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Les hommes d'action sont-ils moteurs de l'histoire ?

Publié le 27/02/2008

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On assiste ici, au-delà des erreurs de détail, et en prenant acte du caractère résolument idéaliste de cette construction, à une véritable promotion philosophique de l'histoire. Certains thèmes, et des illustrations frappantes, sont entrés dans la sagesse des nations : la « ruse de la raison » (les individus agissent selon leurs propres buts, mais le résultat de leurs actions est tout autre que ce qu'ils attendaient, et il est universel) ; « l'oiseau de Minerve ne prend son vol qu'au crépuscule » (on ne comprend qu'après coup les processus historiques) ; « rien de grand ne se fait sans passion dans le monde. Aussi, c'est entendu, l'histoire est tragique : « L'histoire universelle n'est pas le lieu de la félicité. Les périodes de bonheur y sont ses pages blanches. » Toute la question que le philosophe de l'histoire aura à résoudre sera de montrer en quoi, derrière les apparences chaotiques du devenir, règne en fait une raison universelle qui dépasse ses acteurs, transcendant leurs buts et volontés finis. Cette Raison universelle, bien distincte des raisons subjectives, ne se réalise pas de façon linéaire, comme le voulaient les philosophes des Lumières. Il lui faut emprunter des voies plus tortueuses : les passions, les désirs, les intérêts qui meuvent les individus singuliers, dans leur lutte pour se faire reconnaître, agissent non seulement pour eux-mêmes mais réalisent en même temps, à leur corps défendant, les fins cachées de la Raison. Cette double scène dont seul le philosophe est apte à déchiffrer l'unique enjeu. La Raison qui, pour devenir monde, doit emprunter les voies de son contraire (la passion), n'apparaît « rusée » que pour un entendement qui n'a pas su s'élever au niveau de l'Histoire universelle laquelle, par tous les moyens dont les hommes sont prodigues, veut inexorablement se réaliser. Le moteur de l'histoire est immanent à son cours ; les hommes sont, en tant qu'acteurs, pleinement responsables de leur devenir, même si les formes que celui-ci doit prendre ne correspondent pas toujours - voire jamais - aux aspirations qu'ils ont cru être les leurs dans le feu de l'action.
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« « L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire desluttes des classes ».

MARX & ENGELS. Puisque « la production économique et la structure sociale qui en résultenécessairement forment, à chaque époque, la base de l'histoire politique etintellectuelle de l'époque », le « Manifeste » affirme que « toute l'histoire aété une histoire de lutte de classes ».

Mais la démonstration à laquelle selivre Marx ne s'arrête pas là: rendant intelligible le passé de l'humanité, elle enannonce également l'inéluctable avenir.

En effet, « Cette lutte a actuellementatteint une étape où la classe opprimée et exploitée (le prolétariat) ne peutplus se libérer de la classe qui l'exploite et l'opprime sans libérer en mêmetemps et pour toujours la société entière de l'exploitation, de l'oppression etdes luttes de classes.

»Réfutant un certain nombre d'interprétation fautives du Marxisme, Lénineaffirme dans «L‘Etat & la Révolution » que l'œuvre de Marx ne saurait selimiter à cette seule découverte de la lutte des classes : l'idée de la « luttedes classes » n'est rien en effet si on ne la combine pas à celle de « dictaturedu prolétariat ».

Elle reste pourtant l'un des concepts clés de la théorieMarxiste et Lénine le reconnaissait bien qui, dans un texte de 1914 consacréà Marx déclarait : « Que, dans une société donnée, les aspirations des unsaillent à l'encontre de celles des autres, que la vie sociale soit pleine decontradictions, que l'histoire nous montre une lutte entre les peuples et les sociétés, aussi bien qu'en leur sein, qu'elle nous montre en outre une alternance de périodes de révolutions et depériodes de réaction, de guerres et de paix, de stagnation et de progrès rapide ou de déclin, ce sont là des faitsuniversellement connus.

Le Marxisme a fourni le fil conducteur qui permet de découvrir l'existence de lois dans celabyrinthe et ce chaos apparents : c'est la théorie de la lutte des classes.

