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Les hommes font-ils l'histoire ?

Publié le 30/08/2009

Extrait du document

histoire

DIRECTION DE RECHERCHE

Il est difficile d’admettre que « l’histoire » dont il s’agit ici est ce qu’on peut appeler « l’historiographie », les « études historiques ».

On ne peut pas non plus réduire le sujet au rôle possible des « grands hommes » bien que cette interrogation fasse « partie » du sujet (c’est même dans la mesure où elle en est une partie qu’elle ne saurait constituer le tout).

Il y a lieu ici de relever l’ambiguïté de « font ».

On peut parfaitement soutenir que les hommes font l’histoire au sens où ils seraient agents de l’histoire sans pour autant admettre qu’ils en sont les auteurs, les créateurs.

(Bien que « comparaison ne soit pas raison », il est peut-être éclairant d’appréhender que les acteurs d’une pièce ne « font » pas la pièce au même sens que l’auteur).

Il y a sans doute lieu de distinguer le rôle différent (au moins en degré) que pourraient jouer les hommes (y compris «les grands hommes ») dans les différents « lieux », les différentes « instances » de l’histoire.

Par exemple l’importance du rôle d’un « grand homme politique » peut-elle être identique dans l’instance économique et dans l’instance politique ?

Il serait opportun également de s’interroger sur la notion de « grand homme ». Qui dit qu’il est « grand » ? Pourquoi ? Dans quelle(s) sphère(s) d’activité ?

Peut-on être « un grand homme » sans certaines conditions ?

Pour en revenir à la question tournant autour de l’élucidation de « font » peut-on dire que les hommes font l’histoire alors même qu’ils ne sauraient pas l’histoire qu’ils font ?

Par exemple, ne pourrait-on en effet soutenir que « les hommes » certes ont des projets, et des projets « historiques », mais que les résultats de ces projets se contrecarrent si bien que le résultat final n’a rien à voir avec les différents projets initiaux ?

INDICATIONS DE LECTURE
Le « matérialisme historique » étant, en quelque sorte, le centre de référence sur cette question (qu’on l’admette ou qu’on le refuse) nous croyons opportun de citer le long texte suivant :
« Nous faisons notre histoire nous-mêmes, mais, tout d’abord, avec des prémisses et dans des conditions très déterminées. Entre toutes ce sont les conditions économiques qui sont finalement déterminantes. Mais les conditions politiques, etc., voire même la tradition qui hante les cerveaux des hommes jouent également un rôle, bien que non décisif...
Mais deuxièmement, l’histoire se fait de telle façon que le résultat final se dégage toujours des conflits d’un grand nombre de volontés individuelles, dont chacune à son tour est faite telle qu’elle est par une foule de conditions particulières d’existence... C’est ainsi que l’histoire jusqu’à nos jours se déroule à la façon d’un processus de la nature et est soumise aussi, en substance, aux mêmes lois de mouvement qu’elle. Mais de ce que les diverses volontés — dont chacune veut ce à quoi la poussent sa constitution physique et les circonstances extérieures, économiques en dernière instance (ou ses propres circonstances personnelles ou les circonstances sociales générales) — n’arrivent pas à ce qu’elles veulent, mais se fondent en une moyenne générale, en une résultante commune, on n’a pas le droit de conclure qu’elles sont égales à zéro. Au contraire, chacune contribue à la résultante, et à ce titre, est incluse en elle.»
Extrait de : Engels, Etudes philosophiques, (Editions sociales, p. 155). (Les mots mis en relief (gras) le sont par nous).
La Critique de la raison dialectique de Sartre.
Leçons sur la philosophie de l’Histoire de Hegel (Vrin).

Quelques positions :

• Dans l'Antiquité, l'histoire était généralement considérée comme un destin, compris soit comme une force aveugle, irrationnelle et funeste (c'est la Moïra des Grecs), soit comme un enchaînement nécessaire de causes, une loi résultant de l'ordonnancement même du monde (c'est l'eïmarmenê des stoïciens). • La conception chrétienne (cf. saint Augustin, Bossuet) substitua à la notion de destin celle de providence : c'est en effet la providence divine qui donne un sens et une cohérence aux péripéties imprévisibles et en apparence chaotiques qui composent l'histoire. Les effets des actions des hommes ne répondent pas à leurs desseins mais à celui de Dieu seul. Ainsi ce n'est pas l'homme qui fait l'histoire, mais l'histoire qui est faite par lui. • Pour  Hegel, l'histoire est une manifestation de l'Esprit, le processus de sa réalisation. C'est l'Idée qui mène l'homme et le monde. Les hommes ne sont que « les instruments et les moyens de l'Esprit du Monde ». Ils ne font l'histoire qu'en tant qu'ils sont « les outils et les moyens de quelque chose de plus élevé, de plus vaste, qu'ils ignorent, qu'ils réalisent de façon inconsciente ». L'homme ne peut donc véritablement faire l'histoire, il ne peut que la penser. • Pour Marx, en revanche, c'est l'homme qui fait l'histoire en même temps que l'histoire le fait.

