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l'homme politique est un pragmatique. ?

Publié le 24/11/2005

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  L'HOMME POLITIQUE : NECESSAIRE PRAGMATIQUE -       Machiavel évoque la nécessaire « ruse » qu'il faut employer en utilisant l'image du renard, couplée à celle de la force du lion. Le philosophe part du constat anthropologique suivant : « les hommes sont ingrats, volubiles, simulateurs et dissimulateurs, ennemis du danger, avides de gains ». Il existe donc un art, un savoir-faire mélange d'intuitions, de calculs et d'illusions pour conserver son autorité. Ce savoir-faire ne peut s'éprouver que dans l'action par de fins calculs, en gardant à l'esprit que le principal objectif du Prince est de dominer le peuple. -       Le pragmatisme est donc avant tout un réalisme : l'homme politique se doit d'être lucide quant aux volontés des citoyens s'il veut rester en place. Ainsi Platon dans sa Cité justifie-t-il son organisation par un mythe, ne trouvant aucun autre moyen pour pouvoir l'exercer avec l'accord du peuple. Platon rejoint ainsi d'une certaine manière la question du pragmatisme philosophique : l'option qu'il choisit n'est pas vraie, mais le résultat est utile en la mettant en vigueur.   L'HOMME POLITIQUE SE DOIT D'ETRE PRAGMATIQUE SANS SOMBRER DANS L'UTILITARISME PRIMAIRE -       Les positions que nous venons d'examiner semblent faire sombrer l'homme politique dans un utilitarisme primaire : l'homme politique pourrait voir dans son intérêt particulier la maxime qui régit ses actions. Or, le pragmatisme tel qu'envisagé par Bentham ou Mill pose le devoir de la maximisation du bien-être général, et non uniquement celui de l'homme qui gouverne. Ainsi, il nous faut utiliser le terme de pragmatique non seulement comme particularisant un individu qui agit selon la pratique, mais qui se doit de trouver un fondement moral à ses actions sur ce terrain.

Selon le sens commun, être pragmatique, c’est agir ou penser selon la pratique, dans un souci d’efficacité. Ainsi, un homme politique pragmatique serait celui qui chercherait à s’éloigner des  pensées abstraites pour se consacrer au versant concret de la situation. Or, cela est particulièrement visible en démocratie, l’homme politique est également un homme de pensée, de convictions, et son action se trouve dirigée par ces idées. Quels sont donc les critères d’action de l’homme politique ? Peut-il se limiter à celui de l’utilité ou du succès ? Les enjeux de tels problèmes relèvent également de la morale, dans la mesure où il s’agit de dresser des règles de bonne gouvernance.

« restent attachés, deviennent pour la plupart des personnages tout à fait bizarres, pour ne pas dire tout àfait pervers, tandis que ceux qui semblent les meilleurs, gâtés néanmoins par cette étude que tu vantes,sont inutiles aux cités.

»Socrate n'en disconvient pas.

Il souligne cependant que l'inutilité de la philosophie n'est pas le fait desphilosophes, mais des citoyens qui se refusent à chercher conseil auprès d'eux.

Socrate s'explique au moyend'une image.

Il compare la société à un navire dans lequel les marins, ignorants es lois de la navigation, sedisputent le gouvernail et méconnaissent le seul vrai pilote qui pourrait les guider, préférant le tenir pour un «bayeur aux étoiles », « un vain discoureur » et « un propre à rien ».En ce qui concerne la perversité des philosophes, Socrate s'attache à en expliquer les causes.

Il décrit lesdégradations du naturel du vrai philosophe en montrant que celui-ci, doué à l'origine de toutes sortes dehautes qualités, peut déchoir si de néfastes influences s'exercent sur lui : « Si donc ce naturel que nousavons attribué au philosophe reçoit l'enseignement qui lui convient, c'est une nécessité qu'en se développantil parvienne à toutes les vertus ; mais s'il a été semé, a grandi et a puisé sa nourriture dans un sol ne luiconvenant pas, c'est une nécessité qu'il produise tous les vices, à moins qu'un dieu ne lui porte secours.

»Or, dans la société telle qu'elle est, les jeunes gens doués de toutes les qualités qui font les philosophesvont se détourner de la vérité et gaspiller leurs talents pour assurer leur réussite personnelle et celle de leurfamille.

Dès lors, seuls les moins aptes à la philosophie se consacreront à elle : « Donc, ces hommes, néspour la philosophie, s'en étant éloignés et l'ayant laissée seule et inféconde, pour mener une vie contraire àleur nature et à la vérité, d'autres, indignes, s'introduisent auprès de cette orpheline abandonnée de sesproches, la déshonorent, et lui attirent les reproches dont tu dis que la chargent ses détracteurs : à savoirque de ceux qui ont commerce avec elle, certains ne sont bons à rien, et la plupart méritent les plus grandsmaux.

