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L'HOMME ET LA SCIENCE

Publié le 12/06/2011

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   Nous nous rappelons que la science et la philosophie sont nées à l'époque où les Grecs ont su passer d'une intelligence pratique, capable de comprendre et de résoudre les problèmes de la vie quotidienne en société, à une intelligence conceptuelle ayant pour but essentiel d'expliquer l'homme et les phénomènes de la nature.  Non contents de vouloir comprendre pour mieux agir, les hommes veulent « comprendre pour comprendre «, c'est-à-dire avoir une représentation claire et cohérente du monde. Voyant d'abord ce monde comme un vaste « chaos «, un ensemble hétéroclite d'événements au milieu desquels l'homme est ballotté, ils tentent de substituer à cette image déroutante celle d'un « cosmos «, c'est-à-dire celle d'un univers ordonné dont on peut expliquer le fonctionnement, pour peu que la pensée s'organise pour en découvrir et en formuler les lois.  Ainsi constituée, la raison humaine s'appliquera à édifier une connaissance méthodique du monde - c'est la science - et à conduire une réflexion sur la connaissance scientifique elle-même : c'est l'épistémologie.

« connu (cequi est actuellement expliqué) et franchir celles du connaissable (ce qui paraît explicable dans un avenir rapproché);— un troisième niveau conduit à la réflexion métaphysique : au-delà des explications acquises, l'homme a besoind'exprimer ce qu'il croit, ce qu'il estime être une conception plausible de l'homme et de l'univers.

La connaissancescientifique, à son niveau, a pour but d'apporter des explications résistant à l'épreuve du temps et de l'expérienceet échappant aux perceptions individuelles qui, elles, sont appelées subjectives puisqu'elles dépendent du « sujet »qui les a produites.

Pour cette raison, la connaissance scientifique se caractérise, avant tout, par son objectivité. La connaissance scientifique est objective Ce qui vient d'être dit de la connaissance sensible indique bien que l'objectivité ne réside pas dans les faits, dans lesévénements du monde.L'objectivité est le résultat d'un travail intellectuel qui consiste d'abord à définir des concepts.Le concept est une idée abstraite et générale par laquelle on définit un ensemble de caractères et de phénomènes.Formuler un concept consistera à passer de l'énoncé de tel caractère particulier concernant, par exemple, un fait ouun individu, à l'énoncé du caractère général, qui réunit dans une même définition tous les faits ou individuspossesseurs de ce caractère.Par exemple : dans le comportement d'un individu nous pouvons relever des attitudes et des traits de caractèrepermettant de le qualifier d'avare.

Mais ces attitudes peuvent être fort différentes et plus ou moins sensibles d'unindividu à l'autre.

Nous pouvons alors comparer tous les traits particuliers constatés pour en dégager les pointscommuns.

Nous aurons, ce faisant, énoncé le concept d'avarice.

Nous serons passés du caractère particulier à ladéfinition générale, de quelques cas à tous les cas.

Et le concept d'avarice permet de définir tous les avares dumonde et tous les comportements dénotant l'avarice.

Ce n'est d'ailleurs pas sans raison que Molière, décrivant lescomportements d'un avare de son temps, Harpagon, nomme cependant la comédie qui le met en scène L'Avare, pourréunir en un seul concept tous les Harpagon du monde.

Trois siècles après, on y revient encore...Dans la connaissance scientifique, le concept échappe, de la même façon, à toute actualité et à toute particularité.Le concept est un objet intellectuel et abstrait qui fixe les caractères généraux, retient les points communspermettant de donner à une définition sa permanence et son universalité.L'objectivité résulte aussi de l'assemblage des concepts qui conduit à la construction de raisonnements.

Appliquésaux phénomènes de la nature, les raisonnements apporteront des explications scientifiques qu'on appellera « lois ».Celles-ci vaudront, comme les concepts qui les composent, par leur nécessité et leur universalité.La connaissance scientifique tient aussi sa rigueur de sa rationalité. La connaissance scientifique est rationnelle Différente par nature de la connaissance courante, la connaissance scientifique ne travaille pas sur les objets réels,mais sur des grandeurs, des quantités, des relations abstraites.

Elle a pour objet d'expliquer les fonctions, non laqualité de ce qui fonctionne.Lorsque Gaston Bachelard explique comment Edison a inventé la lampe à incandescence, il montre bien que c'est àpartir d'un raisonnement portant sur le concept de combustion, et non sur les différents types de carburants et surla matière qui brûle, comme on l'avait fait jusqu'alors avec les lampes à huile et à pétrole.C'est en prenant le contre-pied des usages et des techniques acquises qu'Edison a énoncé un nouveau principe, auxtermes duquel l'ampoule maintient le vide autour du filament, alors que les lampes en usage à cette époque avaientbesoin de l'oxygène de l'air pour assurer la combustion : le principe de non-combustion s'est substitué à celui decombustion.

Il a aussi fallu qu'Edison tourne le dos à ses prédécesseurs qui pensaient que l'électricité est un « fluide» au même titre que l'eau et le feu.

On peut donc affirmer que la connaissance scientifique est une connaissancerationnelle parce qu'elle est une mise en doute permanente des apparences et des évidences.

Elle postule que lavérité ne sort pas des choses, comme la fleur à un certain moment sort de la plante, mais qu'elle réside ailleurs :dans la formulation des relations complexes qui expliquent le fonctionnement de la plante par rapport à son milieu.

Etces rapports ne sont pas visibles, ni inscrits dans l'anatomie de la plante.Se méfier des apparences est donc l'attitude scientifique par excellence et l'expression même de la rationalité.Retenons également qu'elle prend une signification plus largement philosophique.

Dans La République (livre VII),Platon exprimait déjà, au travers d'une explication imagée (le « mythe de la caverne ») cette idée selon laquellel'homme ne connaît, tout d'abord, que l'apparence des choses, comme s'il était enfermé dans une caverne, tournantle dos à la source de lumière et ne voyant que les ombres, les reflets des choses, projetés sur la paroi.

Il ignore,tout à la fois, la véritable réalité des choses et la lumière qui les éclaire.

Le symbole est clair : la connaissance desapparences est trompeuse, car elle n'apporte pas la vérité.

La vérité ne peut être approchée qu'au terme d'un efforttout particulier, qui consiste à tourner le dos à ces apparences et à regarder du côté de la lumière, même si dans unpremier temps elle éblouit et déconcerte.

Or, d'où peut venir cette lumière, sinon de la pensée « clairvoyante », dela raison qui éclaire les choses, puisqu'elle est seule capable de voir au-delà du visible, c'est-à-dire de formuler lesidées qui expliquent toutes choses ?La connaissance rationnelle, donc scientifique, est tout entière contenue dans une telle conception de l'homme etdu monde.

Et Bachelard dira, huit siècles après Platon (en tant que rationaliste mais sans être spécialement sondisciple) : « Pour le savant, la connaissance sort de l'ignorance comme la lumière sort des ténèbres.

»La connaissance scientifique, rationnelle, est née de cette conviction, que la vérité n'est pas dans ce qu'on "voit". »

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