 

 

 

 

histoire

« son histoire, si tous les hommes font leur histoire, ou simplement si rien d'autre que l'humain ne participe à l'histoirede l'humanité ? Proposition de plan : Les hommes sont maîtres de leur histoire 1. l L'histoire d'un peuple, c'est son passé, mais aussi ce qui, dans ce qui est fait au présent, détermineson avenir. l Qui d'autre que l'homme lui-même, c'est-à-dire les hommes qui composent une société, peut faireson histoire ? l On peut prendre l'exemple de la Révolution française : tout le peuple se soulève pour changer sonhistoire.

On peut se demander comment le peuple a pu agir collectivement pour prendre la bastille,pourquoi l'armée a retourné ses canons contre la bastille, etc. l Mais, dans le cas d'une guerre, deux cas de figure se présentent : 1.

le pays est attaqué, et alors, il n'a pas vraiment d'autre solution que de faire une guerrequi peut changer le cours de son histoire (mais ses ressources, sa volonté de combattre oude collaborer, etc., sont ses caractéristiques propres, qu'il a élaborées dans son histoire,et qui déterminent, au moins en partie, l'issue de la guerre) ; 2.

ce n'est pas le peuple tout entier, mais quelques-uns qui décident de faire la guerre (dans le cas, cette fois, d'une guerre offensive).

Rousseau souligne, dans le Contrat social , II, 2, que la délcaration de guerre n'est pas un acte de souveraineté, c'est-à-dire un acteémanant de la volonté générale, de la société prise comme un tout, mais un acteparticulier qui, de ce fait, peut être décidé par le gouvernement, et, éventuellement, parune seule personne.

N'est-ce pas alors cette personne qui fait l'histoire de son peuple,c'est-à-dire sa propre histoire (l'histoire de cet homme), mais aussi l'histoire des autres, deceux qui n'ont pas pris la décision qui engageait leur histoire ? Seuls quelques hommes font l'histoire 2. l On peut alors se demander si ce ne sont pas seulement quelques hommes, des « grands hommes »,qui font l'histoire, tandis que les autres la subissent. l On peut penser à l'exemple paradigmatique du grand homme : Napoléon. l Nietzsche, dans la Seconde considération inactuelle , §9, parle d'une « république des génies », d'un « pont » de géants qui s'appellent à travers les siècles.

Seuls ces grands hommes peuventvraiment faire l'histoire, au sens où ils sont les seuls à pouvoir prendre des décisions importantesquand les circonstances sont réunies. l Mais, précisément, et Nietzsche le souligne, ils ne peuvent pas faire l'histoire à eux seuls, il faut queles circonstances soient réunies pour qu'ils puissent agir en grands hommes.

Or la réunion de cesconditions, c'est la partie d'histoire qui échappe au grand homme, c'est celle qui est faite par lamasse des « pygmées » : « C'est à l'histoire qu'appartient la tâche de s'entremettre entre eux [lesgrands hommes], de pousser toujours ànouveaux à la création des grands hommes, de donner desforces pour cette création ». l L'histoire serait-elle alors la combinaison de l'action des grands hommes et de l'action du peuple,aucun des deux ne maîtrisant totalement, ne faisant totalement l'histoire ? L'homme d'action n'a qu'un espace limité d'action 3. l Braudel, dans la préface de La méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, distingue trois types d'histoire : 1.

« La première met en cause une histoire quasi immobile, celle de l'homme dans ses rapports avec le milieu qui l'entoure ; une historie lente à couler (...), presque hors dutemps, au contact des choses inanimées » 2.

« Au-dessus de cette histoire immobile se distingue une histoire lentement rythmée : ondirait volontiers (...) celle des groupes et des groupements.

(...) les économies, les États,les sociétés, les civilisations ». »

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