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Un homme sans passé peut-il être libre ?

Publié le 08/01/2004

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Être libre: sans entrave, en faisant ce que j'ai décidé de faire, maître de ma vie autant que je le veux. SANS: A l'exclusion de, exprime l'absence. ÊTRE: Du latin esse, « être ». 1) Verbe : exister, se trouver là. En logique, copule exprimant la relation qui unit le prédicat au sujet (exemple : l'homme est mortel). 2) Nom : ce qui est, l'étant. 3) Le fait d'être (par opposition à ce qui est, l'étant). 4) Ce qu'est une chose, son essence (exemple : l'être de l'homme). 5) Avec une majuscule (l'Être), l'être absolu, l'être parfait, Dieu. PASSÉ: Dimension du temps écoulé dans son irréductible irréversibilité. D'ordre biologique, pulsionnel, social, historique ou psychologique, le passé pèse sur l'homme dans le sens du déterminisme, mais, il structure aussi activement la personnalité sans laquelle la liberté serait impossible ou illusoire. La liberté qui peut d'ailleurs s'exercer à l'égard du passé lui-même, dans la mesure où le sens accordé au passé reste du choix de l'individu (cf. Sartre). Par sa nature même, la connaissance du passé humain reste, selon les cas, occultée, aléatoire, partielle, subjective, soumise au moment social; elle laisse ainsi souvent une marge d'indétermination propice aux illusions et à l'action de l'imaginaire. HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des homini­dés et à l'espèce Homo sapiens (« homme sage »). Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique ». Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature l'aurait pourvu du langage.

La question posée est celle du rapport de l'homme à son passé. Le passé est-il un poids qui entrave la liberté de l'homme, ou est-ce une source effective de liberté, une richesse et une force ? C'est en filigrane la question de l'enracinement de la liberté dans l'histoire, de la valeur libératrice qui est ici posée.

« le passé peut engendrer le manque, désir de retrouver un temps qui n'est plus.

La passivité du désir nous empêched'être actifs.

Or la liberté est bien le pouvoir d'agir sans que rien ne vienne entraver l'action.

Le passé prend ici lafigure de l'obstacle, de la contrainte.

Pour être libre il faudrait alors que je ne pense plus à ce que je fus pour metourner vers l'avenir, il faudrait oublier. b) Le passé comme acte accompli dans la faute m'impose le remords qui obsède mes pensées. Plus encore, le passé peut prendre le sens d'un poids culpabilisant : ce que j'ai fait et mal fait, et que je ne peuxplus refaire.

Impossible de revenir en arrière pour réparer la faute commise et j'ai beau chercher à m'innocenter,impossible de « réduire au silence l'accusateur qui est en moi » (Kant).

Ici ce n'est plus seulement la liberté d'actionqui est compromise, c'est l'usage entier de mes pensées, c'est toute ma conscience qui est «malade ».

L'hommeportant le fardeau du passé honteux ne peut que « souffrir de réminiscences » et s'enfermer dans la maladie.

Si laliberté exige une conscience clairvoyante pour me garantir de diriger moi-même ma vie en sachant ce que je fais, lepassé ici m'en prive totalement pour me rendre dépendant d'un inconscient pathologique ! Pour être libre, il semblenécessaire de nier son passé en disant non à la faute commise : «je n'ai pas voulu cela » ou «je ne savais pas ceque je faisais » sont des formules idéales pour nier ainsi ce que l'on fut. c) Le passé comme donné s'impose comme sens à poursuivre, son exigence de continuité s'oppose à laliberté de choix. Mais le passé est aussi, et plus généralement, ce qui à un moment de ma viea pris sens, ce que j'ai engagé.

À lui seul, il est déjà une histoire.

Parler deson passé, ce n'est pas parler d'un simple instant, discontinu ; c'est évoquerce qui est déjà une continuité.

Or la conscience humaine est ce qui donne àl'homme la possibilité d'exister : de se représenter à lui-même pour donner unsens, une orientation à sa vie, à travers des buts à poursuivre.

Ces buts nesont pas le fait d'un jour, ils s'enracinent dans le temps.

Le passé est alors cequi symbolise l'émergence de ces buts.

Aussi Sartre prend-il l'exemple dumariage, qui, avec la «maison achetée et meublée l'an dernier limitent) mespossibilités et me dicte(nt) ma conduite » (L'Être et le Néant).

Ainsi le passém'empêche de choisir, de décider entre deux sens, ici entre celui qu'il imposeà ma conscience et un autre.

Il demande qu'on lui soit fidèle, au sens où luiêtre infidèle reviendrait à perdre un peu de soi-même en changeant.

La libertéexigerait au contraire que je devienne un homme sans passé, c'est-à-dire queje rompe avec mon passé, que j'abandonne son sens en « refaisant ma vie »,ne serait-ce que pour prouver que je peux encore choisir. La signification du passé est étroitement dépendante de mon projetprésent.

Cela ne signifie nullement que je puis faire varier au gré demes caprices le sens de mes actes antérieurs; mais, bien au contraire,que le projet fondamental que je suis décide absolument de lasignification que peut avoir pour moi et pour les autres le passé que j'ai à être.

Moi seul en effet peux décider à chaque moment de la portée du passé: non pas en discutant, endélibérant et en appréciant en chaque cas l'importance de tel ou tel événement antérieur, mais en me «pro-jetant » vers mes buts, je sauve le passé avec moi et je décide par l'action de sa signification.

Cettecrise mystique de ma quinzième année, qui décidera si elle « a été » pur accident de puberté ou aucontraire premier signe d'une conversion future? Moi, selon que je déciderai - à vingt ans, à trente ans - deme convertir.

Le projet de conversion confère d'un seul coup à une crise d'adolescence la valeur d'uneprémonition que je n'avais pas prise au sérieux.

Qui décidera si le séjour en prison que j'ai fait, après unvol, a été fructueux ou déplorable? Moi, selon que je renonce à voler ou que je m'endurcis.

Qui peutdécider de la valeur d'enseignement d'un voyage, de la sincérité d'un serment d'amour, de la pureté d'uneintention passée, etc.

? C'est moi, toujours moi, selon les fins par lesquelles je les éclaire.

SARTRE • N'oubliez pas que Sartre dans toute son œuvre, donne à voir l'univers de la liberté humaine.

Chez lui, j'existe et jesuis libre se présentent comme deux propositions rigoureusement équivalentes.

Il y a, en un sens, identité del'existence et de la liberté.

Ce qui signifie que même le passé ne saurait se constituer comme un donné opaque megouvernant et régissant ma vie.

La liberté est ce pouvoir de rompre la chaîne infinie des causes et des effets… Amoi de décider et de choisir… • Définir clairement les termes ou expressions importantes : ~ Passé : Il désigne, selon une définition générale, une dimension du temps écoulé, en tant qu'il n'est plus là etexprime une irréversibilité absolue.Chez Sartre, le passé se définit comme un « pour-soi noyé par l'en-soi », à savoir une manière d'être de l'existanthumain figée dans ce qui est, de manière stable.~ Projet : aspect de la conscience humaine, toujours en avant d'elle-même, vers l'avenir.~ Se projeter vers : se transcender, au-delà de soi-même, dans le monde, dans la temporalité, vers le futur.~ Projet fondamental : projet originel commandant nos déterminations particulières.

Choix par lequel chaquepersonne se fait personne.

Un choix unique de notre vie unifierait, en effet, nos choix particuliers et informerait. »

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