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Les hommes n'échangent-ils que ce dont ils ont besoin ?

Publié le 09/09/2010

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L'échange est une action d'offrir ou de recevoir une chose ou une valeur contre une autre considérée comme équivalente : l'échange des services, l'échange des produits. L'échange se différencie ainsi du don, il suppose en effet, une réciprocité réfléchie et concertée, le don offre sans rien n'attendre en retour. L'échange est pensé, depuis les philosophes grecs, comme une nécessité vitale.  Platon montre qu'aucun homme ne pouvant se suffire, seule la coopération permet d'assurer sa survie. Il est de l'intérêt de chacun de s'associer aux autres. Dans l'échange, nous donnes ce que nous avons en trop, ce qui ne nous sert plus contre un objet dont nous avons besoin. Dans la société moderne, par exemple, nous échangeons l'argent, le fruit de notre travail contre des produits de consommation qui assure notre survie. Pourtant n'entendre l'échange dans le sens du besoin, n'est-ce pas réduire un phénomène multiforme? L'échange n'est-il pas la base de relations avec autrui? N'échange-t-on pas des mots, des paroles, des caresses? Mais, de toute façon, l'échange n'est-il pas un besoin fondamentalement humain, puisque chaque individu a besoin d'autrui pour vivre et se construire ?

  • L'échange est échange de produits utiles
  • L'échange de mots, de relations ou de sentiments
  • L'homme a besoin d'autrui pour vivre et se former

 

 

« Aristote: « La monnaie, jouant le rôle de mesure, rend les choses commensurables entre elles et lesamène ainsi à égalité; car il ne saurait y avoir communauté sans échange, ni échange sans égalité.

» L'invention de la monnaie est moment essentiel dans l'histoire des échanges.

Platon dit que les hommes ont très vitesenti le besoin de se répartir les tâches et que de là est naît la mise en ordre de la société, et une juste division dutravail.

Cette division du travail au sein d'une société, voire entre des sociétés voisines, a amené les hommes àéchanger leurs produits de leur travail.

Echanger un produit (qu'on a en trop) contre un produit (qui manque) est leprincipe du troc.

Beaucoup de sociétés primitives ne connaissent que le troc.

Cependant, avec le développement ducommerce, les hommes ont créé un étalon de mesure commun permettant de faciliter et d'augmenter les échanges.La monnaie permet en effet de comparer la valeur de choses de nature très différentes.

La valeur d'échange d'unobjet n'est pas relative à l'évaluation des protagonistes de l'échange, elle est fixée d'avance par un prix en argent.La monnaie favorise ainsi la justice dans l'échange en introduisant une unité de mesure commune, et en permettantainsi une plus grande objectivité dans le calcul de la valeur d'échange des produits.Seulement, comme l'a vu Aristote, l'argent, de moyen d'échanger de façon apparemment équitable, est devenurapidement la fin, le but de l'échange.

L'art d'acquérir des richesses (la chrématistique, selon la terminologied'Aristote) vise originellement à satisfaire les besoins des uns et des autres, et constitue un prolongement de lanature; mais très vite, l'art d'acquérir des richesses s'est écarté de sa fin naturelle, il est devenu l'art d'acquérirl'argent.

L'argent censé mesurer la valeur respective des objets échangés, est devenu par lui-même une valeur, etmême une valeur fascinante (d'où l'utilisation, au début, de métaux précieux, comme l'or ou l'argent, pour frapper lamonnaie).

“L'argent ne fait pas de petits“, dit Aristote.

Cependant la chrématistique s'est éloignée de son utilitépremière pour devenir un moyen d'acquérir plus d'argent, en faisant de l'argent un produit d'échange lui-même, envendant de l'argent, par exemple en “prêtant“ de l'argent moyennant des intérêts (tel est le prêt usurier, condamnépar l'Eglise au Moyen Age).

L'échange de mots, de relations ou de sentiments Pourtant, il est réducteur de voir dans tout échange uniquement le besoin.

Nous échangeons en effet, tous les joursavec autrui : des politesses, des mots, des gestes de tendresse parfois.

Cela n'a pas racine simplement dans lebesoin.

L'échange est donc aussi un mode privilégié de communications.

C'est par lui que nous créons etentretenons toute relation à autrui.Pour le philosophe allemand Gadamer, le dialogue est "la véritable élévation de l'homme à l'humanité".

C'est uneforme très proche de l'amitié, qui en est le support.

"C'est seulement dans le dialogue que des amis peuvent setrouver l'un l'autre." De plus, le dialogue permet à chaque homme d'apprendre quelque chose et de véritablementrencontrer l'autre.

"Le dialogue a une force métamorphosante.

Là où un dialogue a réussi, quelque chose nous estresté, et ce qui nous est resté nous a changé."( L'inaptitude au dialogue ) De plus, Lévi-Strauss a bien mis en évidence que l'échange ne permet pas seulement de troquer des produits maisqu'il était création de lien, mise en place de la communauté.

Il raconte le rituel du repas dans le midi, où les genss'échangent exactement le même vin.

"D'un point de vue économique, personne n'a gagné et personne n'a perdu.Mais c'est qu'il y a bien plus dans l'échange, que les choses échangées"( dans les Structures élémentaires de la parent é) Pour cet auteur, l'échange est ce qui permet de résorber la distance sociale et l'indifférence qui existent entre des individus d'un même pays, d'une même communauté.

L'homme a besoin d'autrui pour vivre et se former L'échange donc peut caractériser la communication inter-subjective, elle est mise en relation de deux individus etcréation de liens voire de sentiments entre eux.

Comme nous l'avons vu, l'échange permet toute relation d'amitié,même peut-être d'amour.

C'est donc que l'échange ne se réalise pas forcément selon un besoin d'ordre économique,ne pouvons-nous pas dire que l'échange de mots, d'amitié ne répond pas à un besoin proprement humain, le besoind'autrui, de la société.En effet, comme l'indique Schopenhauer, la solitude n'est pas naturelle, ni instinctive.

"L'amour de la solitude nepeut pas exister comme penchant primitif[...] Le petit enfant pousse des cris de frayeur et se lamente dès qu'on lelaisse seul, ne fût-ce qu'un moment." ( Aphorismes sur la sagesse dans la vie ) L'homme est donc naturellement sociable mais bien plus, nous avons besoin d'autrui parce qu'il nous aide à nousconstituer, mais aussi parce qu'il donne épaisseur et sens au monde... »

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