeurs sans jamais pouvoir le quitter.

Merleau-Ponty caractérise ainsi l'être humain par son génie del'échappement.

La nature nous fournit un corps dont nous détournons l'usage tout en le conservant.

Notons que lesanimaux ne sont pas totalement étrangers à cette dimension.

Leurs comportements sont orientés, ils qualifient leurenvironnement et y visent des buts mais il ne semble pas qu'ils aient le même pouvoir d'invention et de modulation.Songeons, en effet, à la diversité des attitudes.

La colère peut se manifester de façon ambiguë voireincompréhensible à celui qui n'est pas habitué à un certain code.

Notre comportement est-il dénaturé ? Il faudraitque nous puissions le comparer à un modèle.

Or ceci est une fiction puisque l'homme est précisément ce mixte dedonné naturel et de significations apprises. Conclusion L'idée de dénaturation nous a conduit a examiner les formes d'une violence qui corromprait un état initial jugémeilleur.

Il nous est apparu que cette thématique est solidaire d'une pensée morale axée sur la valeur de l'origine.Toutefois, ce fondement nous a semblé critiquable en raison de son abstraction et de la contradiction insoluble qu'ilengendre.

Nous en concluons que l'homme n'est pas un animal dénaturé mais un être vivant qui possède la propriétéde façonner culturellement sa nature physique.

Il est donc indispensable de définir son éducation. Introduction Parce qu'il est un être de culture, l'homme a quitté la nature sans remède et sans retour possible : non seulementnous avons cultivé et aménagé la nature hors de nous par le travail et la technique, mais nous avons appris àmaîtriser la nature en nous par la discipline et l'éducation.En effet, et comme aimait à le rappeler Freud, la civilisation s'est tout entière bâtie contre les instincts : ainsi,toutes les cultures ont mis entre nous et les besoins que nous partageons avec les animaux (boire, manger, dormir,se reproduire) une épaisseur de symboles et de rites – on mangera avec des « manières de tables », pour reprendreune expression de l'ethnologue C.

Lévi-Strauss, on consommera certains aliments crus et d'autres cuits, on nedormira pas simplement quand on a sommeil, mais à certaines heures et en certains lieux, etc.

En ce sens, tout se. »

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