Devoir de Philosophie

L'homme subit-il le devenir historique ou le maîtrise-t-il ?

Publié le 29/01/2004

Extrait du document

Parmi les objections à cette idée de soumission au devenir, on peut trouver dans la théorie de l'être et du non-être de Parménide une remise en cause radicale du devenir lui-même. En somme, si devenir, pour une chose, consiste à changer d'état, il faut qu'elle devienne ce qu'elle n'est pas encore, c'est-à-dire une autre chose, mais aussi et en même temps qu'elle reste ce qu'elle, qu'elle demeure elle-même. Ce changement d'état qui caractérise le devenir interroge donc les rapports entre l'être et le non-être. Or pour Parménide, seul l'être est, et le néant n'est pas. La conclusion qui s'impose est que le devenir est impossible. L'être est ici un et immuable, et c'est sa persistance même qui nous empêche de subir le devenir. Le problème est ici que la réalité du monde physique, toujours changeant et en mouvement, est totalement remise en question, ce qui semble contradictoire avec l'expérience que nous en faisons. Platon, avec sa théorie du mélange des genres, semblait proposer une solution médiane en ce qu'il considérait que le devenir implique le mélange mutuel de l'être et du non-être, avec comme conséquence qu'une chose ne devient qu'à partir du moment où elle à la fois identique et différente d'elle-même. Mais ce mouvement, ce va-et-vient plus que difficile à concevoir que l'on se place du côté d'Héraclite ou de Parménide, est-il passif ou peut-on penser qu'il est actif ? En effet, si l'on veut parvenir à accepter l'idée que nous ne subissons pas le devenir, il faut être en mesure de montrer que nous pouvons influer sur le mouvement qui nous fait changer.

« mélange des genres, semblait proposer une solution médiane en ce qu'il considérait que le devenir implique lemélange mutuel de l'être et du non-être, avec comme conséquence qu'une chose ne devient qu'à partir du momentoù elle à la fois identique et différente d'elle-même.

Mais ce mouvement, ce va-et-vient plus que difficile àconcevoir que l'on se place du côté d'Héraclite ou de Parménide, est-il passif ou peut-on penser qu'il est actif ? Eneffet, si l'on veut parvenir à accepter l'idée que nous ne subissons pas le devenir, il faut être en mesure de montrerque nous pouvons influer sur le mouvement qui nous fait changer. 3- Possibilité d'influer sur son devenir Si nous devons en effet nous réduire à accepter fatalement que nous ne faisons que subir le devenir, de quelque manière qu'il se manifeste, nous nous retrouvons dans une position guère plus enviable que celle des chosesqui composent la nature.

Ne doit-on pas plutôt voir cette capacité qu'a l'homme de se projeter dans l'avenir la cléqui lui permet à la fois d'anticiper certains changement et de faire en sorte d'avoir une certaine maîtrise sur ledéroulement des événements qui jalonnent sa vie ? On peut trouver chez Sartre une conception qui donne à l'homme la capacité de choisir le sens à donner à son existence, pourtant contingente et lieu de tous les possibles, et à agir sur son devenir propre.

Devant l'angoissequi caractérise l'homme seul face à sa liberté (il a devant lui une infinie combinaison de choix pour se déterminer),Sartre indique que ce sont uniquement ses actes, dont il est entièrement responsable, qui déterminent cette liberté.Ainsi, si nous ne pouvons pas lutter contre le devenir physique qui inlassablement contraint les choses et change lescorps, au moins avons-nous ici le pouvoir de nous rendre libres, et donc d'influer sur notre devenir en tant qu'être.La célèbre formule sartrienne selon laquelle l'existence précède l'essence peut ici nous permettre de tendre vers unesolution au problème posé : si je contribue, par le choix de mon action, à la définition de mon essence, à devenirmoi-même, on peut imaginer que je suis en mesure d'avoir une influence ou même de provoquer les changements quivont intervenir dans mon existence.

Conclusion - En tant que processus indépendant de ma volonté propre, qui m'affecte comme il affecte les choses qui m'entourent, le devenir semble dicter sa loi sans que l'on puisse rien n'y faire. - Pourtant, devenir c'est être appelé à être autre que ce que l'on est tout en restant soi-même.

Ce paradoxe de taille peut nous faire penser que le devenir n'est qu'une illusion et que l'être persiste en toutecirconstance. - Enfin, la question de la contrainte du devenir touche évidemment celle de notre liberté.

Conscients de notre dimension temporelle, capables de nous projeter dans l'avenir et de déterminer notre actionrationnellement, on peut imaginer que nous pouvons tout de même avoir une emprise sur notre devenirpropre, à défaut de pouvoir lutter contre l'évolution des choses, qui nous dépasse toujours irrémédiablement.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles