Devoir de Philosophie

l'homme est-il fait pour le travail ?

Publié le 21/11/2005

Extrait du document

travail
(C'était d'ailleurs aussi la raison de la théorie grecque, si mal comprise, de la nature non humaine de l'esclave. Aristote, qui exposa si explicitement cette théorie et qui, sur son lit de mort, libéra ses esclaves, était sans doute moins inconséquent que les modernes n'ont tendance à le croire. Il ne niait pas que l'esclave fût capable d'être humain ; il refusait de donner le nom d' »hommes » aux membres de l'espèce humaine tant qu'ils étaient totalement soumis à la nécessité.) Et il est vrai que l'emploi du mot « animal » dans le concept d'animal laborans, par opposition à l'emploi très discutable du même mot dans l'expression animal rationale, est pleinement justifié. L'animal laborans n'est, en effet, qu'une espèce, la plus haute si l'on veut, parmi les espèces animales qui peuplent la terre.   II.                La destination sociale de l'homme au travail   Si l'on se concentre sur le premier aspect de l'ambivalence de la position de l'homme par rapport au travail, c'est-à-dire sur son besoin du recours au travail, il apparaît que le travail est une nécessité sociale, que toute organisation humaine a des besoins que seul le travail permet de combler, que ce soit à un niveau primaire, en organisant les travaux que sont la chasse ou la cueillette, ou à un niveau plus élaboré, en organisant le travail au sein de la société, auquel cas le travail relève aussi de la sphère du pouvoir politique. La destination de l'homme, comme créature sociale, au travail, semble alors inéluctable.   Machiavel, Discours sur la première décade de Tite-Live   Les hommes travaillant ou par nécessité ou par choix, on observe que la vertu est la plus forte là où le choix a le moins joué ; il y a donc lieu de considérer s'il ne vaut pas mieux préférer, pour la fondation d'une ville, des lieux stériles où les hommes, forcés à être laborieux, moins adonnés au repos, fussent plus unis et moins exposés, par la pauvreté du pays, à des occasions de discorde ? Telle a été Raguse, et plusieurs autres villes bâties sur un sol ingrat.

Parler de l’homme, c’est parler des individus humains dans leur ensemble, en tant qu’ils constituent une espèce, au sens où l’on parle d’espèce animale.

« être fait pour «, c’est être destiné à ; cette destination peut se comprendre en deux sens : ou bien elle est naturelle, elle est incluse dans l’essence de l’espèce à laquelle on appartient ; ou bien elle est secondaire, elle vient à l’existence en raisons des conditions de vie qu’offre le monde, elle apparaît alors comme une nécessité sans être pour autant incluse dans la nature humaine.

Le travail, c’est l’ensemble des activités de production auxquelles l’homme s’applique sous diverses formes. Cela suppose un mode de vie comportant de nombreuses contraintes qui peuvent paraître artificielles ou antinaturelles : par exemple un découpage strict et régulier du temps, une discipline de vie très codifiée, qui semblent contrevenir à l’idée d’une vie naturelle.

Le travail est un phénomène qui concerne l’humanité dans son ensemble : il peut dont paraître polémique de demander si l’homme est fait pour le travail. C’est ainsi qu’il va falloir interroger les fondements du travail humain, décider si ces fondements sont naturels ou culturels, pour pouvoir définir dans quelle mesure le travail est un phénomène inscrit dans l’humanité comprise comme espèce, ou bien dans quelle mesure il est un phénomène aliénant pour l’homme en ce qui concerne sa nature.

travail

« Les hommes travaillant ou par nécessité ou par choix, on observe que la vertu est la plus forte là où le choix a lemoins joué ; il y a donc lieu de considérer s'il ne vaut pas mieux préférer, pour la fondation d'une ville, des lieuxstériles où les hommes, forcés à être laborieux, moins adonnés au repos, fussent plus unis et moins exposés, par lapauvreté du pays, à des occasions de discorde ? Telle a été Raguse, et plusieurs autres villes bâties sur un solingrat.

La préférence donnée à un pareil site serait sans doute et plus utile et plus sage, si tous les autres hommes,contents de ce qu'ils possèdent entre eux ne désiraient pas commander à d'autres.

Or, comme on ne se peutdétendre de leur ambition que par la puissance, il est nécessaire dans la fondation d'une ville d'éviter cette sorte depays ; il faut, au contraire, se placer dans les lieux où la fertilité donne des moyens de s'agrandir, et de prendre desforces pour repousser quiconque voudrait attaquer, et pour anéantir qui voudrait s'opposer à notre accroissementde puissance. Quant à l'oisiveté que la richesse d'un pays tend à développer c'est aux lois à plier ses habitants aux travauxauxquels l'âpreté du site ne les contraindrait pas.

Il faut imiter ces législateurs habiles et prudents qui ont habitédes pays très agréables, très fertiles, et plus capables d'amollir les âmes que de les rendre propres à la véritablevirtù.

Aux douceurs et à la mollesse du climat, ils ont opposé, pour leurs guerriers, par exemple, la rigueur d'unediscipline sévère et des exercices pénibles, de manière que ceux-ci sont devenus meilleurs soldats que la naturen'en fait naître même dans les lieux les plus âpres et les plus stériles.

Parmi ces législateurs, on peut citer lesfondateurs du royaume d'Égypte. III.

Une ambivalence du rapport au travail due à l'ambivalence de la nature elle-même Peut-être faudrait-il alors scinder l'homme en deux facettes différentes, une facette naturelle qui n'est pasforcément destinée au travail, et une facette sociale dont l'une des caractéristiques essentielles est justementd'être faite pour le travail.

Cela permettrait peut-être de distinguer, de la même façon, deux facettes du travail,avec un travail libre d'un côté, non vécu comme une contrainte sociale mais comme une possibilité de réalisation desoi par l'exercice régulier de ses facultés, et un travail contraint, socialement déterminé, et présentant un risqued'aliénation de la nature humaine. Marx, Critique du programme de Gotha Dans une phase supérieure de la société communiste, quand auront disparu l'asservissante subordination desindividus à la division du travail et, avec elle, l'opposition entre le travail intellectuel et le travail manuel ; quand letravail ne sera pas seulement un moyen de vivre, mais deviendra lui-même le premier besoin vital ; quand, avec ledéveloppement multiple des individus, les forces productives se seront accrues elles aussi et que toutes les sourcesde la richesse collective jailliront avec abondance, alors seulement l'horizon borné du droit bourgeois pourra êtredéfinitivement dépassé et la société pourra écrire sur ses drapeaux : « De chacun selon ses capacités, à chacunselon ses besoins ! ». »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles