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L'homme a-t-il besoin de l'art ?

Publié le 03/01/2005

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• Partez de cette distinction : l'homme crée, pas l'animal. L'art est une activité spécifiquement humaine. • C'est par cette activité créatrice que l'homme s'humanise, s'émancipe de la nature (pensez à Bergson qui donne de l'homme cette définition : un homo Faber, un homme qui fabrique, qui crée). • Montrez qu'il n'y a pas de société sans activité artistique, créatrice, sous quelque forme que ce soit. L'art apparaît ainsi non plus comme un luxe, superflu par définition, mais comme la définition ontologique de l'homme, c'est-à-dire son essence. L'art est une quête d'éternité, de perfection, que seul l'homme poursuit. Seul un monde parfait pourrait alors se passer d'art.

 

  • L'homme a besoin d'art parce qu'il a besoin des valeurs que celui-ci incarne: le sens du beau, du bien, du sacré, de tout ce qui dépasse l'existence immédiate et fait de l'homme quelque chose de plus qu'un animal. Mais, l'art n'est pas un besoin, c'est un pur luxe, quand ce n'est pas une dangereuse tromperie. L'art est tout au plus un agrément, mais un besoin, une nécessité.

L'art n'est pas ce dont l'homme a besoin, comme l'indique suffisamment l'opinion commune sur l'art comme étant superflu à l'exercice de la vie: "et le reste est littérature". Par ce "reste", entendons ce qui excède les simples nécessités que la vie impose ( manger, boire...); et par "littérature", voyons qu'il s'agit du modèle même de l'art. Pourtant, s'il est difficilement contestable que l'art est superflu, il est tout aussi incontestable que l'art n'est pas aussi gratuit que l'opinion le voudrait. Cette gratuité est ainsi taxée depuis la sphère de la seule utilité animale. L'homme y est conçu comme animal,  "être vivant", être de besoins dont l'être est de dépendre de ces besoins. Or , c'est cette dépendance, ce besoin qui est ici en jeu: Signifie-t-il "intérêt", où l'homme trouverait de quoi prendre part à la vie?

« besoins de l'esprit.

Or ces besoins, l'oeuvre d'art y répond de façon pertinente et spécifique. * Un besoin de l'esprit est une exigence qui trouve sa source dans notre nature rationnelle.

Ainsi l'homme a lebesoin de savoir, de connaître, d'apprendre.

L'oeuvre d'art, qui rappelons-le est de nature sensible, vasatisfaire ce besoin de l'esprit, mais par le biais de nos sens.

L'oeuvre d'art va donc solliciter notre part animalemais aussi notre part rationnelle : elle s'adresse donc à notre humanité.

L'homme en tant qu'il conjugue sens etraison aspire fondamentalement à la contemplation.

Et l'oeuvre d'art va satisfaire ce besoin proprementhumain. * L'oeuvre d'art suscite en effet du plaisir chez celui qui la contemple: l'oeuvre d'art provoque un sentiment deplénitude et de satisfaction en nous.

Mais ce plaisir n'est pas identique au plaisir que l'on ressent lorsqu'on boitun bon vin par exemple: il ne s'agit pas en effet d'un plaisir des sens, et nous ne sommes pas dans le domainede l'agréable.

Au contraire, ce plaisir est désintéressé, c'est-à-dire qu'il ne satisfait pas en nous un besoin.

Amoins que l'on donne le nom de besoin à une exigence purement intellectuelle. [L'homme n'a pas besoin d'art, il a besoin d'un logement pour abriter sa famille et d'un salaire décent pourpouvoir la nourrir.

Ensuite seulement, il peut partir en quête de l'agrément que donne l'art.] L'art n'est pas utile pour vivreCe qui est utile vise à satisfaire un besoin vital.

Boire, manger, dormir, respirer sont indispensables à la vie.

Ici,pas de différence entre l'homme et l'animal.

Et puis l'homme, étant un être doué de raison et de langage, s'estéloigné de son cousin simiesque, a développé les techniques, produit ce que la nature ne produit pas et s'estinstallé plus confortablement dans la vie.

En plus de l'instinct de survie propre à tout animal, l'homme possèdela capacité d'ajouter du plaisir à ce qu'il fait, à ce qu'il produit.

Mais la fin est toujours matérielle : le bien-être.On peut donc vivre en se contentant de la satisfaction des besoins physiologiques et économiques.

Commentexpliquer alors que l'activité artistique soit l'une des toutes premières manifestations de la culture humaine ?L'animal ne crée pas d'art.

Dire que l'art n'est pas utilitaire, c'est dire qu'il ne sert pas, qu'il n'est pas préoccupépar des intérêts matériels.

Dans une société définie par un consumérisme effréné, par des primes à l'efficacité,quelle est l'utilité de l'art qui ne produit rien de matériellement consommable ? La raison d'être de l'art sembled'un autre ordre.

Nous sommes en présence de l'acte gratuit par excellence, désintéressé.

Cette gratuité est-elle inutile ou a-t-elle un sens ? L'art n'est que divertissementComme le faisait déjà remarquer Platon, l'art n'est que mensonge et tromperie.

L'artiste est un illusionniste quidétourne l'homme des préoccupations essentielles. Dans La « République » (X 597b-598c - cf.

texte), Platon montre que le peintre est « l'auteur d'une productionéloignée de la nature de trois degrés ».

En effet, il y a trois degrés de réalité. • La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.

Pour Platon les Idées nesont pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ou formées aucontact de l'expérience (empirisme).

Elles existent indépendamment de notre pensée.

L'Etre est l'intelligible oumonde des Idées.

Cette thèse rend compte et de la connaissance, la réalité est intelligible, objet d'uneconnaissance, et de l'ordre du monde.

C'est parce que le monde est en lui-même intelligible que nous pouvonsle connaître.• La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre, dans la mesureoù elle est imitation de la première.

Les êtres naturels doivent leur existence à un Démiurge qui a façonné lamatière en contemplant le monde des Idées (« Timée » ).

De même le bon artisan fabrique son objet en seréglant sur son Idée.

Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contentent de les imiter.• La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintrepuisqu'il imite ce qui est déjà une imitation.

Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notrereflet dans le miroir.

Elle est le reflet d'une apparence.

En fait, il n'y a rien à voir.Au nom de la vérité Platon critique l'art.

Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art commeimitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence,apparence trompeuse, apparence du vrai.

Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et enaccentue la puissance trompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisant desapparences qui plaisent, excitent les sens et l'imagination.

L'art, effet du désir sensible et des passions, lesaccroît en retour.

L'homme raisonnable n'y a pas sa place.

L'art, ennemi de la vérité est ennemi de la morale.On trouve ici la première condamnation morale de l'art et par suite la première justification théorique de lacensure artistique dont relève encore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.

Rousseau auXVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.

L'art. »

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