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Les hommes sont-ils méchants par nature ?

Publié le 16/03/2009

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L'homme a toujours fait la guerre pour obtenir ce qu'il veut, que ce soit pour des raisons politiques ou religieuses. Aujourd'hui encore, la guerre est d'actualité et même les hommes préhistoriques s'entretuaient. Il ne se passe pas un jour, sans qu'un meurtre ou un viol ne se produise dans un pays. C'est comme si la violence faisait partie de nous depuis le début. Alors les hommes sont-ils méchants par nature? C'est à dire la méchanceté est-elle une caractéristique commune à chacun de nous et fait de nous un Homme? Existe t-il une nature humaine?

  • I) L'homme est un loup pour l'homme.

a) L'état de nature ou le règne de la force. b) L'autre est un concurrent voire un adversaire à abattre. c) L'homme est méchant par orgueil.

  • II) L'homme n'est pas méchant par nature, il le devient.

a) La corruption de la société. b) L'homme naturel est innocent car ignorant du bien et du mal. c) C'est la peur qui rend méchant.

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« L'inimitié n'est pas une tendance naturelleSi le désir de puissance et de domination devient prédominant dans l'état de nature, et si la violence quis'ensuit transforme les hommes en ennemis les uns des autres, ce n'est en aucune manière du fait de lanature de l'homme.

Ce qui le rend méchant, c'est l'inquiétude et l'insécurité de l'état de nature.De l'égalité naturelle d'aptitude de l'état de nature découle une égalité dans l'espoir d'atteindre nos fins.

Cetteremarque est d'une importance capitale: le désir de conservation fait apparaître l'idée d'une finalité dans lanature, mais cette finalité ne reflète aucun ordre.

L'homme doit sortir de ce désordre pour se préserver de ladestruction.

La concurrence, qui procède de l'égalité et de cette convergence des fins ou des désirs, est ainsila première cause de discorde.

La conjonction de l'égalité et de ce que l'on pourrait appeler la rareté des biensva faire d'autrui un ennemi; mais il s'agit d'une rareté engendrée par la convergence des désirs vers un mêmeobjet, et non de la rareté des objets dans la nature.

C'est le désir qui d'une certaine manière crée la rareté,et ce n'est pas simplement un désir de conservation, mais bien un désir de puissance et de domination quiexplique la guerre permanente de chacun contre chacun; non pas une guerre économique pour la survie, maisune lutte pour la domination et la reconnaissance amenant ainsi chaque individu à redouter la puissance d'unautre.L'anticipation devient le seul moyen raisonnable pour se préserver, mais elle est également la cause de lagénéralisation de la méfiance, et de la nécessité d'accroître sans cesse la puissance.

En organisant sareprésentation du temps, l'homme peut augmenter sa puissance et assurer sa conservation, et cetteanticipation prend la forme non pas d'un désir de destruction mais de domination.

Cette anticipation, issue dudésir de conservation, est pourtant ce qui va pousser l'individu à aller plus loin que sa sécurité ne le requiert,amenant les autres à se montrer agressifs.

La méfiance généralisée ne relève plus de la simple Prudence, -mais plutôt de l'imagination: ce plaisir de la puissance, qui a fait oublier le besoin originaire, est un plaisirimaginaire, puisqu'il correspond à l'attente d'un signe d'estime de la part de l'autre, le désir d'y voir une imagede notre puissance, provoquant ainsi des querelles de prestige, indifférente à l'objet du désir.

La contradictionentre le désir de dissemblance et l'égalité réelle provoque la guerre au moindre signe de mépris.

L'égalité de lapuissance infinie du désir devient une égalité devant la crainte.Voici donc exposées les trois causes de la guerre (la compétition, la défiance, la gloire).

Ces trois causes setrouvent dans la nature humaine, elles correspondent au jeu naturel des passions, chacune ayant une finpropre - respectivement, le profit, la sécurité, la réputation - et un objet - l'acquisition des personnes et desbiens, la défense de ces biens, ou enfin «des vétilles ». L'homme, par nature, désire persévérer dans son êtreCependant, chaque homme est inquiet d'avoir à trouver constamment de nouveaux objets susceptibles de luipermettre de persévérer dans son être.

Chaque homme est également inquiet des intentions de chaque autre.Les relations inter-humaines sont alors minées de l'intérieur par la défiance et dégénèrent en violence.

Lanature humaine dont il est ici question est celle d'avant la loi, et les notions de péché, de bien et de mal sontdénuées de sens (le latin dit: «les passions des hommes ne sont pas des péchés»).

C'est d'un point de vuelogique, ou descriptif, et non moral que les passions et leurs conséquences sont examinées.

Point deméchante nature, donc, contre laquelle l'homme devrait lutter, mais une contradiction de l'individualismespontané qui, pour se résoudre, a besoin du recours à la loi et à une personne désignée par tous pour fairecette loi. C'est la peur qui rend l'homme méchantLe passage de l'état de nature à la société se présente comme le remplacement d'une crainte par une autre.Dans l'état de nature, l'homme craint son semblable qui peut à chaque instant le tuer ou le déposséder.

Dansla vie en société, l'individu craint un pouvoir fort qui garantit sa sécurité mais qui lui demande une obéissancequasi absolue.Pour que ce passage de l'état de nature à la société puisse avoir lieu, il est donc nécessaire que soit mis fin à« la guerre de chacun contre chacun » par un contrat « de chacun avec chacun ».Lorsqu'il n'y a pas de pouvoir politique, l'inquiétude se transforme en crainte.

Mais lorsque l'État est institué,«on voit, sous l'empire de la raison, régner la paix, la sécurité, l'abondance, la beauté, la sociabilité, lapolitesse, le savoir et la bienveillance». « Le peuple romain, peu équitable envers les rois à cause de la mémoire des Tarquins et des institutions de lacité, disait, par la bouche de Caton le Censeur, que tous les rois appartenaient à l'espèce des animauxrapaces.

Mais le peuple romain lui-même, qui a pillé presque toute la terre par les Africains, les Asiatiques, lesMacédoniques, les Achaiques et tous les autres citoyens dont le surnom venait des nations spoliées, quelleformidable bête était-il donc ? C'est pourquoi Pontius Telesinus n'a pas parlé moins sagement que Caton.

Aumoment du combat contre Sylla près de la Porte Colline, parcourant les rangs de son armée, il cria qu'il fallaitraser et détruire Rome elle-même et ajouta qu'il y aurait toujours des loups pour ravir la liberté de l'Italie si laforêt dans laquelle ils avaient coutume de se réfugier n'était pas abattue.

Et il est également vrai de dire quel'homme est un Dieu pour l'homme et que l'homme est un loup pour l'homme.

La première formule vaut si nouscomparons les citoyens d'une même cité, la seconde si nous comparons les cités.

Là, en pratiquant la justiceet la charité, les vertus de la paix, on accède à la ressemblance de Dieu ; ici, à cause de la dépravation desméchants, même les gens de bien doivent recourir, s'ils veulent se protéger, aux vertus de la guerre, la forceet la ruse, c'est-à-dire la rapacité des bêtes sauvages.

Cette rapacité, les hommes se l'imputentmutuellement à outrage, à cause d'une coutume née avec eux qui leur fait se représenter leurs actions dansla personne des autres comme dans un miroir où ce qui est à gauche est estimé à droite et ce qui est à droiteest estimé à gauche, mais pourtant le droit naturel qui dérive de la nécessité de se préserver ne permet pas. »

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