»La solution passe donc, poursuit Socrate, dans une nouvelle attitude adoptée par la cité à l'égard de laphilosophie.

Il ne faut pas enseigner la philosophie aux enfants pour qu'ils oublient celle-ci une fois arrivés àl'âge adulte mais, tout au contraire : « donner aux adolescents et aux enfants une éducation et une cultureappropriées à leur jeunesse, prendre grand soin de leur corps à l'époque où il croit et se forme, afin de lepréparer à servir la philosophie ; puis quand l'âge vient où l'âme entre dans sa maturité, renforcer lesexercices qui lui sont propres ; et lorsque les forces déclinent, et que le temps est passé des travauxpolitiques et militaires, libérer dans le champ sacré, exempts de toute occupation importante, ceux quiveulent mener ici-bas une vie heureuse et, après leur mort, couronner dans l'autre monde la vie qu'ils aurontvécue d'une destinée digne d'elle.

»Que les philosophes soient rois et guident ainsi la multitude : est-ce là un simple rêve ? Socrate admet que laréalisation en est difficile mais il nie qu'elle soit impossible.

A cette condition seule, les hommes pourrontconnaître la véritable félicité : « Une cité ne sera heureuse qu'autant que le plan en aura été tracé par desartistes utilisant un modèle divin.

»Et ces artistes, Socrate décrit ainsi ce que sera leur tâche : « Parachevant cette esquisse, ils porterontfréquemment leurs regards, d'un côté sur l'essence de la justice, de la beauté, de la tempérance et desvertus de ce genre, et de l'autre côté sur la copie humaine qu'ils en font ; et par la combinaison et lemélange d'institutions appropriées, ils s'efforceront d'atteindre à la ressemblance de l'humanité véritable, ens'inspirant de ce modèle qu'Homère, lorsqu'il le rencontre parmi les hommes, appelle divin et semblable auxdieux.

» Exprimée par Platon, la conviction que les philosophes doivent être rois ou les rois philosophes s'imposa dansl'histoire de la pensée politique.

Comme toutes les idées fortes et simples, elle devint même un lieu communainsi qu'en témoigne, parmi des centaines d'autres exemples, le chapitre XLIII du « Gargantua » de Rabelais.Séduit par la générosité et la grandeur de Grandgousier, le peuple manifeste son admiration pour un roi sisavant et si juste.

Gargantua cite alors Platon : « C'est ce que dist Platon : que lors les republicquesseroient heureuses quand les roys philosopheroient ou les philosphes regneroient.

»La « République », cependant, ne se limite pas à cette seule théorie du philosophe-roi.

Platon y propose unedescription de sa cité idéale dans laquelle règnent l'union de tous et, parmi les gardiens, la communauté desfemmes, des enfants et des biens.

En ce sens, on a pu définir la philosophie de Platon comme la premièreexpression du communisme.Si la réunion de la philosophie et du pouvoir politique reste cependant la caractéristique essentielle dusystème Platonicien, c'est que l'ordre de la cité idéale y est inséparable d'un ordre total que seule la raisonest à même de mettre au jour.Le scandale pour nous réside dans le fait que cet ordre est indissociable d'une conception de la justice quinous semble le comble même de l'injustice.

Pour Platon , la justice est en effet dans le respect de cet ordreidéal qui assigne à chacun sa place et sa fonction.

Or, la société que décrit Platon est, si on la juge à l'aunede nos valeurs modernes, une société radicalement inégalitaire, un univers de castes qui nie l'individualité deses membres.

Les êtres y sont en effet répartis en trois races : celle d'or, celle d'argent et celle de fer etd'airain.

Même si les individus ne sont pas assignés à une race en raison seulement de l'hérédité, il estcertain qu'un ordre, que nous jugerions très pesant, s'impose à eux et détermine l'essentiel de leur existence.En ce sens le communisme Platonicien est l'exacte antithèse du communisme marxiste puisqu'il consiste nonen l'abolition de la lutte des classes, mais en l'organisation rigide d'une société qui tire paradoxalement leprincipe de son unité de sa division même en castes.

Si l'on ajoute à cela le fait que, dans la « République »,l'individu semble n'exister que pour et en fonction de la communauté à laquelle il appartient, on comprendraque certains théoriciens modernes aient voulu voir dans la philosophie Platonicienne le premier de tous lestotalitarismes.

Appliquer la catégorie moderne de « totalitarisme » à la « République » Platonicienne constituebien entendu un anachronisme délibéré qui, s'il peut être justifié politiquement, repose sur peu de fondements. »

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