»La théorie de la lutte des classes est donc, aux yeux d'Engels, l'idée maîtresse de Marx comme elle est, aux yeux deLénine, le fil conducteur qui permet de comprendre l'histoire humaine.

C'est sur elle en tout cas que s'ouvre le textedu « Manifeste ». Ce que pose en son début ce texte est bien une règle d'interprétation générale de l'histoire.Quelle que soit l'époque que l'on considère, la société est en effet le lieu du conflit –ouvert ou dissimulé- que selivrent oppresseurs et opprimés : « Hommes libres et esclaves, patricien et plébéien, baron et serf, maître d'un corpsde métier et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerreininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformationrévolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction de deux classes en lutte.

»Marx & Engels proposent donc bien une vision de l'histoire.

Celle-ci est totalement en accord avec leur philosophiematérialiste telle qu'ils ont pu déjà l'exposer en partie dans « L'idéologie allemande ».

Dans le devenir de l'humanité,ce sont, en dernière instance, les infrastructures qui déterminent les superstructures.

Ce qui signifie que ce sont lesrapports économiques qui définissent, dans tous les cas, la société et les classes qui, s'y affrontant, sont elles-mêmes définies par la place qu'elles occupent dans le système de production.

De ce fait, dire de l'histoire qu'elle estl'histoire de la lutte des classes revient donc à rappeler que l'histoire n'est pas un pur chaos d'événementsinintelligibles ou encore l'épopée de l'Esprit en marche vers sa réalisation : tout à l'inverse, elle est le produit del'affrontement de classes sociales qui sont elles-mêmes le produit du développement économique de l'humanité.Dans un passage du premier chapitre de son « Anti-Duhring », Engels lie de manière très claire les propositionsMarxistes sur la lutte des classes à l'interprétation matérialiste de l'histoire.

Evoquant la naissance des mouvementsouvriers en France et en Angleterre dans les années 1830, il écrit : « Les faits nouveaux obligèrent à soumettretoute l'histoire du passé à un nouvel examen et il apparût que toute l'histoire passée était l'histoire de lutte declasses, que ces classes sociales en lutte l'une contre l'autre sont toujours des produits des rapports de productionet d'échange, en un mot des rapports économiques de leur époque ; que, par conséquent, la structure économiquede la société constitue chaque fois la base réelle qui permet, en dernière analyse, d'expliquer toute lasuperstructure des institutions juridiques et politiques, aussi bien que des idées religieuses, philosophiques et autresde chaque période historique.

Ainsi l'idéalisme était chassé de son dernier refuge, la conception de l'histoire ; uneconception matérialiste de l'histoire était donnée et la voie était trouvée pour expliquer la conscience des hommesen partant de leur être, au lieu d'expliquer leur être en partant de leur conscience, comme on l'avait fait jusqu'alors.»Se définissant ainsi comme matérialiste, la conception de Marx et Engels permet donc de jeter un regard rétrospectifsur l'histoire de l'humanité dans son ensemble et d'en découvrir la logique véritable.

Il devient possible d'en dégagerles différentes étapes ainsi que Marx & Engels s'y étaient d'ailleurs essayés dés « L'idéologie ».Dans le « Manifeste », ceux-ci ne se penchent guère, cependant, sur le passé lointain.

Ils se contentent del'évoquer rapidement avant de se consacrer à la lutte des classes telle qu'elle se déroule dans la société bourgeoise: « Dans les premières étapes historiques, nous constatons presque partout une organisation complète de la sociétéen classes distinctes, une échelle graduée de conditions sociales.

Dans la Rome antique, nous trouvons despatriciens,, des chevaliers, des plébéiens, des esclaves ; au Moyen Age, des seigneurs, des vassaux, des maîtres decorporation, des compagnons, des serfs, et, de plus, dans chacune de ces classes, une hiérarchie particulière.La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n'a pas aboli les antagonismes declasses.

Elle n'a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d'oppression, de nouvelles formesde lutte à celle d'autrefois.. »

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