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L'HOMME DANS L'UNIVERS SELON PASCAL DANS LES PENSEES: Les puissances trompeuses. — Les deux infinis. — L'interdépendance universelle. — Le Pyrrhonisme. — La solution vraie.

Publié le 24/03/2011

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Pascal déclare (si l'on en croit la Copie) qu'il n'entreprendra de prouver par des raisons naturelles ni l'existence de Dieu, ni la Trinité, ni l'immortalité de l'âme, ni aucune des choses de cette nature (556) ; et encore (dans le manuscrit).    Eh quoi ! Ne dites-vous pas vous-mêmes que le ciel et les oiseaux prouvent Dieu ? Non. Et votre religion le dit-elle ? Non, car encore que cela soit vrai en un sens pour quelques âmes, à qui Dieu donne cette lumière, néanmoins cela est faux à l'égard de la plupart (244).    Mais s'il ne demande aucun argument, aucune preuve à la nature en tant que nature, et à l'Univers en tant qu'Univers, il les utilisera pour sa démonstration, en les considérant comme le cadre ou « le milieu « dans lequel se forme et se définit la personnalité humaine. Il va donc maintenant raisonner sur l'homme considéré dans ses rapports multiples avec ce que les philosophes du XVIe siècle appellent « l'université des choses «, comme il a raisonné sur l'homme considéré en soi selon sa nature d'homme.

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« essentielle, ils s'établissent par la forcé les autres par grimace. C'est ainsi que nos rois n'ont pas recherché ces déguisements.

Ils ne se sont pas masqués d'habits extraordinairespour paraître tels ; mais ils se sont accompagnés de gardes, de hallebardes, de trognes armées qui n'ont de mainset de force que pour eux.

Les trompettes et les tambours qui marchent au-devant, et ces légions qui lesenvironnent, font trembler les plus fermes.

Ils n'ont pas l'habit seulement, ils ont la force.

Il faudrait avoir une raisonbien épurée pour regarder comme un autre homme le Grand Seigneur environné, dans son superbe sérail, dequarante mille janissaires. Nous ne pouvons pas seulement voir un avocat en soutane et le bonnet en tête, sans une opinion avantageuse desa suffisance. Il y jouit les impressions de l'enfance, les altérations des maladies, notre propre intérêt, « merveilleux instrumentpour nous crever les yeux agréablement », Et il termine son discours par cette remarque à la fois plus pénétrante etplus mesurée : La justice et la vérité sont deux pointes si subtiles que nos instruments sont trop mousses pour y toucherexactement.

S'ils y arrivent, ils en écachent la pointe, et appuient tout autour, plus sur le faux que sur le vrai. Supposons, un instant, ces puissances trompeuses ramenées à la vérité.

Supposons l'imagination bridée, la raisonaffermie, les sens contrôlés, et les causes d'erreur qui dépendent de notre corps, éliminées ; l'incapacité de l'hommeà comprendre la nature ne sera pas moins radicale.

Pascal le prouve par des considérations, lesquelles sontinfiniment plus probantes que les précédentes, parce qu'elles viennent du plus profond de son génie, se rattachant àses plus anciennes réflexions sur les mathématiques1. Nous avons déjà cité ce beau passage du traité de l'Esprit géométrique : Ceux qui verront clairement ces vérités pourront admirer la grandeur et la puissance de la nature dans cette doubleinfinité qui nous environne de toutes parts, et apprendre par cette considération merveilleuse à se connaître eux-mêmes, en se regardant placés entre une infinité et un néant d'étendue, entre une infinité et un néant de nombre,entre une infinité et un néant de mouvement, entre une infinité et un néant de temps.

Sur quoi on peut apprendre às'estimer à son juste prix, et former des réflexions qui valent mieux que tout le reste de la géométrie même. C'est maintenant que la promesse de Pascal va se réaliser, et que l'homme apprendra à s'estimer à son juste prix.Car Pascal va animer ces deux infinis de grandeur et de petitesse, il va leur prêter une figure par l'imagination et lessens ; il va montrer à quelle réalité ils répondent : Que l'homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté, qu'il éloigne sa vue des objets basqui l'environnent.

Qu'il regarde cette éclatante lumière, mise comme une lampe éternelle pour éclairer l'univers, quela terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre décrit et qu'il s'étonne de ce que ce vastetour lui-même n'est qu'une pointe très délicate à l'égard de celui que les astres qui roulent dans le firmamentembrassent.

Mais si notre vue s'arrête là, que l'imagination passe outre ; elle se lassera plutôt de concevoir, que lanature de fournir.

Tout ce monde visible n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature.

Nulle idée n'enapproche.

Nous avons beau enfler nos conceptions, au delà des espaces imaginables, nous n'enfantons que desatomes, au prix de la réalité des choses.

C'est une sphère dont le centre est partout, la circonférence nulle part. Voici maintenant l'infini en petitesse : Mais pour lui présenter un autre prodige aussi étonnant, qu'il recherche dans ce qu'il connaît les choses les plusdélicates.

Qu'un ciron lui offre dans la petitesse de son corps des parties incomparablement plus petites, des jambesavec des jointures, des veines dans ses jambes, du sang dans ses veines, des humeurs dans ce sang, des gouttesdans ses humeurs, des vapeurs dans ces gouttes ; que, divisant encore ces dernières choses, il épuise ses forcesen ces conceptions, et que le dernier objet où il peut arriver soit maintenant celui de notre discours ; il penserapeut-être que c'est là l'extrême petitesse de la nature.

Je veux lui faire voir là dedans un abîme nouveau.

Je lui veuxpeindre non seulement l'univers visible, mais l'immensité qu'on peut concevoir de la nature, dans l'enceinte de ceraccourci d'atome.

Qu'il y voie une infinité d'univers, dont chacun a son firmament, ses planètes, sa terre, en lamême proportion que le monde visible ; dans cette terre, des animaux, et enfin des cirons, dans lesquels ilretrouvera ce que les premiers ont donné ; et trouvant encore dans les autres la même chose sans fin et sansrepos, qu'il se perde dans ces merveilles, aussi étonnantes dans leur petitesse que les autres par leur étendue. Et voici enfin l'homme entre les deux, se haussant ou s'abaissant inutilement, sans parvenir jamais à aucune desdeux extrémités où il pourrait raisonnablement espérer de trouver le repos : Voilà notre état véritable ; c'est ce qui nous rend incapables de savoir certainement et d'ignorer absolument.

Nousvoguons sur un milieu vaste, toujours incertains et flottants, poussés d'un bout vers l'autre.

Quelque terme où nouspensions nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte ; et si nous le suivons, il échappe à nos prises,nous glisse et fuit d'une fuite éternelle.

Rien ne s'arrête pour nous.

C'est l'état qui nous est naturel, et toutefois, leplus contraire à notre inclination ; nous brûlons de désir de trouver une assiette ferme, et une dernière baseconstante pour y édifier une tour qui s'élève à l'infini, mais tout notre fondement craque, et la terre s'ouvre. »

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